En observant mon pays depuis l’étranger

Photo par Brenna Temple

Photo par Brenna Temple

Au mois d’octobre dernier, lors d’un séjour en Australie, je contemplais le bulletin de vote reçu du Canada que je tenais entre mes mains. Isolée et sans repères politiques dans la petite ville de Wagga Wagga, j’effectuais des recherches sur divers candidats. Soudain, je me suis retrouvée face à une question surprenante : qu’est-ce que cela signifie d’être Canadien ?

En lisant les grands titres sur mes sites web favoris, je me suis rendu compte que les discussions spontanées échangées au quotidien au Canada me manquaient. J’ai essayé de discuter de sujets politiques, comme je le faisais avant, avec des inconnus. Tout d’un coup, ma connexion Skype a cessé de fonctionner et je ne pouvais plus discuter des sujets canadiens les plus controversés avec mon père. En même temps, j’ai découvert une chose étonnante : je ressentais un devoir de participer à la culture canadienne alors même que j’étais absorbée par une autre culture.

De tout temps, les Canadiens se sont interrogés sur leur identité nationale. Il s’avère que nous ne savons pas trop comment l’exprimer. Par contre, bon nombre d’entre nous savent exprimer leurs opinions politiques. J’ai noté plusieurs sujets controversés sur le web, qui démontrent l’impossibilité d’être en accord avec tous les principes d’un politicien. En observant mon pays depuis l’étranger, je me suis rendu compte d’une grande force et d’un sens d’unité derrière cette occasion de nous réapproprier nos valeurs canadiennes. Il a fallu que je me déplace à l’autre bout du monde pour m’en apercevoir. Cela peut paraître triste, mais j’étais plus que contente de partager mes nouvelles idées avec quiconque voulant bien m’écouter. Cela me semblait révolutionnaire.

Aujourd’hui, de retour à Vancouver, je suis parmi une foule de gens passionnés par leur pays et leur ville. Nous parlons souvent d’apathie sans vraiment reconnaître les progrès que nous avons fait. Quand je me promène dans les rues de Vancouver, je remarque les affiches politiques placées sur les immeubles. Je note la passion du gars qui distribue des dépliants politiques au coin de Granville et Robson. On peut surprendre le même discours lors d’un trajet sur la Canada Line entre Bridgeport et Waterfront, ou en se promenant le long du Seawall ou encore en écoutant le couple à côté, au restaurant, discuter des plus récentes manchettes. Notre culture canadienne est si forte qu’il n’est pas étonnant que nous ne trouvions pas les mots pour décrire ce que nous sommes. Je ne savais pas comment décrire un Canadien à mes amis australiens. Mais je sais que quand on parlait de la ville de Vancouver dans les nouvelles je m’entendais dire d’une voix agitée : «Voilà d’où je suis ! »

Depuis mon retour à Vancouver, j’ai remarqué que l’on retrouve beaucoup de sujets controversés dans les médias, ce qui me laisse aussi bouche bée que je l’étais en regardant le discours d’acceptation de Trudeau en ligne, me baladant à travers la cuisine avec mon iPhone en pleine figure. Quoi de mieux que de savoir que nous faisons partie de cette culture canadienne ? Nous ne serons jamais tous en accord complet les uns avec les autres, mais nous serons toujours unis. Donc lorsque mes amis m’ont demandé d’expliquer ce que je ressentais après avoir vécu à l’étranger j’ai simplement souri et dit : «Je ne m’étais pas rendu compte que j’étais si incroyablement Canadienne !» Quoi que cela signifie.

Peut-être ne trouverons-nous jamais les mots pour décrire l’identité canadienne. Mais si vous voulez essayer de les trouver, je vous suggère d’aller en Australie pour y penser. Je vous promets que vous y éprouverez quelque chose de révélateur.

 

Traduction : Barry Brisebois