Marina Schmitt : « Redéfinir le féminisme »

Marina Schmitt, présidente  de Réseau-Femmes. | Photo de Réseau-Femmes

Marina Schmitt, présidente
de Réseau-Femmes. | Photo de Réseau-Femmes

Depuis le 7 juin dernier, Marina Schmitt est devenue la présidente de Réseau-Femmes et remplace ainsi Céline Sauvage qui occupait le poste depuis quatre ans. Un choix qui s’inscrit dans une logique de continuité pour celle qui a préalablement exercé des fonctions de secrétaire puis de vice-présidente au sein du conseil d’administration de l’organisme francophone créé en 1990 afin de défendre les droits et les intérêts des femmes francophones de Colombie Britannique. Un engagement qui date de son arrivée à Victoria il y a cinq ans après une vie professionnelle en grande partie passée à Ottawa dans le domaine de la traduction. En cette année particulière marquée par les 25 ans de la structure, la native de l’Ile-du-Prince-Édouard dresse un état des lieux de la situation et présente les défis à venir. 

La Source : Pourquoi avoir décidé de prendre la présidence de Réseau-Femmes ? 

Marina Schmitt : Cela faisait cinq ans que j’étais membre de cette association qui a été mon premier rapport avec la francophonie locale quand je suis arrivée dans la province. Même après une coupure en raison de mes activités professionnelles j’ai toujours senti en moi un profond intérêt pour la cause des femmes. Être une femme dans un milieu minoritaire est un contexte particulier qui m’intrigue. J’ai ça dans la peau.

L.S.Quelle vision avez-vous de Réseau-Femmes ? 

M.S. : C’est un organisme qui permet aux femmes de prendre conscience de leurs possibilités et de leurs droits en leur donnant les bons outils. Pour moi, il ne s’agit pas de féminisme. C’est en tous cas une définition qu’il convient de revoir en rapport avec la réalité d’aujourd’hui. Les mots en –isme en français ont souvent une connotation péjorative. Dans notre cas, il ne s’agit ni de militantisme ni d’activisme. Cela n’a plus rien à voir avec les années 70 et les manifestations, même si cette période qu’ignorent souvent beaucoup de jeunes femmes leur a finalement permis de vivre de la façon dont elles le font actuellement.

L.S. : Quel bilan faites-vous du mandat de Céline Sauvage ? Souhaitez-vous continuer le travail accompli ou vous démarquer ? 

M.S. : Céline Sauvage a mis en place des choses désormais bien rodées. Elle a aussi bien travaillé sur la planification stratégique qui était un des défis de l’an dernier. En ce sens, je compte m’inscrire dans la continuité. Je compte aussi travailler à accroître le nombre de partenariats.

L.S.Quel regard portez-vous sur la cause des femmes en milieu minoritaire francophone ? Qu’est-ce-qui différencie cette cause de celle de leurs consœurs anglophones ? 

M.S. : En ce qui concerne les femmes francophones de la province, il s’agit avant tout d’une question d’intégration sur le plan familial, social et professionnel. Il s’agit de faire en sorte qu’elles aient autant de possibilités que leurs consœurs anglophones.

L.S.Quel est le profil actuel des femmes francophones britanno-colombiennes. D’où viennent-elles?

M.S. : Cela varie beaucoup d’une région à l’autre de la province. Une majorité d’entre elles sont des femmes arrivées au Canada et qui ont entre 25 et 45 ans. Il s’agit de femmes qui cherchent à s’intégrer et qui utilisent avant tout le français à la maison.

L.S.Comment qualifiez-vous le niveau de visibilité de Réseau-Femmes ? 

M.S. : Moyen. Il m’arrive souvent de rencontrer des femmes qui me disent avoir déjà entendu parler de Réseau-Femmes mais qui ne participent pas à nos activités pour autant. Nous avons récemment créé un comité de communication qui cherche à savoir comment augmenter ce niveau, notamment par internet, les réseaux sociaux ou encore les radios communautaires.

L.S. : Est-ce-que l’association pourrait s’ouvrir à des non-francophones telles que des francophiles qui s’intéressent à la cause des femmes en général par exemple?

M.S. : Absolument. C’est quelque chose que nous aimerions faire. Étant à Victoria, il m’arrive souvent de rencontrer des femmes francophiles qui s’intéressent à nos activités.

L.S.Quelles sont les principales réalisations de l’organisme depuis sa création ? 

M.S. : Tout d’abord, il faut souligner que nous sommes passées à 11 regroupements partout dans la province contre simplement quelques-uns à nos débuts. Nous comptons tout de même 250 membres à l’heure actuelle. Nous pouvons aussi nous appuyer sur des ressources mobiles avec une banque d’animatrices spécialisées qui interviennent régulièrement partout dans la province sur des thèmes aussi divers que la gestion financière, le yoga du rire ou encore la santé mentale.

L.S.Sur quels dossiers allez-vous travailler en priorité pour commencer ?

M.S. : La stabilité financière est la priorité principale pour assurer la pérennité financière. Il nous faut essayer de trouver des sources de financement différentes. Nous allons aussi fêter le 25e anniversaire de Réseau-Femmes en organisant un congrès en octobre pour réunir les membres.

 

Pour plus d’information sur Réseau-Femmes : www.reseaufemmes.bc.ca

Propos recueillis par Guillaume Debaene