Jewish Independent : 85 ans et encore adolescent

Le journal communautaire Jewish Independent fête cette année son 85e anniversaire. L’occasion de présenter ce bihedomadaire vancouvérois qui ne connaît (presque) pas la crise et dont la durée de vie ainsi que la foultitude de projets à venir peuvent faire pâlir d’envie les grands titres de la presse classique.

« Fébrile mais bien vivant et tenace ». C’est par ces mots que Cynthia Ramsay qualifie son journal, Jewish Independent, anciennement connu sous le nom de Jewish Western Bulletin. Malgré les nombreux changements de propriétaires à travers les décennies, le principal mandat de ce bihebdomadaire gratuit fondé en 1930 a toujours été de mettre en lumière les accomplissements de la communauté juive, et de transmettre les valeurs de la culture hébraïque.

« Quatre-vingt-cinq ans plus tard, nous sommes encore debout. Je ne comprends pas vraiment comment nous y sommes parvenus… c’est un petit miracle ! », confie Cynthia Ramsay qui ajoute fièrement que le journal est rentable. Ses 2 000 copies sont actuellement distribuées dans 35 points à travers le Grand Vancouver, contre une dizaine lorsque Cynthia Ramsay a repris les rênes en 1999. Le site web affiche en plus quelque 6 000 visiteurs par semaine.

Les journaux communautaires ont l’habitude des difficultés financières !

« Contrairement à la croyance populaire, les journaux communautaires ne riment pas forcément avec ‘déficitaire’. Ils survivent et, même pour certains, vivent très correctement grâce à la débrouille », commente Dale Bass, directrice de l’Association canadienne des journalistes pour la Colombie-Britannique et le Yukon. Et d’ajouter : « Ils ont l’habitude d’avoir affaire à des difficultés financières, des coupures et des crises de tous genres ! »

Selon cette professionnelle qui évolue elle-même depuis 15 ans dans le secteur des journaux communautaires, ces derniers tiennent également le choc contre vents et marées grâce « à leur proximité avec la communauté » Une proximité que tendent à sacrifier les grands titres de la presse classique sur l’autel de l’économie budgétaire. « Les petites entreprises locales aiment acheter de la publicité dans les journaux communautaires, nous sommes plus proches d’eux que les grands quotidiens », explique Dale Bass.

La situation reste toutefois « précaire et fragile », assure Cynthia Ramsay. « Le Jewish Independent a été frappé comme tout le monde par la crise de 2008, notre équipe est passée de dix à quatre personnes… Mais notre plus grande difficulté, c’est de trouver les ressources pour amorcer le virage du numérique. Nous sommes très en retard mais je préfère que nous prenions notre temps », explique-t-elle.

Passer d’une ligne éditoriale radicale à ouverte

En 85 ans, le Jewish Independent a vu ses Unes évoluer. | Photo de Jewish Independent

En 85 ans, le Jewish Independent a vu ses Unes évoluer. | Photo de Jewish Independent

Depuis qu’elle a pris la direction du journal à la fin des années 1990, Cynthia Ramsay a surtout mis l’accent sur sa ligne éditoriale. « Nous voulons être un lieu d’échange et d’ouverture, où toutes les opinions peuvent s’exprimer. Ce qui n’était pas toujours le cas de mes prédécesseurs qui avaient une ligne plus radicale, une ligne dirigée par certaines idéologies », raconte-t-elle. Pour redresser la barre, elle tisse des liens forts et ouvre ses colonnes à tous les points de vue, quitte à recevoir des critiques ou même à être perçue comme une anti-Israël. Photos, vidéos, textes, communiqués de presse, l’équipe du Jewish Independent compte énormément sur les contributions de la communauté pour remplir son journal qui traite aussi bien de thématiques locales qu’internationales.

Les sujets les plus délicats, notamment en géopolitique, sont confiés à un ou deux journalistes « dignes de confiance et que je sais objectifs », explique Cynthia Ramsay. Même prudence avec ses sources d’information. « Les sites JNS.org et TheMedialine.org sont, par exemple, assez bons. Israel21c.org a aussi de bons angles mais je m’inspire surtout de leurs sujets culturels, les autres étant parfois trop partiaux », estime-t-elle.

Satisfaite de l’ouverture du journal et de sa direction éditoriale, Cynthia Ramsay pense désormais à l’avenir…. numérique bien sûr ! « Je recherche un partenaire d’affaires qui puisse nous aider à embrasser l’ère numérique. J’ai besoin de quelqu’un qui a une vision dans ce domaine, quelqu’un qui aime relever les défis et évidemment qui apprécie et connaît le judaïsme. » Le message est passé.

www.jewishindependent.ca