La valse à mi-temps

Il est beaucoup question de temps ces derniers temps. Les conditions météorologiques et la politique canadienne y sont pour quelque chose. Pensez-vous que le beau temps que nous avons eu cet été va persister ? Est-ce que nous aurons la pluie après le beau temps ? Les élections, c’est dans combien de temps ? Croyez-vous que les conservateurs vont avoir assez de temps pour remonter la pente ? Quel est l’emploi du temps des chefs de parti ?

Le temps passe, le temps presse, nous n’avons plus que quelques semaines avant les élections. Nous avons passé la mi-temps. Avons-nous suffisamment de temps pour choisir notre candidat en toute connaissance de cause ? De temps en temps, je jette un coup d’œil sur les leaders, histoire de me laisser influencer. Quelle perte de temps! Harper passe son temps à colmater les brèches. Trudeau attend le temps venu et non celui des déconvenues. Mulcair, pour sa part, estime qu’il est temps d’élire un gouvernement à sa mesure. Quant à Élizabeth May, elle sourit vert, et non jaune, en tout temps. Les électeurs sont contents. Cela fait passer le temps.

Puisque j’ai beaucoup de temps à perdre et que cela ne me dérange pas de vous faire perdre le vôtre, permettez-moi de faire une pause pendant la mi-temps et de m’intéresser, l’espace d’un instant, aux différentes notions du temps qui nous préoccupent ces temps-ci et dont j’ai dressé une liste non exhaustive.

Le temps des fêtes. Les fêtes arrivent à grand pas. Des sapins de Noël ont déjà fait leur apparition dans certains grands magasins. C’est le temps des « fêtes » vos achats. Je ne voudrais pas jouer les trouble-fête, mais en jetant un regard critique sur les malheurs qui frappent le monde, c’est à se demander ce qu’il y a lieu de célébrer. Que les fêtards inquiets se rassurent, la messe de minuit ne sera pas annulée et le champagne coulera à flots pour le réveillon. Nos soucis, cette nuit là, s’évanouiront et notre mauvaise conscience exigera, et obtiendra, une journée de congé.

Un temps de paix. Un temps qui expose notre fragilité. Ce temps là se situe toujours entre deux guerres. Nous avons l’impression, nous Canadiens, d’être en temps de paix actuellement. Erreur. Nous sommes en guerre. Cela doit surprendre quelques-uns d’entre vous mais c’est un fait qu’on ne peut ignorer. Nous avons des avions qui bombardent les forces de l’État Islamique en Irak et en Syrie. Nous sommes militairement impliqués en Ukraine. Alors ne nous berçons pas d’illusions. Oui, mesdames et messieurs, nous sommes en guerre. Le temps d’une paix reviendra le jour où le Canada aura repris son rôle, un rôle qui lui convient si bien, un rôle pacifique. Stephen Harper et ses conservateurs l’ont oublié. Ils devraient revisiter l’histoire du Canada, où il est question d’un certain Lester B. Pearson qui avait clairement indiqué la marche à suivre en matière de politique étrangère : faire du Canada un interlocuteur respecté et de confiance au niveau international. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La paix a ainsi perdu un allié et a pris du plomb dans l’aile.

Un temps de réflexion. Il n’en reste plus beaucoup. Dans presque un mois les dés seront jetés. Grâce à vous, ou à cause de vous, le sort du Canada et des candidats aux élections fédérales sera scellé. Avant que vous ne montiez en selle et ne vous engagiez résolument, j’ai préparé quelques outils de réflexion qui pourraient vous être d’une grande utilité. Je vous en livre l’essentiel. De tous les candidats en lice qui, d’après vous, sera le plus en mesure de prendre soin de votre chat ou de votre chien pendant votre absence ? Qui, vu de votre jardin, ressemble le plus à un légume ? Laquelle ou lequel vous fait le moins mal lorsqu’il ou elle vous marche sur les pieds ? Cet exercice devrait, en principe, faciliter votre choix.

Le temps des records : que dites-vous du record que vient de battre la reine Élizabeth II avec ses 63 ans et 216 jours au pouvoir, reléguant ainsi aux oubliettes la reine Victoria ? Je ne pense pas toutefois que Charles apprécie les prouesses de longévité de sa maman. Celui qui ne sera jamais roi devra se contenter de ramasser les miettes que les Corgis de la reine auront bien voulu laisser sur leur passage.

Et que dire de ce record menacé ? Si Stephen Harper obtenait la majorité et, par conséquent, était de nouveau élu premier ministre, il battrait le record du plus long mandat donné à un chef de gouvernement canadien. Pensez-vous vraiment qu’il mérite cet honneur ?

Le temps d’agir. Le temps de la révolte a sonné. Le 19 octobre prochain, prononçons-nous pour un Canada de bon aloi. Élisons, ma chère Élise, un chef qui aura le mérite de ne plus nous embarrasser. De plus et en attendant (et contrairement au gouvernement actuel), soyons généreux, ouvrons grandes les portes de cet immense pays aux réfugiés ou aux migrants (appelez-les comme vous voulez) qui ont, tout comme vous et moi, droit à une vie meilleure. N’oublions pas, O! Canada, qu’à l’exception des Premières Nations, ce pays n’est pas la terre de nos aïeux. Nos aïeux venaient d’ailleurs.