La culture « cowboy » fait-elle encore rêver ?

F_p5_cowboys_12Du 15 au 18 mai prochains se tient la 127e édition du Cloverdale Rodeo Festival and Country Fair à Surrey. L’occasion de se pencher sur l’image du cowboy, cet homme fier et viril sur son destrier qui demeure une des plus grandes légendes du XXe siècle, notamment dans la littérature, la peinture et le cinéma. Néanmoins, que reste-il aujourd’hui de cette culture ? Les cowboys font-ils encore rêver les petits comme les grands ?

Dans l’imaginaire collectif, le cowboy protégeait les troupeaux mais aussi les territoires contre les Indiens. Pour autant, la vie d’un cowboy était loin d’être reluisante. C’était un travail de dur labeur consistant à rassembler et conduire les troupeaux vers les grands centres de tri. Ils pouvaient parcourir des centaines de kilomètres avec 2 500 têtes de bétail sous leur garde et braver toutes les conditions météorologiques possibles et imaginables.

Pour autant, les historiens puis les romanciers se sont emparés de leurs aventures jusqu’à en créer cette image du cowboy, héros américain dépeint dans les fameux westerns de John Wayne puis les westerns spaghetti des années soixante et soixante-dix. Une légende était alors née.

Un mythe réinventé

Jon Smith, professeur à l’Université Simon Fraser et spécialiste de la culture nord-américaine, explique la construction du mythe en deux éléments, « Le premier élément est basé sur la thèse de Frederic Jackson
Turner en 1893 et sa réfutation par la suite ». En effet, Turner fut le premier historien à proposer une théorie pour expliquer que la formation de la nation américaine est intimement liée à l’expérience de la Frontière. Selon Turner, l’histoire de l’Ouest américain a pris fin en 1890 lorsque le recensement a montré que la plupart des terres en Amérique étaient conquises. Or il a négligé d’explorer la diversité raciale qui a donné naissance à l’Ouest américain. Turner était un homme très nationaliste dont la thèse s’est essentiellement concentrée sur l’homme blanc anglophone, et il a fait l’objet de nombreuses critiques.

L’édition 2014 du Cloverdale Rodeo Festival and Country Fair.

L’édition 2014 du Cloverdale Rodeo Festival and Country Fair.

La deuxième partie de la construction du mythe « tient à la place du cowboy dans les arts, notamment avec les romans de Owen Wister ou les illustrations et sculptures de Frederic Remington », selon Jon Smith. Le cowboy devient alors cet emblème de masculinité, macho et puissant sur fond de Déclaration d’Indépendance américaine. Puis l’âge d’or de Hollywood achève d’asseoir le mythe du cowboy, il devient ce héros américain qui fera rêver des générations entières. La plupart des westerns se déroulent à un moment charnière de l’histoire de l’Ouest lorsque la civilisation venue de l’est prend le pas sur ces terres jusqu’alors vierges. Il n’y a plus de territoire nouveau à conquérir, les frontières sont établies, c’est la fin de la liberté et la montée d’une certaine angoisse.

Une culture qui fascine encore

Le cowboy reste un personnage légendaire dont la culture a perduré, notamment par sa tenue vestimentaire, par la pratique du rodéo et par la musique country et folk. Le rodéo est devenu l’activité phare de la culture cowboy. Ces hommes n’étaient pourtant pas de bons cavaliers à l’origine. En effet, ils devaient apprendre, tant bien que mal, à dompter leurs chevaux capturés au cours de leur périple, pour la plupart des mustangs sauvages. En cela, le rodéo a contribué à l’anoblissement du cowboy, le public voyant en cette démonstration de domination de l’homme sur sa monture tout le symbole du héros américain.

Une culture transfrontalière qui trouve également un large public dans l’Ouest canadien. Dans la province voisine de l’Alberta, la culture cowboy est même quasiment érigée au rang de religion avec le fameux
Stampede, une semaine de festival sur le thème du rodéo et de la culture western qui attire plus d’un million de visiteurs chaque année en juillet, « le plus grand spectacle en plein air du monde »,
qualifient fièrement les organisateurs.

Dans la région de Vancouver, les proportions sont moindres, la culture hippie de la côte ouest étant bien plus prégnante que celle du cowboy. Reste que le Cloverdale Rodeo Festival de Surrey réunit tout de même chaque année plus de 20 000 personnes et ne cesse d’attirer des curieux de tout âge depuis plus d’un siècle. Au programme des festivités cette année : des groupes tels que Ken McCoy Band et Ettinger & Big 50 au Longhorn Saloon ou encore un spectacle de bûcherons et même un concours de skateboard freestyle. L’occasion idéale pour placer l’expression : « This isn’t my first rodeo ».

Cloverdale Rodeo Festival and Country Fair du 15 au 18 mai
6050 176 St, Surrey
Pour plus d’informations : www.cloverdalerodeo.com