« The Foreigner » : entre farce légère et invitation à l’échange

John Vogt avait remporté le prix Jessie Richardson en 2013 pour son interprétation de Charlie dans The Foreigner. Il récompense la réussite dans le théâtre professionnel de Vancouver. | Photo par Emily Cooper

John Vogt avait remporté le prix Jessie Richardson en 2013 pour son interprétation de Charlie dans The Foreigner. Il récompense la réussite dans le théâtre professionnel de Vancouver. | Photo par Emily Cooper

En tournée dans la province à partir du 18 février, The Foreigner, une production du Arts Club Theatre Company, sera en représentation à Vancouver le 2 mars. Presque deux heures et demie de rire et de légèreté qui invitent également le public à réfléchir sur les rapports humains et les différences entre individus.

Déjà nerveux et de nature timide, c’est un Charlie quelque peu déboussolé qui arrive dans cette auberge du fin fond de l’État de Géorgie, aux États-Unis. Accompagné de son ami Froggy, il tente pour quelques jours d’oublier ses problèmes conjugaux – sa femme lui a été infidèle plus d’une vingtaine de fois ! – dans cet endroit où il ne connaît personne, et surtout où personne ne le connaît. Quoi de mieux alors, pour être certain d’être tranquille, que de prétendre ne pas comprendre l’anglais ? C’est cela, The Foreigner, une farce où des inconnus apprennent à se connaître malgré les préjugés de chacun. « C’est réellement plein d’humour, explique John Vogt, l’interprète de Charlie. En voulant qu’on le laisse tranquille, il va justement attirer les gens vers lui. Ils vont se confier, pensant qu’il ne comprend pas un mot. »

Faire réfléchir grâce au rire

Mais derrière cette légèreté, une histoire humaine. On y voit Charlie se transformer : lui qui se pensait sans personnalité, il la révèle au fil de la pièce. Il se crée une histoire sans le langage, simplement, car on lui laisse l’occasion de se dévoiler.

« C’est une farce, une comédie, avec en même temps une réflexion plus profonde sur l’aide qu’on peut apporter aux gens qui nous entourent, souligne Evan Frayne, metteur en scène. Tout en faisant rire, la pièce invite le public à réfléchir sur des questions sociétales : comment aider, donner de son temps, devenir proches, et se donner un but à travers cela… C’est le cœur de la pièce. »

Une pièce dont le principal défi a été, pour les interprètes comme le metteur en scène, de trouver le bon ton entre une comédie légère et des passages plus sombres : « Ce n’était pas évident de trouver cet équilibre, confie Evan Frayne. Nous savons que le public va rire, mais on veut aussi communiquer cette “morale de l’histoire” en allant en profondeur des personnages. Nous avons essayé d’aller au cœur de ce qu’a écrit Larry Shue (ndlr, l’auteur de la pièce) : comment gérer nos différences, comment accueillir des étrangers dans notre société, se demander : Comment réagit-on lorsque l’on rencontre quelqu’un de différent ? C’est un récit plein d’humour sur la tolérance et l’acceptation, le vivre-ensemble. » John Vogt assure qu’à partir du moment où chacun s’écoute, tout change. Tous deux espèrent que le public quittera le spectacle en se sentant plus léger et optimiste.

Une distribution jeune et audacieuse

Depuis sa première représentation en 1984, The Foreigner est devenue un classique du théâtre amateur et professionnel. Les acteurs du Arts Club Theatre Company comptent, pour leur part, apporter une ambiance plus intime à leur adaptation et entretenir une certaine proximité avec le public. « Notre représentation est aussi différente car les acteurs sont tous assez jeunes, aux alentours des 30 ans. C’est donc une belle énergie, jeune et dynamique », précise le metteur en scène. « D’autant que nous sommes amis hors des planches, poursuit l’interprète de Charlie. On s’amuse sur scène et à côté, et je pense que cela contribue à garder une ambiance conviviale, le public se sent proche de l’histoire et des acteurs. » Ceux-ci avaient déjà joué cette pièce en 2013 après trois semaines de répétitions. Il en fallu deux cette fois pour être au point, et rejouer cette comédie qui avait valu le prix britanno-colombien Jessie Richardson à trois des comédiens en 2013.