Chants de voyage en bagage : les bonnes notes de l’histoire

Photo par Joanne Plourde

Photo par Joanne Plourde

Du 26 au 28 septembre, la culture est en fête partout au pays. Initiée en 2010 par un mouvement bénévole pancanadien voué au rapprochement des cultures et des communautés, la Fête de la culture n’en est plus à son coup d’essai. Ici en Colombie-Britannique, La Source a repéré pour vous deux activités gratuites à ne pas manquer… en français s’il vous plaît!

La société francophone de Maillardville, dont la communauté vient de fêter ses 105 ans, innove cette année en organisant un atelier chants et contes le dimanche 28 septembre de 13h à 15h. On nous invite à y redécouvrir l’histoire de l’ouest canadien « à la manière des explorateurs et des rameurs en chantant des chansons romantiques de la France et du Canada incluant le chant amérindien ». Outre le simple fait de chanter, sain pour l’esprit et le corps, chaque chanson dégage de la force et consolide la mémoire.

Joanne Plourde, qui dirige la troupe Voyageurs et Cie composée de cinq chanteurs de la région de Vancouver et alentour, est à la barre de l’atelier. Pour elle, ce coin de Coquitlam, berceau de Maillardville, est l’endroit tout indiqué : « C’est comme un lieu sacré. Il y a encore une fraîcheur de village qui existe là-bas. Il est important de s’investir, si l’on veut conserver la culture et ramener l’histoire à sa juste valeur. »

Joanne Plourde et la troupe Voyageurs et Cie | Photo par Joanne Plourde

Joanne Plourde et la troupe Voyageurs et Cie | Photo par Joanne Plourde

Passionnée d’histoire et d’anthropologie, elle a fait des études en archéologie avant de bifurquer vers l’impression textile, à Montréal. Alors qu’elle faisait des recherches sur l’histoire des Canadiens français, elle découvre un vrai trésor : le bagage chanté des anciens voyageurs canadiens.

Cueillir des chants dans les champs

Bon nombre de voyageurs étaient originaires de la vallée de la Loire. Ils vivaient du commerce lucratif des fourrures, qu’ils écoulaient sur le marché québécois, plaque tournante en la matière. Issus d’une culture orale, les voyageurs, qui étaient aussi coureurs des bois, se réunissaient pour chanter des chansons dérivées des chansons françaises, alors qu’ils naviguaient le long de la rivière rouge et jusqu’au nord, réputé pour ses fourrures de meilleure qualité.

En ramant sur ces canots longs de 35 pieds, ils puisaient leur force dans les chants de leur passé. Chacune des nombreuses activités du voyage avait un chant spécifique qui évoquait le quotidien, mais aussi les plaisirs et les chagrins d’amour. Des chansons amérindiennes figuraient également au répertoire. N’étaient-ce pas les Amérindiens qui accompagnaient les voyageurs et leur facilitaient les échanges lors des transactions de fourrures ?

Avec de la tendresse plein la voix, Joanne confie : « L’une des chansons phares, La belle s’est endormie sur un lit de roses, relate l’histoire d’une belle jeune fille, courtisée par des capitaines, qui tombe morte au milieu du repas. Elle aurait tout simplement simulé un jeu avec un goût tragique. » Les danses traditionnelles étaient également prisées lors des soirées au son du violon, instrument par excellence pour mener le bal.

Joanne Plourde précise : « Cet atelier est comme l’aventure d’un voyageur qui part à la découverte des trésors oubliés. Donner libre cours à son imagination et revivre ces moments réels de l’histoire est tout simplement merveilleux. » Les voyageurs avaient de la joie de vivre. Alors que les gens de la ville ne chantaient plus, dans les campagnes, les chants étaient préservés. Quelque 10 000 de ces chants ont été recueillis sur des cylindres phonographiques (surnommés cylindres de cire) par Marius Barbeau, considéré comme le père du folklore canadien, au début du XIXe siècle.

De son côté, Joanne Plourde confie : « J’ai [cousu] de fil en aiguille ces chants que les grands poètes ont relatés durant leurs voyages. Je me souviens du témoignage de quelqu’un qui disait avoir entendu chanter 300 voyageurs à l’unisson sur l’eau d’un lac ! Un spectacle dépassant l’imagination la plus fertile. » Conquise par cet héritage chanté, Joanne, rodée au textile, enrichit chaque spectacle de costumes… pour voyager dans le temps.

Derrière le rideau

France Perras dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou. | Photo par Emily Cooper

France Perras dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou. | Photo par Emily Cooper

Le Théâtre de la Seizième revient lui après plusieurs années d’absence de la Fête de la culture. Pour marquer sa 40e saison, il ouvre ses coulisses au public le samedi 27 septembre de 10h à midi, au Studio 16 de la Maison de la francophonie, en présentant un grand classique du théâtre québécois, À toi pour toujours, drame écrit par Michel Tremblay en 1971.

Claire Dutrech, agent de la programmation, lance : « La répétition publique est une petite lucarne que nous ouvrons pour exposer le processus de création qui normalement se fait en secret. On trouve important de démystifier la pratique théâtrale et de donner accès à nos coulisses. » Cela ne peut que tisser les liens entre le spectateur et l’artiste !