Une charte pour rassembler tous les arts

La communauté culturelle de Colombie-Britannique œuvre pour attirer le public dans les galeries et salles de spectacles. Photo de Grunt Gallery

La communauté culturelle de Colombie-Britannique œuvre pour attirer le public dans les galeries et salles de spectacles. Photo de Grunt Gallery

La Colombie-Britannique va-t-elle prochainement être dotée d’une politique culturelle commune ? C’est ce qu’espèrent les membres de l’Alliance pour les arts et la culture de la province. Depuis plusieurs années, ils œuvrent à l’élaboration d’un projet qu’ils aimeraient, une fois terminé, soumettre au gouvernement.

Si l’idée d’une charte culturelle a émergé en 2009, les premières discussions ont véritablement commencé l’année dernière. L’Alliance y a consacré son sommet des arts annuel ce 20 juin au Roundhouse Community Arts and Recreation Centre de Yaletown. Autour de tables rondes, chaque participant a pu s’exprimer pour aborder de nombreux points, à commencer par l’intérêt de se rassembler toutes disciplines artistiques confondues, d’où l’idée de convergence. Les intervenants ont également mis en exergue les difficultés auxquelles ils étaient confrontés, telles que les disparités géographiques et leurs conséquences – foisonnante à Vancouver, l’offre culturelle l’est beaucoup moins dans les régions isolées de la province – ou encore la perception de l’art par le public, qu’il juge parfois « élitiste » et
« inaccessible ».

De nouvelles problématiques

Depuis des mois, les membres de l’Alliance pour les arts et la culture de Colombie-Britannique esquissent ce qui pourrait devenir la prochaine politique culturelle convergente de la province. Photo par Kris Krüg

Depuis des mois, les membres de l’Alliance pour les arts et la culture de Colombie-Britannique esquissent ce qui pourrait devenir la prochaine politique culturelle convergente de la province. Photo par Kris Krüg

Photo par Kris Krüg

Photo par Kris Krüg

Sherin Evans confectionne des costumes. Après treize années d’exercice à Calgary, elle est venue s’installer à Vancouver récemment. « Il existe une rupture entre l’art et le public en Colombie-Britannique », note-t-elle. « Les gens ne comprennent pas tout ce qu’ils voient. L’art est pourtant essentiel dans nos vies. » Les artistes et les responsables d’organismes ou d’institutions font face à de nouvelles problématiques pour remplir les salles de spectacles ou les couloirs des galeries. La consommation culturelle a évolué.

« De nos jours, nombreux sont celles et ceux qui préfèrent rester chez eux à regarder la télé ou une vidéo sur leur ordinateur, plutôt que d’aller au théâtre ou au cinéma », faisait remarquer, le 20 juin, un participant du sommet de l’Alliance, tandis qu’un autre reprochait au gouvernement « sa frilosité » quant il est question de culture. « Ils ont peur d’offenser leur électorat. »

Dans la même optique, Sal Ferreras, percussionniste professionnel, professeur de musique et producteur, déplore le « sérieux problème d’infrastructures » : « On manque cruellement d’endroits où les acteurs puissent répéter, les peintres créer sur de grandes surfaces, les écrivains se retrouver. Le gouvernement doit y remédier. »

Le ministère de la Communauté, du Sport et du Développement culturel, emmené par Coralee Oakes, n’est pas impliqué dans le travail entrepris par l’Alliance, mais en est informé. Il prévoit par ailleurs d’investir 60 millions de dollars pour les arts et la culture sur la période 2014 à 2015. La somme allouée pour le sport est de dix millions inférieur. « Je suis fière qu’en dépit de pressions économiques continues, le budget du ministère se maintienne à un niveau historiquement haut », commente Coralee Oakes sur le site du gouvernement.

Ambitieux et complexe

Elle et son équipe ont décidé de subventionner le Conseil des arts de Colombie-Britannique à hauteur de 24 millions cette année, un montant jamais atteint depuis sa création en 1995. Se définissant comme indépendante, cette agence a pour but de soutenir la création artistique sous toutes ses formes.

Le projet de politique culturelle convergente s’inspire de celle mise en place en 2002 au Nouveau-Brunswick et qui a été revue le mois dernier à la suite d’un vaste programme de consultations. Ambitieux, il n’en demeure pas moins complexe. Le consensus se révèle déterminant et comme bien souvent ardu. Parce que les intérêts des uns ne sont pas forcément ceux des autres, des divergences existent au sein de la communauté culturelle.

Loin de ces guerres intestines, des artistes préfèrent afficher leur enthousiasme. « En matière de danse, j’aimerais que la Colombie-Britannique devienne un lieu de référence. Il y a tellement de personnes talentueuses ici », indique Kim Sato, danseuse professionnelle et directrice de projets au sein de la compagnie Soul and SOULdiers.

Nul ne peut encore prédire si ces louables intentions entraîneront une révolution culturelle. En attendant de crier « Victoire ! », toutes celles et ceux impliqués restent en ordre de bataille.