Classic Chic : Quand les femmes jouent des hommes

La troupe de Glengarry Glen Ross. | Photo de Megan Verhey

La troupe de Glengarry Glen Ross. | Photo de Megan Verhey

Artiste pleine de promesses, Rachel Peake assure la mise en scène de la nouvelle pièce de la compagnie Classic Chic, une troupe exclusivement constituée de femmes. Glengarry Glen Ross, écrite par David Mamet, relate l’histoire d’agents immobiliers prêts à tout pour vendre des propriétés dont personne ne veut. Des rôles d’hommes interprétés par des femmes, l’occasion d’offrir un nouveau regard sur les relations entre hommes et de dissocier les notions de sexe et de genre.

La SourceRachel, pouvez-vous nous dire de quoi parle Glengarry Glen Ross ?

Rachel Peake : C’est une comédie écrite par David Mamet et se focalisant sur un certain type de personnes au début des années 80 (des agents immobiliers, ndlr). On y observe la manière dont ils interagissent entre eux, comment ils arrivent à s’entendre, comment ils se manipulent…

L.S.Que signifie le titre « Glengarry Glen Ross » ?

R.P. : C’est une bonne question ! (rires) David Mamet lui-même a toujours évité d’expliquer le titre. Selon moi, et par rapport à la pièce, c’est lié a la manière dont l’agence fonctionne ; Glengarry Highlands représente le meilleur de ce qu’il y a à vendre, c’est le meilleur endroit. À l’opposé, il y a Glen Ross. Dans la pièce, Shelly Levene était autrefois un vendeur hors pair, mais il est maintenant tombé très bas pour être remplacé par Richard Roma qui est désormais le nouveau meilleur vendeur. Mon interprétation du titre est qu’il met en avant ce concept d’évolution et de changement, ce passage des anciennes aux nouvelles méthodes.

L.S.Qu’est-ce qui vous a motivée à monter ce projet ?

R.P. : Le fait tout d’abord qu’il s’agisse d’une troupe entièrement composée de femmes, alors que la pièce est écrite pour des hommes. De plus, c’est un texte génial et très intéressant; il capture vraiment la manière dont les gens parlent dans la vraie vie. Pour toutes ces raisons, je trouve ça très excitant de travailler sur ce projet.

L.S.Le fait que le texte soit interprété par des femmes tend-il à prouver que les thèmes abordés par la pièce sont universels et pas seulement liés aux hommes ?

R.P. : Je ne sais pas s’ils sont universels. Nous ne verrions pas une femme agir de la même manière que ces hommes dans la pièce. Ce que j’espère néanmoins, c’est que ces mots, dits par des femmes, puissent être entendus par le public et apporter un nouveau regard sur la manière dont les hommes se comportent entre eux. Le but est que les gens se posent des questions à la fin de la représentation.

La troupe de Glengarry Glen Ross. | Photo de Megan Verhey

La troupe de Glengarry Glen Ross. | Photo de Megan Verhey

L.S.Vous définissez Glengarry Glen Ross comme étant une pièce masculine, dissociant ainsi les notions de masculinité/féminité et d’homme/femme. Pourriez-vous élaborer un peu plus pour nous ?

R.P. : Les notions d’homme et de femme font référence au sexe, alors que la masculinité et la féminité font référence au genre. Être « masculin » ne veut pas dire être un homme; c’est différent.

Il y a une sorte de bagage associé avec cette idée que si un homme n’est pas masculin, il n’est pas hétéro, ou il ne peut pas être un bon père, etc. C’est pareil pour une femme avec la notion de féminité.

L.S.Du coup, dans cette pièce, qu’advient-il des relations et des échanges entre les personnages maintenant qu’ils sont interprétés par des femmes ?

R.P. : Les comédiennes jouent avec un comportement et une attitude « d’homme ». Naturellement, elles auraient tendance à être maternelles, mais ici elles jouent comme un homme le jouerait. Il est intéressant de constater que c’est possible de le faire et de voir ce qu’il en ressort, même si agir et réagir de cette manière est assez inhabituel pour elles.

L.S.Qu’est-ce que cela leur a permis d’achever à titre personnel ou humainement parlant ?

R.P. : Pour elles, ça a été un défi intéressant car elles ont pu intégrer des éléments qui leur étaient étrangers. Je pense notamment à un atelier au cours duquel nous avons travaillé sur la manière dont un homme se déplaçait, ainsi que sur les tactiques qu’il utiliserait dans telle ou telle circonstance pour parvenir à ses fins.

L.S. : Merci Rachel. Autre chose que vous souhaiteriez rajouter ?

R.P. : Je pense avoir tout dit (rires). Je dirais juste que c’est une pièce qui est vraiment excitante et amusante.

Glengarry Glen Ross
Du 6 au 27 juin aux Baumont Studios, 326 West 5th Avenue, Vancouver
Infos, billets et réservations :
www.ticketstonight.ca ou
www.classicchic.ca