Écologie et médias font bon ménage

Photo par Shane Moore, National Geographic

Photo par Shane Moore, National Geographic

Le développement durable et les préoccupations environnementales sont devenus omniprésents dans les médias. Cela alimente bien des conversations. C’est notamment le thème d’une table ronde organisée par le Board of Change le 15 avril à Vancouver. L’écologie est-elle un sujet comme les autres ? Les médias en parlent-ils à tort ou à raison ? Éléments de réponse avec des journalistes et des experts dans le traitement de l’information.

Premier constat, les questions liées à la sauvegarde de l’environnement se sont normalisées dans les journaux, sur le net, à la télé ou à la radio. Aucun support ne saurait en faire l’impasse. Dans le même temps, les aborder est devenu complexe. « L’écologie n’est pas un sujet qu’on peut isoler, car ses impacts et ses conséquences s’observent sur plusieurs des plans. Cela peut être dans la santé, la politique ou l’économie. Il faut tenir compte de ces ramifications », constate Andree Lau, à la tête du
Huffington Post B.C.

Dès lors, en parler représente un défi pour les salles de rédaction. « Il y a un marché pour l’information écologique. Les Canadiens en demandent, en particulier les habitants de la Colombie-Britannique qui se montrent concernés. Il est de notre responsabilité de leur donner l’information qui se démarquera », considère Brett Ballah, chef médias à Radio-Canada B.C. et Yukon.

La Toile a changé la donne

Dans les journaux, à la télé et la radio, les équipes doivent composer avec la taille des articles et la durée des reportages. Autant de freins potentiels qui les empêchent d’approfondir une information. C’est sans parler des contraintes budgétaires. Pour survivre, bien des titres, des chaînes ou des stations revoient leur plan de financement. Ce qui donne parfois lieu à des coupes drastiques. La tendance est à l’économie et à la maîtrise des coûts.

Andree Lau, chef des nouvelles au Huffington Post B.C. | Photo DR

Andree Lau, chef des nouvelles
au Huffington Post B.C. | Photo DR

C’est dans ce contexte qu’Internet sort son épingle du jeu. Geoff Dembicki, 28 ans, en est convaincu : la Toile a changé la donne. Surtout, elle permet une plus grande marge de manœuvre. Journaliste depuis cinq ans, il collabore au site Internet généraliste et engagé The Tyee. Les questions liées à l’environnement l’ont toujours intéressé. « Je me sens concerné, comme le sont les gens de ma génération. Notre monde change. Il est important de comprendre pourquoi et comment. »

Pour lui, l’engouement des salles de rédaction pour tout ce qui touche de près ou de loin à la protection de la Terre ne date pas d’hier. L’approche est maintenant différente. « Il ne s’agit plus d’opposer les méchants aux gentils, de s’interroger sur l’existence ou non du changement climatique. Il est avéré. Il faut donc capter la réalité et créer du sens pour le public. » Fait étonnant, celles et ceux qui réfutent le réchauffement de la planète ont toujours droit de cité dans les médias.

Une question d’éthique professionnelle

Si ce qu’ils affirment est contredit par la science, n’est-ce pas une perte de temps que de les laisser s’exprimer ? Selon Brett Ballah, c’est une question d’éthique professionnelle. « Il s’agit d’être équitable et impartial dans notre couverture. Ça fait partie des normes de Radio-Canada. En tant que journaliste de bonne conscience, on ne peut pas les mettre de côté. »

Certains font donc ainsi appel à des intervenants controversés comme Global TV qui invite régulièrement sur ses ondes Vivian Krause, une spécialiste en la matière qui est loin de faire l’unanimité. D’autres médias adoptent une position différente. Le L.A. Times aux États-Unis et la BBC en Angleterre ont décidé de n’accorder aucune place, aucun temps d’antenne aux personnes qui nient le réchauffement climatique.

 Journaliste depuis cinq ans, le Vancouvérois Geoff Dembicki collabore pour le site Web The Tyee.

Journaliste depuis cinq ans, le Vancouvérois Geoff Dembicki collabore pour le site Web The Tyee.

Bien souvent, l’écologie fait les gros titres des journaux après des tragédies ou des catastrophes naturelles de grande ampleur. Il fut un temps où le sujet était systématiquement accompagné d’un discours alarmant. C’est encore le cas parfois. Alors peut-on l’aborder sans effrayer les gens ? Andree Lau est persuadée que le public fait la part des choses.

« Les lecteurs, les téléspectateurs et les auditeurs sont éduqués. Ils se font leur propre jugement. » Pour Geoff Dembicki et Brett Ballah, il est préférable de mettre en avant les solutions . « Promouvoir les actions locales et concrètes – et il y en a – compense la vision générale qu’on peut avoir sur l’avenir de notre planète et qui reste sombre », souligne le responsable à Radio-Canada.

« Si nous brandissons la peur, nous démotivons notre auditoire. C’est en lui montrant les solutions, les actions simples que nous attisons son intérêt », conclut le jeune journaliste vancouvérois.

Andree Lau et Geoff Dembicki participent tous les deux à la table ronde proposée par le Board of Change le 15 avril.

Informations :
www.boardofchange.com