« Disgraced » : un prix Pulitzer adapté sur scène

Une scène de la pièce Disgraced. | Photo par Ross Den Otter

Une scène de la pièce Disgraced. | Photo par Ross Den Otter

Régulièrement, le Arts Club met en scène des œuvres qui ont marqué les esprits, qui sont subversives et déjà fortes d’un succès international. Nous écrivions un article l’année dernière sur leur adaptation de la très sulfureuse Avenue Q. Cette année, le théâtre remplit une nouvelle fois son mandat et nous propose de découvrir Disgraced d’Ayad Akhtar, gagnant du prestigieux prix Pulitzer en 2013 et traitant d’échelle sociale, de politique et d’immigration.

Comment réussir en Amérique ?

D’aucuns disent que, quand c’est fait intelligemment, il n’y a pas de sujet qui fâche ! Ici, l’une des questions abordées est comment réussir en Amérique. Et à plus forte raison, comment réussir en Amérique quand on est un immigrant de confession musulmane ?

Amir, le personnage principal de la pièce, travaille pour un prestigieux cabinet d’avocats dans la ville de New York et vit dans un élégant appartement de l’Upper East Side avec Emily, une artiste d’origine caucasienne. On apprend au fur et à mesure de la pièce qu’Amir Kapoor n’est pas le véritable nom du personnage : il s’appelle en réalité Amir Abdullah et a menti lors de son recrutement en disant qu’il était né en Inde et non au Pakistan. Il en va de même pour son neveu Hussein, changeant de prénom pour Abe Jensen, résidant aux États-Unis grâce à un visa et conscient que sa vie est plus facile depuis qu’il a changé de patronyme.

Deux éléments principaux bousculent le quotidien d’Amir : Abe, son neveu, vient un jour à son domicile pour le prévenir qu’un imam est soupçonné de terrorisme et qu’il a le devoir moral de le défendre. Amir dit qu’il a abandonné la religion musulmane depuis bien longtemps et se considère comme un apostat. Mais, poussé par son neveu et par sa femme Emily – elle a une bien meilleure image de l’islam que celle que s’en fait Amir –, il accepte de défendre cet imam. Sans donner plus de détails, cette décision n’apportera rien de bon dans sa carrière.

D’autre part, on voit le couple recevoir lors d’un dîner une collègue avocate afro-américaine d’Amir et son mari Isaac, un conservateur de musée. Les différences d’origines et de positionnement politique et culturel donnent lieu à des débats houleux et passionnants. Les rencontres vont évoluer au fil du temps et les liens imbriquant ces relations humaines s’avéreront plus complexes.

Nous n’en dirons pas plus concernant le contenu de la pièce pour ne pas gâcher ni le suspense ni votre plaisir.

« La pièce est puissante, l’écriture magistrale, les émotions explosives »

Voici comment Bill Millerd, directeur artistique du Arts Club, décrit la pièce Disgraced. « Quand j’ai entendu parler pour la première fois de la pièce d’Ayad Akhtar, j’ai été intrigué par le sujet et l’exploration de thèmes incendiaires », explique-t-il.

Bill Millerd reconnaît qu’il était également intéressé par le fait que la pièce avait reçu le prix Pulitzer 2013. « Je n’ai pas été déçu », ajoute-t-il sous forme d’un constat purement rhétorique ! Après avoir lu la pièce, Bill Millerd l’a directement envoyée à l’actrice et metteuse en scène Janet Wright. Cette dernière l’a adorée et a décidé qu’elle souhaitait en diriger l’adaptation.

Lors d’un entretien récent, Ayad Akhtar a parlé de son processus créatif et de ce qui a motivé l’écriture de sa pièce : « Si vous êtes réellement un artiste, vous ne voulez pas dire aux gens ce qu’ils savent déjà, vous ne voulez pas dire aux gens ce que vous savez déjà. Je pense que vous avez compris qu’à un certain moment, ce qui est vraiment intéressant est découvrir quelque chose d’inconnu. »

Akhtar est un fils d’immigrants pakistanais de la région du Punjab. Décrivant le milieu dont il est issu comme très « bruyant » avec des représentants voyants, Akhtar a été sensibilisé très jeune « aux extravagantes polarités dont les humains sont capables ». Cette observation se retrouve indéniablement dans les mots durs et directs de sa pièce de théâtre.

Disgraced a le pouvoir de nous faire réfléchir et de pousser la réflexion au-delà des limites du politiquement correct. À n’en pas douter, cette pièce forte saura trouver résonance sur la scène vancouvéroise, où le pluriculturalisme, même s’il ne soulève pas les mêmes extrêmes qu’aux États-Unis, possède indéniablement une place importante.

Interview de Bill Millerd, directeur artistique du Arts Club à propos de la pièce Disgraced : 

Disgraced

Du 17 septembre au 18 octobre
Au Stanley Industrial Alliance Stage, 2750 Granville Street

Places à partir de 29 $, plus d’informations sur place ou sur le site internet du Arts Club
www.artsclub.com.

Agenda

Concert Nouvelle Scène : Isabelle Longnus
Le 25 septembre à 20 h
Au Studio 16,1555 7e Avenue Ouest

Entrées de 5 $ à 10 $

Auteure-compositrice-interprète vancouvéroise, Isabelle Longnus proposera une représentation intimiste et enflammée de son dernier album Code Bleu.

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Fête de la culture

Les 25, 26 et 27 septembre
Au Centre francophone de Maillardville, 942 B avenue Brunette, Coquitlam

L’entrée est gratuite

Pour la célébration annuelle de la Fête de la Culture, la Société francophone de Maillardville (SFM) présente un programme inédit intégrant la réalité francophone actuelle. Cette culture sera partagée sous trois angles avec un volet cinématographique, littéraire et culinaire.

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Exposition de Diane Roy

Du 29 septembre au 30 octobre
Vernissage le premier octobre du 18 h à 20 h en présence de l’artiste
Au Centre Culturel Francophone, 1555 7e Avenue Ouest

Entrée gratuite

Née en Ontario, Diane Roy est diplômée en art et littérature du collège de Rouyn, Abitibi, Québec en 1977. Elle est également diplômée en beaux-arts et en éducation à l’Université du Québec à Chicoutimi en 1980. Ses créations seront exposées pendant un mois.