Robert Rothon : « Il y a besoin d’un dialogue »

Robert Rothon, nouveau Directeur général de la FFCB. | Photo de Radio-Canada

Robert Rothon, nouveau Directeur général de la FFCB. | Photo de Radio-Canada

Après la démission en début d’année de France Emmanuelle
Joly et l’intérim mouvementé qui s’en est suivi, la Fédération des Francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) dispose depuis début septembre d’un nouveau Directeur général en la personne de Robert Rothon. Après trois années passées à Ottawa à la tête de Canadian Parents for French, le nouvel homme fort de l’organisation revient dans une province qu’il connaît bien pour avoir travaillé précédemment à Radio-Canada, Éducacentre et dans d’autres organismes francophones. Une forme de retour aux sources pour ce natif du Québec dont la tâche s’annonce aussi passionnante que complexe. Alors que l’été a été marqué par des tensions au sein de la francophonie institutionnelle, Robert Rothon doit en effet gérer les dossiers et les sensibilités. Un rôle qu’il envisage avec une certaine sérénité. Découverte et tour d’horizon.

 

La Source : Après plusieurs années passées à la tête de Canadian parents for French à Ottawa, qui est le Robert Rothon qui nous revient de l’est canadien ?

Robert Rothon : Après avoir travaillé pendant plusieurs années au sein de cette structure, j’avais envie de revenir sur la Côte ouest canadienne et de trouver un nouveau défi. Quand le poste à pourvoir à la FFCB a été publié, j’ai postulé en sachant que j’avais les qualités requises. J’ai appris beaucoup de choses là-bas sur la politique en général. En vivant dans une capitale, on se rend compte à quel point elle a un impact direct dans la vie des gens.

 

L.S. : Quelles relations aviez-vous avec la FFCB quand vous étiez dans la province précédemment ?

R.R. : Ce n’était pas une structure que je connaissais bien. J’avais toutefois des contacts très amicaux. Quand je travaillais à Canadian Parents for French BC Yukon, j’avais d’ailleurs eu l’occasion de m’entretenir avec Réal Roy, le Président de la FFCB.

 

L.S. : Au vue de la démission surprise de France Emmanuelle Joly en début d’année et de l’intérim animé qui s’en est suivi, est-ce un cadeau empoisonné que d’avoir accepté de prendre la relève ?

R.R. : Non, pas du tout. Toutes les fédérations connaissent de toute façon des passages assez mouvementés. Je n’étais pas impliqué dans ce qui a pu se passer avant. Ce n’est donc pas un cadeau empoisonné.

 

L.S. : Comment s’est effectuée la passation de pouvoir avec Yseult Friolet, votre prédécesseur?

R.R. : Très bien. J’ai pu collaborer de façon très efficace. Je dois également rencontrer le conseil d’administration très prochainement. Cela permettra d’établir une relation de confiance.

 

L.S. : Johanne Dumas, Directrice générale de la Société Francophone de Maillardville, déclarait récemment chez nos confères de Radio-Canada qu’il y avait un risque que certaines associations décident de faire cavalier seul après les tensions survenues cet été. Y-a-t-il un danger d’implosion ?

R.R. : Je n’en suis qu’à ma deuxième semaine en tant que directeur général de la FFCB et, n’ayant pas le recul nécessaire, je me garderai bien de faire des commentaires à ce sujet pour le moment. Il faudrait d’abord rencontrer les différents acteurs, ce que je prévois de faire prochainement.

 

L.S. : Des associations reprochent aujourd’hui à la FFCB d’empiéter sur leurs champs de compétence en rendant des services directs à la clientèle au lieu de se contenter d’un rôle d’organisme parapluie. Qu’en pensez-vous ?

R.R. : Encore une fois, jeviens de prendre mes fonctions et souhaite rester prudent dans mes propos le temps de m’imprégner des dossiers. Dans le passé, il me semble que la fédération avait déjà rendu des services directs.

 

L.S. : Que disent les statuts ?

R.R. : Je ne les connais pas encore tous sur le bout des doigts. Je dois d’abord vérifier.1

 

L.S. : Au niveau de l’immigration, où en est-on ? Comment régler le contentieux entre la fédération et certaines associationsmembres ?2

R.R. : Il existe encore des réticences sur la question même si le projet a d’ores et déjà démarré. Il y a nécessité d’un dialogue. Je suis loin d’être une personne qui fasse preuve d’autoritarisme. Je compte d’ailleurs rencontrer les directeurs généraux de la Boussole et de la Société Francophone de Maillardville prochainement.

 

L.S. : Est-ce-que Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) n’est pas venue compliquer les relations entre la fédération et les associations en exigeant que ce soit la FFCB qui s’occupe de rendre des services directs ?

R.R. : CIC opère sur un fonctionnement très différent d’un organisme comme Patrimoine Canadien par exemple. Son objectif est que les immigrants puissent recevoir des services de qualité, ce qui va dans l’intérêt de notre communauté. Selon moi, le fait que la fédération rende des services directs dans le domaine de l’immigration n’est qu’une phase de transition.

 

L.S. : Quel est votre regard sur la francophonie de la Colombie-Britannique en comparaison avec les autres provinces ?

R.R. : Il s’agit d’une communauté fascinante puisqu’elle est petite mais reflète bien la francophonie internationale dans sa diversité. Elle n’est pas non plus concentrée comme c’est le cas en Acadie ou dans le Manitoba. C’est aussi une communauté ouverte qui ne ressent pas le poids de certains griefs historiques comme ailleurs. Cela lui permet de préparer son avenir avec sérénité.

 

1 Voici la réponse de la FFCB : « Après vérification des statuts et règlements de la Fédération, il n’y a rien de stipulé sur le rôle que peut prendre la Fédération dans la livraison des services directs. Cela lui donne donc l’option de proposer des services directs au besoin. La Fédération a géré le dossier de l’immigration depuis 2003 et a commencé à offrir un service direct en immigration en 2008. » (NDLR : via l’AFAI)

2 Signée le 8 avril dernier, une entente avec CIC permet aux nouveaux arrivants francophones de bénéficier de services personnalisés destinés à faciliter leur intégration dans la province. Des associations francophones spécialisées dans l’aide aux immigrants sont montées au créneau cet été pour réclamer le droit d’offrir ces services en lieu et place de la FFCB.