Indian Summer festival : « Un regard actuel sur l’art et la culture contemporaine en Asie du Sud »

Amjad Ali Khan et ses fils, joueurs de sarod, un type de luth indienne.

Amjad Ali Khan et ses fils, joueurs de sarod, un type de luth indienne.

Avec sa programmation originale et haute en couleurs, le Indian Summer Festival qui se tient du 9 au 19 juillet veut faire mentir un récent article de la section Gulliver du journal britannique The Economist selon lequel la ville de Vancouver est une ville particulièrement ennuyeuse.

Un festival que l’on doit à Sirish Rao et son épouse. Ensemble, ils créent cet événement en 2011 et en deviennent respectivement directeur artistique et directrice administrative. Dès sa création, les époux souhaitent que le festival incarne un pont culturel et artistique entre l’Asie du Sud – Inde, Pakistan, Sri Lanka, Fidji – et Vancouver. Lorsqu’il y arrive en 2006, Sirish Rao est confronté à la grande différence culturelle entre son pays d’origine et la Colombie-Britannique : « C’était vraiment l’opposé de ce que j’avais vécu et j’ai remarqué le peu de circulation culturelle et artistique entre ces deux mondes ».

Sirish Rao est alors bien préparé à relever le défi de créer un festival de cette envergure. En Inde, il est un écrivain reconnu, éditeur de livres, et impliqué dans le Festival littéraire de Japur, au nord-ouest du pays. Il s’aperçoit qu’il y a à Vancouver peu d’événements s’intéressant au monde intellectuel et artistique contemporain de l’Asie du Sud. « Afin d’enrichir une culture, il faut une diversité de voix, et ces voix doivent donc venir de lieux différents », ajoute-t-il.

« L’an dernier, plus de la moitié des spectateurs n’étaient pas originaires d’Asie du Sud »

Le festival se devait donc d’avoir une programmation diversifiée et de qualité. Elle se reflète par la sélection éclectique d’artistes en arts visuels, musicaux, cinématographiques, ou encore en termes d’installations publiques. Au programme également, des forums et conférences qui touchent à la culture, la littérature et même à la scène. « Le festival doit être un catalyseur, pour une meilleure compréhension et un enrichissement réciproque entre ces deux régions du monde », souligne Sirish Rao. « Nous voulons avant tout amener des artistes et conférenciers de qualité, non seulement pour la communauté originaire d’Asie du Sud, mais aussi pour tous les gens du Grand Vancouver qui s’y intéressent. Notre sondage de l’an dernier indique d’ailleurs que plus de la moitié des spectateurs n’étaient pas originaires d’Asie du Sud. Cela nous fait vraiment plaisir », s’enthousiasme le créateur d’Indian Summer Festival. L’équipe organisatrice espère ainsi que le public sera à nouveau au rendez-vous cette année et que le festival fera mentir les mauvaises langues qui trouvent Vancouver ennuyeuse.

Des spectacles, expériences artistiques et conférences uniques

C’est donc ainsi qu’Aradhana Sethe, le directeur artistique du film de Wes Anderson The Darjeeling Limited, promènera son kiosque photographique à travers les rues de Vancouver tout en photographiant ceux souhaitant y participer. Amjad Ali Khan, le grand joueur de sarod – un type de luth à 19 cordes utilisé en musique indienne classique – donnera un spectacle avec ses fils. « Un spectacle inoubliable », dit-on. Un autobus public de Vancouver sera également transformé en autobus « coloré », du type de ceux que l’on retrouve souvent en Inde. Une présentation audiovisuelle sur le Jazz à Bombay dans les années 30, suivie d’une fête dansante avec DJ, clôturera le festival.

Dans sa présentation intitulée Memories, Silences and Traumas, l’écrivaine Padma Viswanathan tentera de partager la profonde signification de la tragédie d’Air India pour la communauté indienne. En 1985, l’avion qui assurait la liaison Montréal et Bombay explose en plein vol et tue les 329 personnes à bord : il s’agit de l’attaque terroriste la plus grave de l’histoire du Canada.

Enfin, une conférence sur la violence et la religion dans le monde sera également donnée par Reza Aslan, conférencier iranien renommé exerçant aux États-Unis. Il aura pour but d’éclairer le public sur la situation actuelle en Irak et en Syrie. Des forums et conférences qui veulent approfondir la compréhension et la connaissance d’une partie du monde d’où plus de 250 000 personnes du Grand Vancouver sont originaires, selon Statisque Canada.

En somme, ce festival ne se veut pas simplement être un regard orienté sur le meilleur de la tradition, il met aussi l’accent sur l’art contemporain d’Asie du Sud. La mission du Indian Summer Festival est aussi de contribuer à l’enrichissement créatif des artistes, autant d’ici que de l’Asie du Sud. Au cours des trois dernières années, le Festival a permis à des artistes de continents opposés de travailler ensemble sur des projets conjoints et de s’influencer mutuellement. Cette année, le Festival a aussi invité Anupam Kher, une grande star du cinéma en Asie du Sud. Il a notamment joué dans des films de Woody Allen et de Wes Anderson, et parlera de son expérience de travail dans ces deux mondes que le Festival essaie de rapprocher.

www.indiansummerfest.ca