Pour l’amour du livre (pour enfants)

Simon Spacewalker et sa famille dans la libraire World Kids Books. | Photos de Société Francophone de Victoria

Simon Spacewalker et sa famille dans la libraire World Kids Books. | Photos de Société Francophone de Victoria

La rubrique Espace francophone s‘intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine nous nous intéressons à Simon Spacewalker, propriétaire de la librairie indépendante World Kids Books qui a fait le pari de croire en l’avenir du livre et en particulier du livre pour enfants. Francophile, Simon a bien sûr fait la part belle aux ouvrages en français.

Depuis trois ans sa petite librairie World Kids Books située dans le centre commercial du Village international de Vancouver, à l’entrée de Chinatown, est un petit bouillon de culture à elle toute seule. Dans les ra-
yons, les couvertures des ouvrages pour enfants s’affichent dans toutes les langues comme une invitation au voyage. Le magasin reflète la personnalité de son propriétaire, ouverte sur le monde.

« Je préfère ne pas vendre de versions traduites et proposer au contraire des livres dans leur version originale », explique Simon Spacewalker, le maître des lieux. Un choix délibéré qu’il explique.

« Les livres sont une manière de transmettre une culture et de faire vivre une langue. »

Il en sait quelque chose, lui qui est arrivé de Russie il y a 20 ans. Rien ne le disposait alors à devenir libraire. C’est en étudiant les affaires à l’Université de la Colombie-Britannique que l’idée d’ouvrir une librairie spécialisée dans les livres pour enfants a germé.

« Cette librairie, c’est un projet à long terme; à travers elle, je veux aussi redonner à la communauté car quand vous réussissez quelques chose, tout le monde en profite », estime Simon.

Sa librairie se veut également un geste de résistance face à un constat qu’il fait au fil des ans.

« Aujourd’hui les parents ne prennent plus le temps de lire à leurs enfants, regrette celui qui est lui-même père d’une fillette. Maintenant les enfants peuvent télécharger des livres sur des tablettes mais ils perdent le contact avec le livre en tant qu’objet, avec leurs parents et avec leur culture ».

Parmi les livres qui peuplent les étagères de la librairie, un quart sont en langue française. Même s’il ne parle pas le français, Simon a comme tous les russes de sa génération été bercé enfant par les récits de Jules Verne, auteur vénéré en Russie. Ses romans en version française trônent d’ailleurs en bonne place dans la librairie.

« Les livres sont des clés qui permettent de rejoindre une communauté et j’ai beaucoup de clients francophones qui viennent ici », explique-t-il. En ce moment, les ouvrages de la série le Petit Nicolas créée par René Goscinny et Jean-Jacques Sempé figurent en tête des ventes et Simon espère bien fidéliser encore davantage sa clientèle francophone en élargissant son offre.

À l’heure où la plupart des librairies indépendantes ont été contraintes de mettre la clés sous la porte, poussée par les grandes enseignes, la petite entreprise de Simon fait figure de petit miracle économique. Lui, il est surtout fier de redonner au livre pour enfants ses lettres de noblesse.