À Victoria, les jeunes des Premières Nations manient l’art et la matière

A l’Open Space de Victoria. Photo par Kirk Schwartz

A l’Open Space de Victoria. Photo par Kirk Schwartz

Entre le mois de mai et le mois de décembre, à Victoria, un groupe de jeunes issus des Premières Nations a pris part à un programme destiné à développer leur fibre artistique. Dans ce cadre, ils ont notamment échangé avec la cinéaste Alanis Obomsawin et le performeur Peter Morin. Avant que leurs travaux soient présentés au public, le 26 février, La Source fait le bilan de cette initiative.

Lorsque Sionainn Fox s’est rendue à l’Open Space de Victoria (sur Fort Street), en mai dernier, pour intégrer le Indigenous Youth Arts Program (IYAP), elle ne savait pas à quoi s’attendre. « J’y suis allée avec un esprit ouvert. Une amie qui en avait entendu parler m’avait inscrite en pensant que cela pouvait m’intéresser. Je voyais ça comme une nouvelle expérience possiblement enrichissante », raconte-t-elle.

Le Indigenous Youth Arts Program est, entre autres, financé par le Conseil des de la Colombie-Britannique et la ville de Victoria. (crédit photo : Kirk Schwartz)

Le Indigenous Youth Arts Program est, entre autres, financé par le Conseil des de la Colombie-Britannique et la ville de Victoria. (crédit photo : Kirk Schwartz)

La dernière rencontre du programme a eu lieu le 13 décembre et la jeune femme de 20 ans en tire un bilan plus que positif. « J’ai la chance d’avoir rencontré des artistes incroyables, de suivre des ateliers fascinants et de participer à des projets vraiment stimulants. C’est génial ! »

Le IYAP s’adresse aux jeunes de 15 à 24 ans issus des Premières Nations. Totalement gratuit, il vise à les mettre en relation avec des figures de la communauté des arts. Depuis le printemps, le groupe s’est retrouvé principalement les dimanches à l’Open Space.

Tout au long des séances, les participants ont travaillé différentes d’expression artistique, comme l’écriture ou la vidéo. | Photo par Kirk Schwartz

Tout au long des séances, les participants ont travaillé différentes d’expression artistique, comme l’écriture ou la vidéo. | Photo par Kirk Schwartz

Le multimédia comme plateforme d’expression

« Le but de ce programme est d’inspirer les jeunes et d’aiguiser leur pratique artistique personnelle. Le IYAP n’est pas une formation à proprement parler avec frais d’inscription, sélection à l’entrée, évaluation et diplôme en fin de session. Nous voulons susciter un environnement de création favorable pour permettre l’émergence et la concrétisation d’idées », explique Jesse Campbell, le coordonnateur.

Le IYAP, dont la reconduction est en suspens, en est à sa seconde édition. La précédente s’est déroulée en 2013 ; elle s’appelait Indigenous Youth Arts Showcase (IYAS) et était axée sur les arts visuels. Le programme 2015 s’est davantage articulé autour du multimédia comme plateforme d’expression. Les participants y ont appris à utiliser l’écriture ou la vidéo, par exemple, selon leurs envies.

Une dizaine de jeunes se sont inscrits. Au cours des derniers mois de 2015, ils ont reçu les conseils de différents mentors tels que la poétesse Lillian Allen, l’artiste multidisciplinaire James Luna ou encore la cinéaste abénaquise Alanis Obomsawin. « L’atelier animé par l’interprète Peter Morin reste un grand moment », souligne Jesse Campbell.

« Puissant et libérateur »

Sionainn Fox, qui est d’origine micmac et irlandaise, acquiesce.
« Il nous a fait travailler un exercice portant sur le cri comme moyen d’expulser la rage qui nous habite. Je n’imaginais pas à quel point ça pouvait être aussi puissant et libérateur. Je n’oublierai jamais ce moment. » Elle garde aussi en mémoire ses échanges avec le cinéaste Kirk Schwartz.

Grâce à lui, elle a pu « explorer la création média à un tout autre niveau ». À son contact, Sionainn Fox a compris combien la vidéo pouvait être « un langage efficace ». Elle se dit cependant un tantinet déçue par la tournure des événements.

« L’énergie qui nous unissait tous au début, les liens que nous avions tissés, se sont quelque peu étiolés avec le temps. Certains membres du groupe ont lâché l’affaire en fin d’année, accaparés par leur travail ou leurs études. C’est dommage ! » Toute initiative qui s’étire dans le temps est confrontée à cette question de la constance.

Le programme se conclura par une présentation des travaux des participants, le 26 février 2016, à l’Open Space. « Nous aimerions aussi organiser une tournée au sein des différentes communautés, mais rien n’est encore défini. C’est laissé au choix des jeunes de montrer leur création à l’extérieur ou pas », indique Jesse Campbell.

À l’approche de l’échéance, Sionainn Fox exprime son appréhension : « Je me demande ce que ça va donner. »

L’Open Space est situé au 510, Fort Street (second étage), à Victoria. Plus de renseignements sur le Indigenous Youth Arts Program et sur la présentation du 26 février sont disponibles sur le site Internet www.openspace.ca.