Changement climatique : être ou ne pas être militant ?

Photo d’Oxfam International

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Un hiver où la neige se fait désirer et un printemps semblable à un début d’été, les Vancouvérois n’ont pas besoin d’aller bien loin pour constater les effets du changement climatique. Alors que bon nombre de scientifiques – à commencer par ceux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) qui ont obtenu le prix Nobel de la paix – constatent une augmentation annuelle des températures, prédisent des phénomènes météorologiques extrêmes fréquents, et mettent en garde concernant l’impact sur la santé. La question se pose de savoir si l’on peut faire quelque chose pour enrayer ce phénomène, et quelle forme prendrait cette action. Être ou ne pas être militant ?

Dr. Guy McPherson, professeur émérite a l’Université d’Arizona. | Photo de Guy McPherson

Dr. Guy McPherson, professeur émérite a l’Université d’Arizona. | Photo de Guy McPherson

Professeur émérite en écologie, ressources naturelles et biologie de l’évolution à l’Université d’Arizona, le Dr. Guy McPherson tentera de répondre à cette question lors d’une conférence à Vancouver le 12 juin prochain. Un événement suivi d’une session de questions-réponses avec le public. Selon lui, « un changement climatique abrupt est en chemin et il est impossible de le stopper ». Un changement qui se manifestera par exemple par une différence de température de 5° C au cours de dix prochaines années. « Le méthane responsable de ce changement est déjà relâché dans l’atmosphère, et il est relâché de manière exponentielle. Il n’y a pas moyen de le ralentir ou de l’arrêter. Le bateau a déjà heurté l’iceberg à pleine vitesse ».

« La civilisation est une cellule de prison qui encourage à la consommation »

La bataille est-elle perdue d’avance ? À la question de savoir si nos politiciens sont en mesure de faire quelque chose, le Dr. McPherson répond que « personne ne partira en campagne pour se faire élire sur un programme proposant de supprimer ou de réduire considérablement l’électricité. La civilisation est une cellule de prison qui encourage à la consommation. Elle produit de la chaleur, et il n’y a pas moyen d’utiliser la civilisation pour défaire ce qu’elle a fait ».

Où placer notre militantisme dans ce cas, si tant est que nous en soyons animés ? Le Dr. McPherson, qui se définit comme un activiste contre-culture, explique que le changement climatique est un symptôme et propose de se poser la question suivante : comment vivre notre vie tout en sachant ce que nous savons aujourd’hui ? « J’encourage les gens a faire ce qu’ils aiment. Il y en a qui font leurs propres vêtements par exemple, et d’autres qui résistent à la culture dominante à leur propre manière ». Une culture dominante que le Dr. McPherson trouve d’ailleurs horrifiante et qu’il choisit de contrer : « La plupart des gens courent après l’argent. Il est important qu’ils commencent à penser par eux-mêmes et qu’ils arrêtent de faire ce que tout le monde croit être normal. Qu’est-ce que je fais de ma vie ? Ai-je un objectif ? Quel est mon rôle dans l’univers ? La vie est courte… En ce qui me concerne, j’essaie de m’éloigner de l’impérialisme et de promouvoir l’économie du don. »

Le changement climatique comme symptôme d’une société malade ? Vu de cette manière, il serait en effet ridicule de vouloir directement lutter contre le changement climatique ; si la société elle-même ne change pas, le symptôme ne disparaîtra pas. Un message que le Dr. McPherson tente de faire passer à travers ses livres ou au cours de ses conférences. C’est sa manière à lui d’être militant.

Responding to Abrupt Climate Change avec le Dr. Guy McPherson
Le 12 juin a 19h
Heartwood Cafe
317 Broadway Est, Vancouver