Vancouver électroacoustique : Un paysage sonore en invention

Illustration par Ka Bo Yuen

Illustration par Ka Bo Yuen

Si vous pensez savoir ce qu’est la musique électroacoustique, aucun doute : le 2e Festival annuel de musique électroacoustique est fait pour vous ! À moins que vous ne vous laissiez surprendre par sa créativité et qu’il vous embarque vers d’autres contrées électros.

Les 21 et 22 novembre, le Western Front accueillera des experts et des artistes de la Colombie-Britannique venus présenter leur travail et leurs expériences. Cameron Catalano, président de l’association ProMusica, à l’initiative de l’événement, nous en dit davantage.

Une communauté artistique à faire connaître

La scène électroacoustique de Vancouver « est une petite communauté », nous dit-il. L’association ProMusica, qui encourage les compositeurs de la province, souhaite que le festival puisse « offrir l’occasion aux compositeurs d’avoir une meilleure dynamique de création et de développement de cette musique ». Si, dans sa définition la plus stricte, celle-ci est une organisation de sons, l’événement participe à son essor. Deux jours avec deux dynamiques différentes : des experts partageant leur expérience et leur savoir dans un premier temps, puis le concert.

John Baker, compositeur depuis 25 ans et membre de l’association, y participera pour la première fois en tant qu’expert. Il expliquera comment il compose grâce aux différents logiciels et pourquoi l’arithmétique compte beaucoup. D’autres intervenants feront notamment un point sur la composition pour jeux vidéo, une production singulière.

Pour le concert, ProMusica a fait appel à un jury, qui a établi un choix en fonction de la qualité du travail et des équipements requis pour le partage avec le public. Jocelyn Morlock, déjà multi-récompensée, sera ainsi de la partie. La présentation de la scène électroacoustique de la Colombie Britannique met en lumière « de nouvelles créations musicales et permet la collaboration entre compositeurs », indique Cameron. La pertinence d’un tel programme participe au développement de cette communauté artistique dont les prémices ont débuté dans les années 60 au Canada, bien que l’origine du courant musical remonte à une décennie plus tôt. Et aujourd’hui, des cours en musique électroacoustique sont offerts à UBC et à SFU.

Entre création et boum des technologies

L’expérience de John Baker est significative des avancées technologiques et de leur influence en matière musicale. Après une carrière dans la science de l’informatique et des formations de composition, « c’est venu naturellement de mélanger la musique et l’électronique. Je ne joue d’aucun instrument et j’utilisais l’ordinateur. J’avais l’habitude de composer pour des instruments acoustiques et dans cette situation j’utilisais des samples. J’ai pensé à composer à partir de sons créés par ordinateur ». Avec le développement des technologies, il a composé de nouvelles organisations musicales ayant leurs propres structures, loin des standards médiatiques. Les technologies influencent la musique car « il n’y a plus de restrictions!»

La multiplication des logiciels de composition et leur accessibilité permettent à chacun de se croire compositeur. Encore faut-il savoir les utiliser pour créer et non copier. Grâce à la rapidité de mise sur le marché des avancées technologiques, de nouveaux équipements très performants ont vu le jour ces 15 dernières années. Qui ne connaît pas le MP3 !? Comme souligne Cameron : «La musique électroacoustique permet de créer un nouvel univers musical pouvant se faire scientifiquement à l’aide d’applications mathématiques ». La science devient ainsi un instrument nécessaire à la composition musicale, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle est dépourvue d’émotion, au contraire. Cela reste de la musique !
C’est d’ailleurs en suivant des émotions et des sensations que l’électroacoustique accroît sa dynamique de création. Si la science aide à la composition, la musique, elle, aide au développement des combinaisons arithmétiques utiles à la création. Les deux s’influencent mutuellement.

Le festival sera l’occasion de constater cette influence tout en partageant et en découvrant les connaissances et les techniques, acquises ou en devenir. Si le concert est un bon moyen de voir comment le public réagit, les deux jours représentent un moment où les compositeurs peuvent sortir de la solitude nécessaire à la création par les technologies, pour renforcer la dynamique de la musique électroacoustique au sein de la province. Pour Cameron, « c’est à l’auditoire de déterminer comment il ressent la musique, il y a beaucoup de morceaux chargés d’ émotion. J’espère que le public sera curieux ! »

2e Festival de musique électroacoustique

Les 21 et 22 novembre

The Western Front, Vancouver

www.vancouverpromusica.ca