Co-op Radio, 40 ans du Canada sur les ondes

La famille Co-op Radio en 1978. | Photo par Co-op Radio Archives

La famille Co-op Radio en 1978. | Photo par Co-op Radio Archives

Le 15 avril, la radio communautaire vancouvéroise Co-op Radio fête ses 40 ans d’existence. L’occasion de revenir sur son histoire et sur les missions qu’elle se confie.

Revenir sur l’histoire de Co-op Radio, c’est un peu revenir sur l’histoire de la société canadienne et sur son évolution des années 1970 à nos jours. Fondée en 1975 par deux groupes passionnés de radio, les Muckrakers et Neighbourhood Radio, son credo était alors de proposer aux auditeurs des émissions alternatives autour de sujets qui n’étaient pas traités par les autres radios de l’époque, quitte à susciter la controverse. Ainsi, des programmes toujours diffusés aujourd’hui tels que Union Made, qui traite des problématiques liées aux syndicats et au monde du travail, ou Fruit Salad, porte-parole de la communauté LGBT vancouvéroise, ont commencé dans les années 1970. Aujourd’hui, la station continue cette programmation alternative avec toujours comme principale mission de donner une voix à des communautés locales peu entendues sur les principales radios vancouvéroises. « Le but de Co-op Radio est de fournir une alternative critique des médias traditionnels et de proposer des points de vue qui ne sont pas entendus sur d’autres radios, explique Allan Jensen, membre depuis plus de 30 ans de Co-op Radio. Étant une station de radio communautaire, nous donnons du temps à ces personnes et à ces groupes pour qu’ils puissent exprimer leurs idées et leur musique ».

Des émissions en langue étrangère

Afin de donner un temps de parole aux communautés linguistiques minoritaires de Vancouver, la station n’a pas hésité depuis ses débuts à diffuser des émissions en langue étrangère. Aujourd’hui, la grille des programmes comprend, outre des émissions musicales ou d’informations en anglais, des programmes dans une dizaine de langues différentes, de l’espagnol au dialecte éthiopien. Au total, ces émissions représentent environ 20% de la grille hebdomadaire. Ses animateurs y diffusent les informations et les nouvelles culturelles qui touchent ces communautés ainsi que de la musique traditionnelle. Parmi ces émissions, le français a toujours eu une place importante. Les programmes francophones ont commencé à être diffusés dès les débuts de la radio en 1975 avec l’émission Allo-ouette qui aidait les enfants à apprendre le français, jusqu’à aujourd’hui, avec le programme Excuse my French, relais des nouvelles culturelles francophones, animé par Laurence Gatinel. Pour cette dernière, ces émissions ont un véritable intérêt pédagogique. « Nous proposons des voix que l’on entend pas ailleurs et qui ne sont pas consensuelles, explique l’animatrice. De plus, ces émissions ont également un aspect pédagogique puisque beaucoup de nos auditeurs les écoutent pour apprendre la langue ».

Un défi au quotidien

Outre les émissions qu’elle diffuse, cette radio se distingue aussi par son modèle économique. En tant que radio communautaire, elle n’est la propriété d’aucun groupe de médias et n’est détenue que par ses 180 membres qui lui versent chaque année le coût de leur adhésion. Grâce à cela et aux dons qu’elle reçoit, la station ne diffuse aucune publicité commerciale. Cependant, dans le climat économique actuel, ce modèle est difficile à garder mais Allan Jensen n’est pas inquiet. « Comme la station ne diffuse pas de publicité, la collecte des fonds est toujours un défi, confirme-t-il. Mais ce n’est rien de nouveau et je m’attends à ce que la station continue à diffuser pendant un certain temps encore, donnant une voix aux gens de notre communauté. »

Depuis 40 ans, la mission que s’est fixée la station n’a pas changé : fournir un espace sur les ondes pour les gens qui ne peuvent pas s’exprimer sur les radios commerciales. Sans crainte de la controverse, ses animateurs proposent des émissions personnelles sur des questions d’actualité, ou de la musique que l’on n’entend pas ailleurs. Cependant, au fil des années, ces programmes ont changé ou se sont transformés, suivant les nouvelles problématiques de la société canadienne. Ainsi, des émissions telles que Fruit Salad ou Gender Queeries, sur la communauté LGBT, ont évolué depuis leurs débuts en 1975 puisque les questions autour de cette communauté ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui. « Nous utilisons la radio pour connecter les générations, confirme Leela Chinniah, directrice actuelle de la programmation de Co-op Radio. Les programmes que nous diffusons se transforment depuis 40 ans afin de coller à la mentalité et aux questions de l’époque. » Et la station espère bien continuer à poser son regard sur la société canadienne pendant quarante autres années.

Co-op Radio : 100.5 FM
Excuse my French : tous les mardis de 9h à 10h30
http://www.coopradio.org