Ç’a été, cet été?

Ça va ? Êtes-vous bien remis de vos émotions ? Par là, j’entends: est-ce que l’absence prolongée de votre bimensuel favori, qui vous a privé d’informations pertinentes durant une grande partie de la période estivale, ne vous a pas trop traumatisé ? Est-ce que vous avez souffert, en silence, de cette absence ? J’espère que non. La Source, journal de la diversité, en dehors de l’été, ne peut être la source de vos soucis. Est-ce que vous vous êtes même aperçu que nous n’étions pas là ? J’espère que oui. Sinon à quoi servons-nous ?

Sans attendre les réponses sarcastiques qui, sous peu, risquent de pleuvoir de toute part, je poursuis mon exercice pamphlétaire dans l’espoir de ne pas être interrompu par un quelconque malotru qui oserait mettre en évidence mon inutilité.

De mon côté, cet été, je dois vous dire que ce hiatus dans mon emploi du temps, n’a pas été pour me déplaire. Il m’a été, c’est le moins que l’on puisse dire, salutaire. J’ai profité au maximum de mes heures de loisir pour me requinquer : promenades, voyages à l’étranger, baignades, B.B.Q., festivals, feux d’artifice et que sais-je encore ? Un été rempli d’activités puériles dont je n’ai pas peur de vanter les mérites. Le tout agrémenté de plusieurs visites de la parenté. J’ai aussi profité de ce bel été pour me rendre à Monaco. Ce n’eût été de l’été je n’y aurais jamais été. Mais puisque l’été, cet été, a été un très bon été j’ai cru bon de visiter la principauté, histoire de papoter loin de la papauté. Côté loisir, il va sans dire, j’ai été gâté.

Le bras de fer ukrainien continue encore. | Photo par Sasha Maksymenko

Le bras de fer ukrainien continue encore. | Photo par Sasha Maksymenko

Et vous, cet été, où avez-vous été ? Je le sens, pour me répondre, vous hésitez. Vous me trouvez, de toute évidence, un peu trop fûté. Vous n’appréciez pas du tout ma curiosité mal placée. De quoi se mêle-t-il ce scribouilleur éhonté, pensez-vous sans hésiter ? Alors, je vous entends : fini de plaisanter avec mes terminaisons hantées. Passons rapidement à autre chose.

Contrairement aux apparences, en fonction de ce que je viens de vous raconter, mon été a été mouvementé (désolé, je ne le fais pas exprès). Le Castor castré n’a pas pris, mentalement, de vacances. L’actualité l’a beaucoup trop préoccupé. Il ne s’est pas passé un seul jour sans qu’une catastrophe, qu’un conflit ou autre monstruosité soient commis quelque part. Un vrai cauchemar. Ce n’est pas durant cette période de l’été 2014 que va jaillir le nom d’un lauréat pour le prix Nobel de la paix. Petit rappel de notre été fort ensanglanté.

En Ukraine, pour commencer, les rebelles pro-russes et l’armée ukrainienne s’affrontent violemment sous l’impulsion d’un Poutine qui n’a pas fini de régler ses comptes avec le monde occidental, la Guerre froide se réchauffant chaque jour un peu plus. Obama ne sait plus où donner de la tête. Ses bonnes intentions lors de sa première investiture ont pris du plomb dans l’aile. Une dose de réalité l’a depuis convaincu que le monde est loin d’être parfait.

Puis il y a le Moyen-Orient où la vilenie de toute part fuse. Les atrocités se multiplient en toute impunité. La vie d’un individu ne compte pas pour beaucoup dans ce coin-là. La plus grande confusion y règne. Les amis d’autrefois sont les ennemis d’aujourd’hui et vice versa. Il faudrait élaborer un manuel d’école primaire pour déchiffrer ce qui s’y passe et saisir les enjeux. C’est à n’y rien comprendre. La géopolitique de la région varie de jour en jour et les conflits prennent continuellement de l’ampleur. Les cessez-le-feu ne cessent rien. La guerre par attrition est au goût du jour. De partout ça bombarde, ça canarde, ça décapite, ça exécute. Tout le monde y prend pour son grade. Et pendant qu’on essaie de donner un sens à ces massacres, les morts et les victimes innocentes deviennent des chiffres, des nombres, faisant partie d’une addition que l’on vous présente quotidiennement comme on compte les points lors d’une compétition sportive. À ce jeu- là, personne ne gagne.

Pour couronner le tout, le virus Ébola fait des ravages comme si les guerres à elles seules n’étaient pas suffisantes. Où est le bon Dieu quand on a besoin de lui, prêche-t-on dans ma paroisse d’agnostique ?

Et pendant ce temps-là, chez nous en Colombie-Britannique, rien ne va plus. C’est l’horreur. Nous avons de sérieux, de véritables problèmes. Le monde entier devrait s’apitoyer sur notre misère. Pensez à nos déconvenues. La Cie du Canadian Pacific (CP) tenant à protéger ses biens, déraille. Elle égorge nos salades et nos campagnes le long de sa voie ferrée. Aux armes, citoyens. Libérez les bélugas de l’aquarium et enfermez les automobilistes récalcitrants.

Dans un autre ordre d’idée, dont il ne faut pas négliger la portée, notre première ministre Christy Clark a cru bon, au cours de l’été, de soutenir l’action du gouvernement israélien. C’est son droit. J’aimerais quand même lui demander qu’elle m’indique, sur une mappemonde, où se trouve la bande de Gaza qu’elle doit confondre avec la bande à Bonnot.

Ironie du sort : à la radio, en ce moment, on passe la chanson de Raymond Levesque « Quand les hommes vivront d’amour ». Je ne sais plus si je dois rire ou pleurer.