Quels mandats pour les ministres fédéraux britanno-colombiens ?

Photo par pmwebphotos  (Flickr)

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Le 4 novembre dernier, le nouveau premier ministre Justin Trudeau a nommé trois ministres de la Colombie-Britannique au sein de son cabinet : l’honorable Jody Wilson-Raybould, députée de Vancouver Granville, l’honorable Harjit Sajjan, le choix des résidents de Vancouver-Sud, et l’honorable Carla Qualtrough, élue dans Delta. Ces derniers sont tous des nouveaux venus en politique fédérale, n’ayant jamais siégé auparavant à la Chambre des communes.

Pour rappel, le 19 octobre dernier, les Britanno-Colombiens ont élu dix-sept députés libéraux, comparativement à deux seuls lors de l’élection en 2011. À l’exception de Kelowna-Lake Country et Mission-Matsqui-Fraser Canyon, la nouvelle députation libérale est issue de circonscriptions dans la région du Grand Vancouver.

Dans cette chronique, je veux revenir sur les mandats des trois ministres fédéraux britanno-colombiens. C’est que le premier ministre a rendu publiques les lettres de mandat adressées à chacun des ministres. Ces lettres, qui restent normalement confidentielles, énumèrent les dossiers auxquels les nouveaux ministres devront accorder leur priorité.

Il faut d’abord savoir que les lettres de mandat ont la même mouture. Pour toutes les lettres, la première moitié brosse à grands traits les priorités gouvernementales et les « valeurs libérales » devant guider les actions des ministres. M. Trudeau rappelle qu’il s’est engagé à faire souffler

« un vent de changement » sur Ottawa. Il exige de ses ministres un « esprit de collaboration renouvelé », autant avec les provinces et les territoires que les municipalités. Il vise aussi à renouveler la relation avec les peuples autochtones. Enfin, les ministres sont exhortés « d’agir et de collaborer de manière professionnelle » avec les journalistes – une flèche peu subtile envers M. Harper et les conservateurs.

La deuxième moitié de chacune des lettres de mandat est spécifique à chaque ministre. Elle énumère les dossiers que ceux-ci devront prioritairement porter. M. Trudeau écrit, pour chaque ministre, « je m’attends à ce que vous travailliez … pour mener à bien vos grandes priorités ». Et s’ensuit une liste desdites priorités.

Mme Raybould fut nommée ministre de la justice et procureure générale du Canada. En collaboration avec de nombreux collègues du cabinet, la nouvelle ministre devra donner suite au dossier de l’aide médicale à mourir, établir les paramètres de la légalisation et la réglementation de la marijuana et lancer une enquête publique nationale sur les 1 200 femmes et filles autochtones disparues ou assassinées. Du côté de la francophonie canadienne, la ministre devra rétablir le programme de contestation judiciaire, annulé par les conservateurs en 2006 avant de renaître sous une formule diluée en 2008.

Pour M. Sajjan, le nouveau ministre de la défense nationale, deux dossiers me semblent particulièrement importants. En premier lieu, le nouveau ministre devra mettre fin à la mission canadienne en Irak et en Syrie contre l’État islamique. On se souviendra que cela était une promesse électorale des libéraux. En deuxième lieu, dans le dossier controversé des avions de combat, M. Trudeau demande à son nouveau ministre de lancer un « appel d’offre ouvert et transparent pour le remplacement du chasseur CF-18 ». Autrement dit, le gouvernement annulerait l’achat des avions F-35, tant convoités par le gouvernement conservateur précédent.

Enfin, Carla Qualtrough, la nouvelle ministre des sports et des personnes handicapées, aura pour tâche de voir à l’adoption d’une loi sur les personnes ayant un handicap. Le premier ministre lui demande également de voir à ce « qu’un plus grand nombre d’enfants » ait accès à « des activités sportives et de loisir ».

En conclusion, je vous invite tous et toutes à consulter ces lettres de mandats des ministres, qui sont disponibles sur le site internet du bureau du premier ministre.

 

Rémi Léger est professeur en sciences politiques à SFU.