Histoires secrètes avec Rosemary Georgeson

La conteuse, dramaturge et cinéaste Rosemary Georgeson. | Photo de Urbanink

La conteuse, dramaturge et cinéaste Rosemary Georgeson. | Photo de Urbanink


Le programme Aboriginal Storyteller in Residence de la bibliothèque publique de Vancouver (VPL) invite la conteuse, dramaturge et cinéaste Rosemary Georgeson à présenter son travail et à promouvoir sa culture par des lectures, des ateliers et des discussions avec le public.

 

Des moments de rencontre, d’écoute et de partage, c’est ce qu’encourage la VPL depuis 2008 avec son programme de résidence de conteurs autochtones ̶ une exception au Canada, puisqu’il existe uniquement à Vancouver et à Regina. D’octobre à janvier, c’est l’artiste d’origines salish et déné, Rosemary Georgeson, qui se prêtera à l’exercice.

Née sur l’île Galiano, dans le détroit de Géorgie, la conteuse y a grandi comme ses ancêtres avant elle. Elevée dans l’industrie de la pêche commerciale, l’artiste accorde une grande importance au savoir transmis de génération en génération. Elle a collaboré à la pièce écrite par Mary Clements, Women in Fish. Nourrie de souvenirs de femmes, cette création présente à la fois la tragédie d’un naufrage vécu dans la communauté de Rosemary Georgeson alors qu’elle était âgée de cinq ans, et le déclin de l’industrie qui les faisait vivre.

Avec une expérience de vingt ans dans les arts de la scène et de nombreuses interactions avec les communautés culturelles, l’artiste pluridisciplinaire affirme être « particulièrement intéressée à raconter des histoires qui ont été marginalisées ou passées sous silence » et pense que « dans un souci d’éthique, ce travail doit être intergénérationnel et interculturel. » Elle se remémore avec émotion une discussion avec des étudiants du secondaire à Richmond. Rencontrant pour la première fois une représentante d’une communauté autochtone, ils lui avaient livré leurs histoires, celles de leurs ancêtres respectifs, venus au Canada pour travailler dans l’industrie de la pêche, des mines, du chemin de fer. Des histoires diverses et pourtant semblables, posées comme des ponts entre les communautés.

La filiation des femmes

L’artiste renchérit : « La plupart des projets auxquels j’ai participé ont commencé avec une question, une partie manquante du passé, ou une personne qui n’est pas dans les archives. » Fidèle à ce principe, son projet de résidence consiste en recherches sur son arrière-grand-mère, Emma. Rosemary Georgeson part du constat que cette femme, qui a eu quatre enfants sur l’île Galiano autour de 1890, « n’a pourtant jamais existé ». Du moins en dehors de cette période de maternité, puisqu’il n’y a « pas d’histoire connue sur sa vie ni avant ni après ». La recherche semble colossale, mais l’artiste est bien décidée à mettre à profit sa résidence, qu’elle considère comme un honneur, pour creuser les archives de la VPL et poursuivre son travail de mémoire, rendant hommage à l’héritage laissé par les femmes de sa famille.

Lors de la soirée d’ouverture, le jeudi 9 octobre, le public pourra profiter de l’expertise de
Rosemary Georgeson sur les relations interculturelles entre les Premières Nations et les communautés non autochtones.

Le 21 novembre sera un autre temps fort avec un avant-goût des documentaires We have Stories et A Community Remembers. La projection sera suivie d’une discussion avec la documentariste non autochtone, Jessica Hallenbeck. L’accent sera mis sur le partenariat entre les deux artistes, qui dure depuis plusieurs années. Elle seront accompagnées de Dory Nason, professeure assistante en études des Premières Nations à UBC.

La suite reste à écrire…

Rosemary Georgeson disposera de 50 % de son temps de résidence pour travailler à son projet personnel. Les 50 % restants seront consacrés aux activités publiques et au mentorat des conteurs en herbe et des membres de la communauté intéressés par la culture autochtone et les relations interculturelles.

Après janvier, son agenda restera chargé. En plus de s’impliquer continuellement avec Urban Ink Productions, la femme de lettres espère reprendre son atelier d’écriture The Downtown Eastside Women’s Writing Group, qui existe depuis quatorze ans. Elle souhaite également poursuivre l’écriture de la pièce dédiée à son arrière-grand-mère, My name is not Emma, pour finalement la monter sur les planches.

Aboriginal Storyteller in Residence
www.vpl.ca/events/details/aboriginal_storyteller
Entrée libre

L’organisme Kickstart propose un atelier d’écriture de scénario à destination des artistes, écrivains et aspirants cinéastes handicapés. L’atelier se tenait en 2 volets : les dimanches 5 et 12 octobre, de 10h à 17h, sous la direction d’Adam Grant Warren, scénariste primé, né avec une paralysie cérébrale.Ce dernier fera une lecture publique intitulée Last Train In le 13 novembre à 19h au Slocan Hall.