2016, l’année Translink !

Photo par GoToVan

Photo par GoToVan

Lundi, 4 janvier…quel bonheur, c’est le premier jour de travail de la nouvelle année. Et quelle meilleure façon pour les usagers du transport en commun de célébrer 2016 que d’étrenner leur toute nouvelle carte Compass…qu’ils ont peut-être reçue en cadeau à Noël. Rien de plus simple. Si c’était votre cas vous étiez tout fin prêt !

La neige ne vous arrêterait pas. Vous arrivez à votre station habituelle de SkyTrain ou montez à bord de votre autobus quotidien. Vous glissez votre carte sur le lecteur comme le font des millions d’utilisateurs partout ailleurs au monde, et ça y est, vous êtes en route vers votre destination. Si toutefois vous n’aviez pas été prévoyant et que vous ayez attendu à la dernière minute pour vous procurer votre carte soit en ligne, dans les stations de SkyTrain ou auprès de certaines pharmacies de grande surface, vous avez contribué au ralentissement du système informatique, qui pouvait prendre jusqu’à deux heures pour charger votre carte. Il fallait à peine dix minutes en ligne en novembre dernier !

Être prévoyant ! Voilà qui serait une bonne résolution du Nouvel An…pour Translink ! Il y aurait eu jusqu’à 100 000 demandes de nouvelles cartes en ligne au cours du premier weekend de 2016, ce qui ne devait pas être une surprise. Translink sait combien d’utilisateurs avaient attendu à la dernière minute, puisqu’elle est en mesure de comptabiliser le nombre de ventes de cartes et de comparer ce chiffre avec les statistiques d’achalandage habituel. Translink aurait donc pu et dû voir venir et faire en sorte que le système informatique soit à la hauteur ! Voilà qui aurait insufflé un vent d’optimisme et de bonne volonté à l’égard de Translink. Eh bien non, pas de chance ! Ce fut une autre occasion ratée !

Le lecteur Compass de TransLink. | Photo par Stephen Rees

Le lecteur Compass de TransLink. | Photo par Stephen Rees

De surcroît, panne de la Canada Line à la hauteur de Richmond, à cause de la présence de verglas sur les rails… Pourtant c’est un système conçu au Canada par Bombardier, entreprise qui s’est fait connaître pour ses motoneiges ! C’est ce qu’on appelle être doublement malchanceux. Quel beau début d’année !

Toute cette aventure a commencé en 2009, quand Kevin Falcon était alors ministre provincial du transport et de l’infrastructure. En rentrant de Londres, où il a été totalement séduit par le système de péage à carte du transport public londonien, il s’engage, contre l’avis de la direction de Translink d’alors, d’en équiper le système de Vancouver pour 2012, comme date cible de mise en service. La raison principale invoquée pour la promotion de ce système était de combattre les resquilleurs. Il n’y avait pas de tourniquets ni de portillons à l’entrée des stations du SkyTrain, alors rien n’empêchait les fraudeurs de passer sans payer. Vous aussi avez remarqué que tous les portillons ne sont toujours pas équipés de barre électronique que seule la carte Compass peut ouvrir, au départ comme à l’arrivée ?

2016 a donc bien mal commencé pour Translink ! Au-delà des aléas du système Compass, il reste toute la question du financement de leurs projets de développement et d’augmentation de service. Comme le savent tous les propriétaires de la grande région de Vancouver, qui ont reçu leur avis d’évaluation foncière, la valeur immobilière a fait un saut très important l’an dernier. Cela ne devrait pas être une surprise. On n’a parlé de rien d’autre depuis les douze derniers mois. Alors l’équation est simple. Quand l’évaluation foncière monte, les impôts fonciers montent aussi ! Donc plus votre propriété gagne en valeur plus vos impôts fonciers augmenteront.

Il n’y a donc qu’un pas à franchir pour en arriver à la conclusion possible que cette source d’argent soit mise à profit pour financer la portion municipale des projets de Translink, puisque la proposition de financement par une augmentation de la taxe de vente a été rejetée par référendum l’an dernier.

Pour le moment, le silence du gouvernement provincial n’aide en rien. On peut s’imaginer le jeu de chat et souris entre ce dernier et le nouveau gouvernement fédéral qui a déjà clairement indiqué sa disposition à contribuer aux infrastructures municipales au pays. Le transport en commun est une cible évidente, mais les demandeurs sont nombreux, Montréal, Toronto et Calgary, et la bourse ne peut être sans fond.

Il est donc encore plus pressant que Translink réussisse enfin à regagner la confiance de ses usagers. Le début de 2016 n’augure rien de bon pour les usagers du transport en commun, ni pour les automobilistes d’ailleurs.

Bonne année quand même ?