« The Damage is Done »  âmes sensibles, y courir !

Rita Bozi en scène. | Photo par Michelle Lee

Rita Bozi en scène. | Photo par Michelle Lee

Du 20 au 24 octobre se joue à Vancouver The Damage is Done, une pièce mise en scène et magistralement interprétée par la thérapeute albertaine Rita Bozi. Elle y incarne son propre rôle et explore les thèmes de la douleur et de la guérison, des expériences traumatiques transmises par sa propre famille d’anciens réfugiés hongrois. 

« C’est arrivé, à la sortie, d’avoir des spectateurs en larmes… » De l’aveu de sa conceptrice Rita Bozi, The Damage is Done n’est pas une pièce de théâtre tout à fait comme les autres. D’abord par sa forme des plus originales, elle combine théâtre, dialogue, musique, vidéo et danse moderne. Puis par le fond : elle touche en plein coeur et remue les âmes. Personne n’en sort vraiment indemne. Après quelques dates couronnées de succès en Alberta, The Damage is Done compte bien faire des ravages à Vancouver…

Accompagnée sur scène par l’auteur et illustre penseur Gabor Maté, Rita Bozi rouvre ses plaies de jeunesse, le départ de sa famille de Hongrie après la Seconde Guerre mondiale, un sujet tabou. Mais aussi son anorexie, sa dépression, ses pensées les plus noires.

« Je reviens sur mon histoire hongroise, sur ces familles d’immigrants qui pensaient être libérées dès lors qu’elles avaient laissé la guerre derrière elles, sur la situation de stress post-traumatique que cela a engendré dans ma famille », explique la comédienne et ancienne danseuse qui n’avait plus joué depuis 14 ans.
« Mais ça ne s’adresse pas qu’aux immigrants, toute personne ayant vécu un traumatisme est concernée, poursuit-elle. Tout le monde peut se reconnaître, la naissance elle-même est un traumatisme ! »

Une première performance d’acteur pour Gabor Maté

Pour la première fois sur les planches, Gabor Maté, lui aussi victime de la diaspora hongroise, intervient ponctuellement en partageant son vécu et en interpellant le spectateur. « Et vous, qu’auriez-vous fait ? Qu’auriez-vous dit ? » Il agrémente avec brio la performance très personnelle de Rita Bozi pour en faire un message universel qui parle à tous, du moins à ceux qui se trouvent-là, sur leur siège, témoins de leur plein gré et bien souvent subjugués. « Gabor est mon contre-poids poétique », qualifie Rita Bozi.

« Lorsque je donne une conférence devant 1 000 personnes, je n’ai jamais peur, mais cette fois-ci, je joue mon propre rôle et ça me rend nerveux », a confié dans les colonnes du Georgia Straight celui que l’on surnomme le docteur des pauvres du Downtown Eastside. Auteur de plusieurs livres à succès, il est régulièrement convié à travers le monde pour parler de sujets sociaux variés allant de l’accoutumance, au stress ou encore du développement infantile. « J’espère d’abord que ça plaira aux gens et ensuite que ça leur permette d’apprendre quelque chose sur eux-mêmes », a-t-il ajouté.

Des blessures familiales dans le patrimoine génétique

C’est aussi le voeu de Rita Bozi. Selon elle, l’héritage traumatique au sein d’une famille s’exprime dans l’ADN des générations suivantes. Une question qu’elle a d’ailleurs largement étudiée depuis de nombreuses années déjà. « Le principe de “mémoire génétique” est désormais scientifiquement prouvé. Et on en parle de plus en plus au Canada, notamment chez les Premières Nations qui portent de génération en génération le poids de leur sombre histoire », affirme Rita Bozi qui croit que son spectacle est capable de résonner en chacun de nous, parfois de façon très différente.

« Finalement, mon message est simple : c’est l’amour, la libération, le lâcher-prise. » Apprendre à s’aimer, aimer les siens, vivre en harmonie avec son passé, ses blessures. Chaque représentation est suivie d’un dialogue avec les comédiens. Un moment de partage et d’échanges souvent intense pour nourrir les espoirs de guérison.

The Damage is Done, du 20 au 24 octobre, The Cultch, Vancouver. Infos et réservations :
www.thecultch.com.