Vancouver Folk Music Festival: Musique sans frontières

Noura avec son altin, Jeiche et sa tidinite, Matthew et Ousmane. | Photo de Noura Mint Seymali

Noura avec son altin, Jeiche et sa tidinite, Matthew et Ousmane. | Photo de Noura Mint Seymali

Noura Mint Seymali s’est donnée pour mission de faire connaître la musique mauritanienne à travers le monde. Sur scène, instruments et chants traditionnels sont magnifiés par la présence de la basse et de la batterie. Plus qu’une simple carte postale musicale, c’est une véritable exploration sonore à laquelle participera le public du prochain Vancouver Folk Music Festival.

Pour la troisième fois en l’espace de dix mois, Noura Mint Seymali va quitter Nouakchott, en Mauritanie, pour traverser l’Atlantique et faire voyager le public nord-américain au son de la musique maure. Une tournée qui l’amènera entre autres à New York, à Chicago, à Seattle, mais aussi à Winnipeg et… à Vancouver. « Ce sera la première fois pour nous en Colombie Britannique mais il y a plus d’impatience que d’appréhension, nous commençons à être habitués maintenant ! Nous sommes toujours bien reçus, le public nord-américain est vraiment chaleureux», confie l’artiste.

Cette tournée coïncide avec la sortie de l’album Tzenni, qui incarne un mariage réussi entre musique traditionnelle maure et sonorités plus modernes. « Si l’on veut préserver des traditions, c’est important de les faire connaître à l’étranger. Avec Tzenni, le public international peut mieux comprendre notre musique, notre culture », explique Noura Mint Seymali.

Noura avec son altin, Jeiche et sa tidinite, Matthew et Ousmane. | Photo de Noura Mint Seymali

Noura avec son altin, Jeiche et sa tidinite, Matthew et Ousmane. | Photo de Noura Mint Seymali

Un air de famille

Sur scène, Noura est accompagnée de son mari à la guitare, Jeiche Ould Chighaly. Tous deux sont issus d’une prestigieuse famille de griots. « Les griots sont les gardiens de l’histoire et des traditions maures. Notre devoir en tant que griot est de transmettre notre culture pour qu’elle puisse continuer à exister », explique Jeiche. Au sein des familles de griots, la musique s’enseigne de génération en génération. « Toute notre famille fait de la musique. Mon père, Seymali Ould Ahmed Vall, est un compositeur emblématique de la Mauritanie. Ma grand-mère, elle, m’a appris à jouer de l’ardin », raconte Noura.
L’ardin est une harpe traditionnelle à neuf cordes, dont l’usage est uniquement réservé aux femmes. Le doux son qui s’en échappe contraste avec la puissance de la voix de Noura qui chante en Hassanya, le dialecte arabe parlé en Mauritanie.

« Quand j’étais enfant, j’ai d’abord appris à jouer de la tidinite, un instrument à cordes traditionnel chez nous. Plus tard, je me suis mise à jouer de la guitare électrique », se souvient Jeiche. Sa guitare, aux sonorités psychédéliques, est unique. Elle a été modifiée pour reproduire un son amplifié proche de celui du xalam, l’autre nom donné à la tidinite.

Innover sans dénaturer

En Mauritanie, les griots jouent généralement lors de mariages et de cérémonies traditionnelles. Pour faire voyager les mélodies maures hors de leurs frontières, Noura et Jeiche ont fait le pari de leur donner une touche de modernité. C’est dans cette optique que la basse d’Ousmane Traoré et la batterie de Matthew Tinari sont apparues, pour porter encore plus loin la voix de Noura et la guitare de Jeiche. Matthew est américain, il représente une valeur ajoutée artistique pour le groupe, dont il est aussi le gérant. Sa connaissance du public international et de ses attentes s’est avérée très précieuse. « C’est grâce à lui si maintenant nous pouvons venir jouer aux États-Unis et bientôt à Vancouver », explique Jeiche. C’est aussi Matthew qui a organisé l’enregistrement de l’albumTzenni dans un studio new-yorkais. À ce sujet, celui-ci raconte d’ailleurs : « Le groupe est bien plus à l’aise sur scène qu’en studio, mais quand Noura est derrière le micro c’est assez impressionnant. Avec elle pas besoin de répéter des heures, au moment de l’enregistrement, le premier essai est toujours le bon ! ».

On pourrait penser que toutes ces influences extérieures pourraient nuire à l’aspect traditionnel de la musique maure. Pour Noura et ses musiciens, c’est tout le contraire : « Les traditions doivent évoluer pour continuer à exister. Il faut qu’elles se nourrissent des autres cultures. Innover ne veut pas dire dénaturer. »

L’album Tzenni reflète bien cet état d’esprit. Noura Mint Seymali n’y propose pas qu’un vo-
yage en Mauritanie, elle y propose un voyage dans le temps. Dans sa musique, elle parle d’amour, elle raconte l’Histoire de son pays. Des rythmes traditionnels y rencontrent des rythmes plus modernes. Des mélodies qui ont le pouvoir, l’espace d’un concert, d’arrêter le temps.

Noura Mint Seymali, en concert le 19 juillet dans le cadre du Vancouver Folk Music Festival
www.thefestival.bc.ca

www.nouramintseymali.com