Stromae à la conquête de l’Ouest

Difficile de passer à côté du phénomène. Le chanteur Stromae, déjà de passage en septembre dernier, se lance dans une nouvelle conquête de l’Ouest et fera une étape à Vancouver le 5 avril. Alors, pour ceux qui auraient raté le premier concert du chanteur compositeur en Colombie Britannique, il est temps de courir après les dernières places.

Paul Van Haver, de son vrai nom, est un artiste avec une identité plurielle. Né d’un père rwandais et d’une mère flamande, il a grandi en Belgique à la croisée des cultures. « Quand vous grandissez avec deux langues, vous obtenez un mélange de différentes expressions et de structures de phrases. Particulièrement avec les gens belges, vous obtenez ce mélange unique de flamand et francophone. Donc, je suis sûr que ça a influencé ma façon d’écrire et de composer », comme il l’explique au magazine Complex. Un esprit qui se retrouve dans sa musique, un mélange hétéroclite de rythmes électroniques, hip hop, bercés de vibrations africaines et de sons du désert.

Le chanteur Stromae, « formidable » sur scène. | Photo de Stromae

Le chanteur Stromae, « formidable » sur scène. | Photo de Stromae

A cette occasion, il aborde des sujets graves et contemporains, souvent avec un brin d’humour ou de sarcasme. « Dans le disque, je n’évoque pas de sujets très originaux – l’amour, le couple, la paternité, la santé, les faits de société, etc. Ma vision fait la différence, mais cela reste mon point de vue, ma façon d’essayer de sortir des clichés. » Le chanteur puise d’ailleurs son inspiration dans son propre vécu. Il perd son père à neuf ans, tué dans le génocide rwandais. Une absence dont il parle dans la chanson Papaoutai, une transformation de la phrase « Où es-tu, papa ? ». Stromae y chante, « Tout le monde sait comment faire des bébés, mais personne ne sait comment faire les papas. »

A 15 ans, il commence à rapper sous le nom Opsmaestro, qui deviendra plus tard Stromae (un anagramme de « maître »). Quelques années plus tard, alors stagiaire dans une célèbre radio belge, il joue un de ses propres morceaux sur les ondes. C’est ainsi que Alors on danse deviendra un succès international, à tel point que la chanson sera remixée par le rappeur Kanye West.

Auréolé de récompenses
Outre la composition musicale, Stromae ajoute souvent le geste à la parole en imaginant des vidéos qui interpellent les spectateurs. Par exemple, le clip d’un de ses titres, Formidable, est tourné en caméra cachée présentant le chanteur titubant et criant sur la place de Bruxelles devant des admirateurs stupéfaits : « J’avais l’habitude de dire qu’il y a de mauvaises et de bonnes personnes, mais maintenant je commence à comprendre que, effectivement, il est trop simpliste de penser à la vie comme ça. C’est pourquoi je joue à ce mec qui pourrait être moi, vous, ou n’ importe qui. Il est trop facile de dire qu’il est un mauvais gars parce qu’il est ivre, et juste parce qu’il est ivre, il est cette mauvaise personne ».

Aujourd’hui, Stromae a vendu plus de 2 millions d’exemplaires de ses albums Cheese et Racine Carrée et multiplié les récompenses comme les Victoires de la musique, les World Music Awardset les Octaves de la Musique. Le belge de 28 ans, passionné de mode, ne semble plus rien avoir à prouver. Alors, après avoir parcouru les routes de l’Europe avec ses chaussettes multicolores, c’est en Amérique du Nord qu’il pose ses valises à la rencontre des francophiles amoureux des mots. Pas de temps à perdre donc, d’autant que Stromae, qui se dit fatigué et inquiet pour sa propre santé face au star-système, devrait s’offrir une longue pause afin de profiter davantage de sa vie mais aussi de retrouver l’inspiration avant de sortir un album et de remonter sur scène.

Stromae au Orpheum Theatre
Dimanche 5 avril à 20h