Meklit : une artiste d’éthio-jazz aux multiples facettes

Meklit Hadero sera à la bibliothèque West Vancouver Memorial le 26 juin à 19h30. | Photo par Cody Pickens

Meklit Hadero sera à la bibliothèque West Vancouver Memorial le 26 juin à 19h30. | Photo par Cody Pickens

Dans le cadre du festival de jazz de Vancouver, Meklit Hadero donne un concert d’éthio-jazz le 26 juin à 19h30 à la bibliothèque West Vancouver Memorial. La musique de Meklit, née en Éthiopie et a grandi en Amérique, est le fruit de nombreuses influences. Elle nous présentera son dernier album We Are Alive et donnera un avant-goût de son prochain disque avec quelque unes de ses dernières productions.

L’éthio-jazz est une forme de jazz née en Éthiopie à la fin des années 1950. Mulatu Astatke, premier étudiant africain au Collège de musique de Berkley, est connu comme le père de ce genre musical. Il a ramené de ses années en Occident des influences de jazz, d’afro-funk et de soul pour les incorporer à la musique traditionnelle éthiopienne. La pop américaine et la musique latine trouvent aussi leur place dans le développement de l’éthio-jazz. Le style musical connaît une redécouverte en Occident dans les années 90 grâce à la réédition des albums dans la collection « Éthiopiques » et le film Broken Flowers de Jim Jarmusch. Selon Meklit « il reste beaucoup à découvrir et (son) prochain album est consacré à cette exploration ».

F_p8_meklit_2Une vie en mouvement et une identité sans frontières

Meklit Hadero arrive d’Éthiopie à l’âge de deux ans. Elle vit dans cinq états – Ohio, New York, Floride, Connecticut, Washington – avant de poser ses valises sous le soleil de San Francisco à l’âge de 24 ans. Ces déménagements constants l’ont entraînée à la vie en tournée et amenée à une révélation : « le foyer est quelque chose que l’on emmène avec soi où que l’on aille ». Par conséquent, elle a développé deux aptitudes : « être à l’aise pour rencontrer de nouvelles personnes et être ouverte à de nouvelles expériences ». En plus de sa vie en mouvement, Meklit baigne dans la double culture des « immigrants de première génération ». Ses parents, physiciens de formation, élèvent leurs enfants dans un foyer éthiopien. Mais Meklit n’associe son identité ni à un territoire ni à une culture en particulier, l’identité est pour elle « une notion fluide et large ». Cette vie en mouvement et son identité sans frontières sont le terreau de ses chansons à texte. Chacun de ses morceaux est une collection d’histoires et de sentiments.

Musicalement, elle grandit entre la musique traditionnelle éthiopienne et la pop américaine. Mais comme beaucoup de jeunes de sa génération, Michael Jackson était son idole. Avec le temps, elle acquiert un intérêt particulier pour le jazz et les chansons à texte. Il faut attendre la fin de ses études en sciences politiques à Yale et son emménagement à San Francisco pour que Meklit Hadero considère la musique comme une carrière.

Plus que des notes de musique : une voix engagée

Meklit a toujours su qu’elle serait une artiste, sans savoir comment s’y prendre. Enfant elle voyait deux chemins : « un qui conduisait à une sorte de culte de la célébrité mais ce n’était pas vraiment (son) truc. La seconde voie était une approche plus académique de la musique qu’ (elle) n’appréciait pas particulièrement ». A son arrivée en Californie et au hasard des rencontres, elle fait la connaissance d’un groupe d’artistes connectés et engagés avec le monde qui les entoure. « Cette communauté est devenue mon modèle, mon groupe, mon auditoire », explique Meklit Hadero.

La musique est, selon elle « un medium qui nous permet d’être reliés les uns aux autres, de mieux nous connaître, d’être plus forts et d’articuler le monde de demain ». Elle prend de nombreuses initiatives fédératrices dont le projet Nil, crée en 2011 en collaboration avec l’ethno-musicologue égyptien Mina Girgis. Ce projet musical veut protéger le Nil des tensions qui l’agitent. « Nous souhaitions engager une conversation entre les artistes de ces onze pays et créer une identité dynamique du Nil à travers la musique », explique Mina Girgis au journal Le Monde. Pour Meklit, il est essentiel que musiciens et artistes soient impliqués dans la résolution de ce type de conflits, au même titre que les politiciens et les ingénieurs.

Le 26 juin à 19h30 à la bibliothèque West Vancouver Memorial

Entrée libre