CQFD, quand le prix du litre est à la baisse…

La circulation des véhicules particuliers avec un seul passager à bord sera à la hausse…et par conséquent le nombre de passagers à bord de Translink sera à la baisse dans la même proportion. Et par conséquent les revenus de Translink seront aussi à la baisse, ce qui va relancer le débat sur la précision des projections financières pour le développement des services et des circuits de bus de SkyTrain et de trains légers.

En contrepartie, si les banlieusards reprennent l’utilisation de leurs véhicules, les ventes d’essence seront à la hausse mais ne compenseront qu’en partie et en volume pour la diminution du prix du litre, parce que les taxes, elles, ne diminuent pas…en pourcentage.

Faisons le calcul de ce que la baisse du prix du litre à la pompe représente en économies pour l’utilisateur moyen.

Aujourd’hui un litre d’essence normale coûte un dollar. Le Canadien moyen parcourt en moyenne de 20 000 à 25 000 kilomètres par année. Pour une consommation moyenne de 10 litres au 100 kilomètres (la formule la plus facile à utiliser, parce que la plus simple à comprendre et à calculer) cela veut dire une dépense annuelle de 2 000 $ à 2 500 $. Il y a à peine quelques semaines, cette même moyenne de consommation voulait dire une dépense annuelle de 30% de plus (en arrondissant le prix du litre à 1,30 $) soit de 600 $ à 750 $ de plus par année. La différence est donc appréciable et la tentation de choisir le confort de son propre véhicule au lieu du confort… relatif du transport en commun sera forte. Après tout, serez-vous peut-être tenté de dire, il n’en coûte pas plus cher de rouler seul en voiture qu’avec tout le monde en transport en commun. Faisons donc le calcul…Une passe mensuelle de Translink pour deux zones coûte 124 $ par mois, pour trois zones c’est 170 $ par mois. Si on estime que vous en achèterez 10 par année, vous débourserez soit 1 240 $ ou 1 700 $.

Estimons maintenant que les banlieusards de Richmond, Burnaby ou North Vancouver parcourent 20 000 kilomètres par année, au coût moyen annuel de 2 000 $ d’essence, et que ceux du Tri Cities, Surrey ou Abbotsford, eux en parcourent 25 000 au coût moyen annuel de 2 500 $.

Dans le premier cas, l’économie perçue n’est plus que de 760 $ au lieu des 1 360 $ d’avant la baisse du prix du litre ou dans l’autre cas de 800 $ au lieu des 1 550 $ d’avant la baisse.

Il est aussi possible de voir cette économie inattendue comme une motivation supplémentaire de succomber à la tentation de s’offrir un véhicule neuf, plus gros, plus confortable, puisque maintenant moins cher à faire rouler. C’est ce que des milliers de Canadiens ont déjà fait, se jetant voracement sur les camionnettes en 2014. Par exemple la camionnette Ford F-150, le véhicule le plus populaire au Canada, s’est vendu à 122 277 exemplaires en 2014, alors que la Honda Civic, la voiture la plus populaire au Canada, s’est vendue à 66 057 exemplaires…la moitié moins, et ce alors que l’effet de la baisse du prix du litre n’avait pas encore commencé à se faire sentir sur les ventes de véhicules neufs.

Après tout, une économie de 30% sur le prix du carburant est un argument en or pour les vendeurs de véhicules neufs. Imaginez, cela représente au moins deux versements mensuels par année sur l’achat ou la location à long terme d’un véhicule neuf. Qui peut résister ?

Mais la résistance à la tentation serait la meilleure stratégie, parce que les économies réelles occasionnées par la baisse du prix de l’essence sont un boni que vous devriez empocher, tout en continuant de prendre les transports en commun. Et si vous devez vous servir de votre véhicule tous les jours, voilà qui vous fera faire sagement des économies, mais qui n’auront pas d ‘effet sur les autres coûts tels les assurances, l’entretien, le stationnement et la dépréciation. Par exemple une Honda Civic 2012, payée
20 000 $ vous coûtera plus de 7 000 $ par année pour la faire rouler…et encore plus si vous la remplacez par un véhicule neuf qui consomme plus!

La Honda Civic, la voiture la plus populaire au Canada. | Photo par Neo

La Honda Civic, la voiture la plus populaire au Canada. | Photo par Neo

Comme quoi, quand le prix du litre d’essence est à la baisse, l’appui pour le financement des projets de Translink l’est aussi alors que la consommation elle, est à la hausse, comme le seront la circulation et donc les bouchons. CQFD !