Tout beau, tout neuf !

Ce n’est pas par esprit de contradiction, mais l’expression « Plus ça change, plus c’est pareil » ne tient plus ! Il est plus à propos de dire que « Plus ça change MOINS c’est pareil ». Voilà ce qui pourrait devenir la devise architecturale du centre-ville de Vancouver, qui entame une renaissance longtemps souhaitée et attendue.

Telus Garden en est le premier exemple convaincant. Proposé en 2011, l’immeuble est ouvert à ses employés et locataires depuis le mois de juin. Occupant le quart du quadrilatère Robson, Seymour, Georgia, Richards, il offre une esthétique architecturale unique au centre-ville, dessin de l’architecte vancouvérois Gregory Henriquez. Une fois terminé, l’ensemble comptera aussi un immeuble à logements de 53 étages qui longe Richards en parallèle avec l’immeuble existant de Telus qui, lui, longe Seymour.

Le tout a été développé par le promoteur immobilier d’avant-garde Ian Gillespie, qui dirige Westbank, cette entreprise qui a construit entre autres le Shangri-La, la petite tour d’immeuble à Fir et 6ème juste derrière la Maison de la francophonie, l’hôtel Fairmont Pacific Rim, le Shaw Tower et bien sûr Woodwards. Il a d’ailleurs déjà entrepris la construction du Vancouver House, cet immeuble spectaculaire, conception de l’architecte scandinave de réputation internationale Bjarke Ingels et qui semblera émerger de l’extrémité nord du pont Granville et se déploiera comme un rideau qui s’ouvre sur la ville quand il sera terminé en 2018.

L’immeuble Telus Garden au centre-ville de Vancouver. | Photo de Telus Garden

L’immeuble Telus Garden au centre-ville de Vancouver. | Photo de Telus Garden

Mais revenons au Telus Garden, parce que ce qui frappe au premier coup d’oeil, ce sont ces deux structures rectangulaires en porte-à-faux, qui comme des tiroirs semblent s’ouvrir en se prolongeant sur 6,3 mètres jusqu’au milieu de Richards et de 7,3 mètres au milieu de Seymour. Ils sont littéralement au-dessus du pavé, si bien que si vous y roulez en auto, vous passerez dessous. C’est du jamais vu à Vancouver. Mais ceux qui connaissent Montréal penseront tout de suite à Habitat 67, un ensemble de boîtes en porte-à-faux, constituant un ensemble résidentiel unique, construit pour Expo 67.

Il y a bien, un tout petit peu plus au nord sur Seymour, une simple passerelle couverte qui relie La Baie au parc de stationnement de l’autre coté de la rue, qui évoque à petite échelle l’effet unique que ces deux encorbellements en porte-à-faux apportent au paysage urbain.

Telus Garden n’étant pas propriétaire de l’espace public au dessus de ces deux rues, loue cet espace aérien. Le loyer annuel est de 4 500$ pour Richards et de 9 500$ pour Seymour.

C’est Brent Toderian, alors directeur de la planification urbaine pour la ville de Vancouver, qui a été séduit par cette idée de prolongements en porte-à-faux. Comme il n’existait ni directives ni réglementations précises autorisant ou interdisant ce type de proposition, c’est son enthousiasme pour le concept qui a conduit à son approbation. Ainsi, vous verrez bientôt de nouveaux projets, qui pour l’instant n’en sont qu’à l’étape conceptuelle, n’ayant encore franchi aucune autre étape administrative municipale. C’est par exemple l’idée du concept de l’immeuble qui verra éventuellement le jour pour compléter le site actuel sous-utilisé du 1500 Georgia ouest, coin Pender, mais dont les extensions en porte-à-faux ne surplomberont pas les rues comme le font celles de l’immeuble Telus.

Telus Garden innove aussi par l’usage unique qu’il fera de la ruelle qui court en son milieu, et qui, une fois la tour résidentielle finie, aura en plus de son côté utilitaire, l’allure d’un jardin urbain. D’ailleurs en s’y promenant on en sent déjà la promesse.

Enfin, en plus de la spectaculaire façade de l’immeuble côté Georgia, avec son ouverture vitrée accueillante sur son hall d’entrée, couverte d’une sculpture en bois de forme fluide et la terrasse d’une chaîne de grands restaurants avec quatre foyers au gaz naturel, on y verra sous peu un écran vidéo géant de 7,4 m de largeur par 11m de hauteur, qui apparaîtra entre les 16e et 18e étages quand il sera déployé.

A la tombée du jour, on y projettera en boucle des bandes vidéo d’une durée de 20 minutes, dont la programmation sera composée de contenu culturel, communautaire et d’intérêt public, le tout sans annonces commerciales.

Reste à savoir si les matches éventuels des Canucks pendant les finales de la coupe Stanley y seront aussi diffusés.