Qui se cache derrière les feux d’artifice magistraux de la C.-B. ?

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Photo par JW Photowerks

Chaque été, plus d’un million de Britanno-Colombiens convergent sur les plages de la province pour assister à la saison des feux d’artifice. Lors de la Fête du Canada, mercredi dernier, déjà 450 000 personnes étaient rassemblées à Vancouver aux bords de la baie de Burrard, et des dizaines de milliers d’autres sur Canada Place. Les feux d’artifice sont donc un business lucratif en Colombie-Britannique : rencontre avec deux des maîtres de la pyrotechnie.

Célébration de la Fête nationale à la Place du Canada. | Photo par Jason Teale

Célébration de la Fête nationale à la Place du Canada. | Photo par Jason Teale

Parmi eux, la société Sirius, originaire du Québec. Elle n’est pas britanno-colombienne, mais emblématique dans la province puisque c’est cette entreprise qui était chargée des feux et de la pyrotechnique des Jeux d’hiver de Vancouver en 2010. « Ce fut un gros succès pour notre entreprise, et cela nous a notamment permis d’obtenir le contrat du GlobalFest de Calgary (festival international annuel de feux d’artifice créé en 2003, ndlr) de 2012 », explique Patrick Brault, président de Sirius. Le contrat courrait jusqu’à 2014, permettant à la société de produire la partie pyrotechnique de l’événement, et de s’imposer dans le domaine en Alberta, après la Colombie-Britannique.

Cet été, c’est notamment à la Celebration of Light que Sirius sera présent. Créé en 1995, l’événement accueille plusieurs équipes internationales dans un concours de feux d’artifice et de maîtrise pyrotechnique. Sûrement l’un des festivals les plus importants et les plus populaires de Vancouver, il attire chaque année environ 1,4 millions de personnes. Sirius ne gère pas ici la fabrication des feux, mais toute l’organisation qu’il y a autour. En contact avec les équipes participantes – Canada, Chine et Brésil cette année – Patrick Brault et son équipe coordonnent le spectacle : « Nous sommes par exemple en charge de l’importation des feux depuis les différents pays, de la gestion des barges pour le lancement », explique-t-il. Piloter ce projet demande « une logistique très complexe », un travail entamé en novembre 2014 mais qui représente 10 % du chiffre d’affaire annuel de Sirius.

Finalement, peu de feux originaires de Colombie-Britannique

Celebration of Light accueillera également l’entreprise Archangel, qui représentera alors le Canada avec ses feux le 1er août. L’entreprise gérée par Kelly Guille est une habituée du concours puisque ce sera sa quatrième édition. Sélectionnée pour la première fois en 2007, elle a depuis gagné à deux reprises : « Vu nos résultats passés, il n’y a rien de surprenant à ce que la Vancouver Fireworks Festival Society (VFFS) nous ait sélectionnés à nouveau », raconte le président d’Archangel. L’entreprise n’est pas de Colombie-Britannique elle non plus, mais du Manitoba. Ses feux produits en Chine, en Espagne, en Italie, aux États-Unis et au Mexique, sont ensuite acheminés jusqu’à Vancouver durant l’été. « C’est justement un de nos plus gros défis : le transport, le fret, la commande de produits particuliers d’affichage… C’est un travail colossal, mais nous sommes en permanence préparés à assurer ce genre d’événement ».

Plus d’un million de spectateurs participent à l’événement Celebration of Light de Vancouver. | Photo par Colink, Flickr

Plus d’un million de spectateurs participent à l’événement Celebration of Light de Vancouver. | Photo par Colink, Flickr

Que reste-il vraiment de cet art ancestral chinois ?

Le spectacle qu’offrent les plages de Colombie-Britannique aujourd’hui est bien loin de ce qu’on pouvait voir en Chine jadis. La pyrotechnique date du 2e siècle avant notre ère, alors bien rudimentaire, pour considérablement s’améliorer entre les 6e et 7e siècles. Ces petits bambous séchés explosant sous l’effet de la chaleur lorsque jetés dans le feu font place à l’utilisation de la poudre noire, un mélange de bitume, soufre, résine et salpêtre. Les feux sont remplis alors de cette résine, laissant éclater une pluie de flammes plus ou moins haut dans le ciel. Alors destinés à repousser des ennemis, ils attirent aujourd’hui les touristes. Bien que cet art ancestral chinois soit aujourd’hui devenu un vrai business, Patrick Brault de Sirius n’estime pas pour autant le dénaturer, mais plutôt le faire évoluer. Un avis partagé par Kelly Guille d’Archangel : « Il n’y pas de différence dans la manière dont les matières chimiques brûlent. La seule dissemblance, c’est que les techniques d’aujourd’hui sont plus sûres, autant pour les ouvriers fabriquant les feux, que pour ceux chargés de les propulser ». Moins d’accidents pour des feux plus hauts, plus variés, pour le plus grand plaisir des Britanno-Colombiens.