Deux sports de l’Hexagone à la conquête de l’Ouest

Photo de Pétanque Québec

Photo de Pétanque Québec

En ce mi-temps printemps-été, alors que Vancouver dévoile chaque jour un peu plus ses atouts plein air, La Source s’intéresse à deux sports atypiques venus de l’Hexagone qui ont conquis ou qui tentent de conquérir les Britanno-Colombiens. Comment le parkour, cet art du déplacement, et la pétanque, jeu de boules associé à la Provence, se sont-ils frayés un chemin jusqu’ici ? Qui sont les pionniers de ces activités sportives plus ou moins prisées dans nos contrées ?

Depuis le début du mois, Vancouver peut s’enorgueillir d’accueillir le premier (et unique) site extérieur de parkour au Canada. Logé à Hastings, ce nouvel espace récréatif est l’un des résultats concrets du vaste plan visant à (re)dorer, en 20 ans, les médailles du parc Hastings et de PNE. Mais, coup de sifflet ! D’où sort ce sport au nom fleurant bon les années 1990 ?

Cette pratique s’est d’abord fait un nom à Lisses, en France, grâce à David Belle et à son groupe de « traceurs », en vedette dans le film Yamakasi. Bien que traceurs, ces derniers s’inscrivent dans les pas de George Hébert, fondateur de la méthode d’entraînement dite hébertiste, qui crée du « tout en un » en brassant 10 activités sportives telles que le saut, la natation, la marche et le lancer. Marin et lieutenant de vaisseau ayant parcouru le monde, il paraît que lui-même s’est inspiré, pour développer l’hébertisme, des activités courantes de ceux que l’on appelait alors les « indigènes »… Plus près de nous, sans doute, James Bond n’est pas tout à fait étranger à la percée du parkour, grâce à une scène du film Casino Royale ayant marqué les esprits. Mais c’est surtout à un autre Français, Sébastien Foucan, que l’on doit la reconnaissance du parkour dans le monde anglo-saxon, grâce au documentaire Jump London, diffusé en 2003 par la BBC.

Le parkour du combattant

Wikipédia aidant, le parkour est « une activité physique qui vise un déplacement libre et efficace dans tous types d’environnements, en particulier hors des voies de passage préétablies. Ainsi les éléments du milieu urbain ou rural se transforment en obstacles franchis grâce à la course, au saut, à l’escalade, au déplacement en équilibre, à la quadrupédie, etc. »

Pour Rene Scavington, pionnier de la discipline à Vancouver et propriétaire du Origins Parkour Facility, un centre sportif spécialisé sur Main Street, avec le parkour, « tout obstacle sur la route devient un défi physique ». Pratiqué en roue libre, sans institution reconnue pour l’encadrer, le parkour a ainsi mis du temps à se faire accepter, y compris ici.

D’après Scavington, l’ouverture du centre Origins et du site extérieur de parkour à Hastings est « le résultat de 10 ans de travail. (…) Les amateurs de parkour réclamaient depuis longtemps un espace réservé, car ils se faisaient souvent bannir des espaces publics alors qu’ils souhaitaient simplement s’entraîner et pratiquer leur art. J’avais d’ailleurs approché la ville à ce sujet il y a cinq ans. » Aujourd’hui, Scavington affirme recevoir au centre Origins plus de 500 visites par semaine, signe que la popularité du parkour ne cesse de grandir. Et, précise-t-il, « contrairement à ce que l’on pourrait penser, le parkour est pour tout le monde. Quiconque peut en tirer bénéfice, quel que soit son âge. »

Un grimpeur s’entraîne au centre Origins Parkour. | Photo de Origins Parkour

Un grimpeur s’entraîne au centre Origins Parkour. | Photo de Origins Parkour

Entraîneur, il développe pour son centre une méthode qui, comme pour la plupart des sports, part d’un ensemble de gestes et de mouvements de base que l’on développe ensuite dans des contextes et des situations de plus en plus variées et compliquées. Prix pour un premier cours d’initiation ? 23,44 $.

Les boules déboulent

Peut-être moins exigeante physiquement, mais tout aussi ludique pour qui aime le bouchon (ou
« cochonnet », dans le jargon), la pétanque compterait quelque 200 000 adeptes au Canada, essentiellement localisés au Québec. « C’est un sport qui peut se pratiquer à peu près partout et qui demande un investissement financier minime », explique Vivien Virgili, vice-président de Pétanque Canada.

Popularisé dès le début des années 1950 dans la Belle Province à l’initiative de Jean Raffa à Montréal et de Jean Fuschino à Québec, ce jeu de boules importé de France peine toutefois à se faire connaître à l’ouest. La Chambre de commerce francophone de Vancouver avait bien coutume, il y a quelques années, d’organiser un tournoi de pétanque pour ses membres, mais il n’existe aucune association provinciale reconnue et il est difficile d’en trouver trace sur la Toile britanno-colombienne… On est donc loin de l’Amicale à la Pagnol, même si les choses pourraient évoluer.

Pour Vivien Virgili, en changeant de nom en octobre 2014, la Fédération canadienne de pétanque, devenue Pétanque Canada, a également changé de mission : « Elle s’est donné pour but de fédérer une à deux provinces par an et l’une des premières visées est la Colombie-Britannique ». Des concours et des événements corporatifs pourraient ainsi voir le jour ici et se multiplier, appuyés par une nouvelle direction des communications qui « travaille sur tous les outils promotionnels pertinents ».

Même si, dans l’imaginaire populaire, la pétanque n’est sûrement pas la plus « branchée» des activités, les jeunes ne sont pas laissés en rade. « [Ce] sont nos interlocuteurs privilégiés, d’où notre développement sur les réseaux sociaux », souligne Vivien Virgili. Et à bon entendeur : « Cette année a lieu la sélection de l’équipe nationale junior pour représenter le Canada au Championnat mondial junior en Thaïlande, en octobre. »