Le canoë, cette embarcation qui a changé la Colombie-Britannique

En voguant à bord d’un canoë, Sanford Osler a le sentiment de se connecter à la nature. | Photo par Eric Startup

En voguant à bord d’un canoë, Sanford Osler a le sentiment de se connecter à la nature. | Photo par Eric Startup

Avez-vous conscience de l’influence qu’ont eue les canoës dans le développement de la Colombie-Britannique, voire du Canada ? Des premières ventes de fourrures par les populations autochtones jusqu’aux voyages initiatiques pour jeunes en crise, Sanford Osler retrace l’histoire de cette embarcation dans son premier ouvrage, Canoe Crossings: Understanding the Craft that Helped Shape British Columbia. Aussi saisissant qu’une descente de rapides.

La Source : Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Qu’en attendez-vous ?

Sanford Osler : J’ai collectionné toute une série d’histoires et d’informations sur les canoës. Certaines étaient connues du grand public, d’autres non. J’en avais suffisamment pour les rassembler dans un livre. J’espère apporter de nouvelles perspectives sur le canoë, montrer aux lecteurs l’importance qu’il a eu. J’espère leur apprendre des choses et éveiller leur intérêt.
L.S. : Quand et comment est né votre intérêt pour les canoës ?

S.O. : Je n’étais qu’un enfant lorsque je me suis intéressé aux canoës pour la première fois. Je me souviens d’un livre qu’on me lisait, Paddle on the Sea, qui racontait l’histoire d’un jeune garçon qui construit un canoë et qui part ensuite, à bord, à l’assaut des fleuves et des océans. Tout au long de son périple, il est bien sûr confronté à toutes sortes d’aventures. Ce livre m’a beaucoup impressionné, petit. Puis, j’ai appris à pagayer, en camp d’été. J’avais 11 ans. On partait en canoë pendant plus d’une journée. Ça aussi, c’était tout une aventure. De celles qui vous marquent. Le canoë m’a offert la possibilité d’explorer un monde nouveau.

F_p8_canoe_2« En canoë, on communie avec la nature »

L.S. : Embarquer sur un canoë, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

S.O. : Le canoë, tout comme voguer en général, est pour moi l’un des meilleurs moyens de se connecter à la nature. Imaginez-vous sur les eaux, entouré de silence. C’est différent par rapport à naviguer sur un bateau à moteur. Le canoë vous permet d’aller dans des endroits difficiles d’accès. C’est aussi physique, cela demande des efforts. Il faut pagayer, parfois le porter. En canoë, on communie avec la nature.

L.S. : Vous montrez dans votre livre toute l’influence que le canoë a eue en Colombie-Britannique et même au Canada…

S.O. : Tout le monde n’en a pas conscience, mais l’histoire de la Colombie-Britannique est liée à l’utilisation des canoës. C’est ainsi que les Premières Nations sont venues vendre leurs fourrures, ce qui a contribué au développement du commerce. Le canoë a fortement contribué à la découverte de notre territoire. C’est à bord d’une embarcation de ce type que l’explorateur Alexander
Mackenzie a atteint l’ouest du Canada, bien avant les Américains et les Russes, à la fin du XVIIIe siècle. Nos frontières n’auraient pas été les mêmes sans cela.

L.S. : Le canoë a-t-il toujours une importance aujourd’hui ?

S.O. : Oui, même encore maintenant. Les policiers s’en servent pour aller à la rencontre des populations autochtones. Ils le font avec l’intention de perpétuer la tradition et d’améliorer leurs relations avec ces populations. Et ça marche ! En les voyant arriver de la sorte, les autochtones les perçoivent différemment. Ils voient dans ce geste une marque de respect pour leur culture.

« Ça rapproche »

L.S. : Vous parlez aussi dans votre livre de l’importance des courses de canoës…

S.O. : Elles sont très populaires. Elles améliorent les rapports entre les communautés, chacune œuvrant dans un but commun. Travailler ensemble autour de la conception de l’embarcation la plus rapide et apprendre à la manier en parfaite harmonie, ça rapproche. Ce n’est pas pour rien qu’on emploie l’expression « être tous dans le même bateau ».
L.S. : Enfin, vous abordez les canoës comme moyen de guérison…

S.O. : En 1996, l’artiste Roy
Henry Vickers et un ancien policier, Ed Hall, sont partis en canoë de Hazelton jusqu’à Victoria pour récolter des fonds devant servir à la construction d’un centre de soins pour les personnes atteintes de toxicomanie. L’opération a été un franc succès, au point qu’elle a donné lieu à des voyages annuels. Chaque été, en juillet, un groupe de jeunes en difficultés part en canoë pendant une dizaine de jours, avec des encadrants. L’objectif étant de leur faire vivre une expérience qui les change de leur quotidien, de leur inculquer des valeurs telles que la discipline ou le partage. On peut faire de grandes choses avec un canoë et à bord d’un canoë.
L.S. : Planchez-vous déjà sur l’écriture de votre prochain ouvrage ?

S.O. : (Rires) Canoe Crossings:
Understanding the Craft that Helped Shape British Columbia 
est mon premier livre. Je l’ai écrit parce que j’avais une histoire à raconter. Il m’en faut une autre pour publier un second ouvrage. J’ai quelques idées, mais rien encore de bien défini.