Derrière les clichés de petits plats

F_p10_gastronomie_1Vous connaissez peut-être la formule de politesse chinoise conventionnelle de « Nihao » pour « Bonjour ». Eh bien, sachez que la tournure la plus usuelle et la plus conviviale demeure « Chifanle meiyou ? » pour « Avez-vous mangé ? ». Cette expression montre que la gastronomie demeure au cœur des préoccupations chinoises. Pour autant, le Japon et sa capitale, Tokyo, ne sont pas en reste. La mégalopole japonaise demeure la capitale mondiale de la gastronomie en nombre de restaurants étoilés. Mais il ne s’agit pour autant que du prélude de l’épanouissement de la gastronomie asiatique, essor relayé par les photographies circulant au gré des réseaux sociaux.

La gastronomie est au cœur des préoccupations asiatiques. Dans son roman Vent d’est, vent d’ouest, Pearl Buck évoque avec précision « les mets savoureux cuisinés pour séduire le palais » de son nouvel époux que l’héroïne, Kwei-Lan, prépare. À une époque où la photographie n’était pas aussi instinctive, les mots ont pallié ce manque, afin de dresser l’éloge de la gastronomie asiatique.

Le banquet en partage

Dans cette culture, le banquet est primordial et peut prendre de nombreux aspects. Il sert à établir une communication avec les dieux, avec le monde des défunts, mais également à célébrer différents moments essentiels de la vie : anniversaire, mariage, funérailles, fêtes saisonnières, banquet sacrificiel… Cependant, ce qui est le plus important, c’est l’abondance des plats proposés !

Il est de politesse, en Chine, de présenter des plats à n’en plus finir. Cette gastronomie traditionnelle s’est développée, transformée, adaptée à la culture occidentale et à l’époque, et commence aujourd’hui à acquérir ses lettres de noblesse sur la scène internationale. En décembre 2015, après que le premier restaurant de ramen au monde ait été « étoilé », c’est le kimchi coréen qui a été mis en valeur sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO.

Si la gastronomie asiatique gagne ses lettres de noblesse, elle est également l’objet de toutes les attentions et de tous les objectifs des nouvelles générations. Exit le cérémonial pompeux et place à la photographie culinaire, à la portée de tous !

L’appareil dans le plat

Munie la plupart du temps d’un simple téléphone, Bonnie, Vancouvéroise d’origines chinoise et vietnamienne, photographie nombre de repas qu’elle partage avec ses amis et sa famille. Elle publie ses clichés sur Instagram sous le nom de mscheung09, publications qui sont suivies par plus de 260 personnes.

Une photo d’un plat tirée du compte Instagram de Bonnie Cheung. | Photo par Bonnie Cheung

Une photo d’un plat tirée du compte Instagram de Bonnie Cheung. | Photo par Bonnie Cheung

« J’écris toujours une légende assez complète à mes photographies pour permettre à mes amis de reproduire la recette chez eux. Je note aussi l’endroit où je me suis procuré les ingrédients et le coût moyen du plat ». Lorsqu’il s’agit d’un restaurant, Bonnie en profite pour préciser l’adresse et commenter le menu. Photographier, c’est immortaliser un moment entre amis, en famille, mais c’est aussi mémoriser les nouveaux goûts découverts au cours d’un voyage tant géographique que culinaire. Sur les plus de 600 clichés publiés en un peu plus de trois années par Bonnie, la grande majorité sont des photographies culinaires.

Comment est-on passé de la reproduction du banquet sous la dynastie médiévale Song à la photographie gastronomique contemporaine ? Les banquets chinois représentés à l’époque Song sont de grands plats communs dans lesquels chacun vient piocher à l’aide de ses baguettes. Le banquet est un moment de convivialité, de partage et d’échange. Si les banquets aussi fastueux ne sont plus de mise, le système de l’échange survit. À travers ses photographies, Bonnie souhaite partager ses bons plans culinaires. Ses clichés permettent de faire perdurer le principe du partage inhérent à la gastronomie asiatique. Bonnie montre le plat comme il se présente, dans un cadrage resserré. Si elle s’assure de la présentation graphique du mets, de son bon éclairage au moment du cliché, elle refuse tout filtre ou travail ultérieur du cliché qui entraverait le réalisme du plat.

Si vous aussi voulez apprendre à photographier vos plats, sachez qu’à l’occasion du Dine Out Vancouver Festival, une promenade « Food-tography » de 2 heures est proposée les 16, 17, 22, 23, 24, 29, 30 et 31 janvier en début d’après-midi. Vous trouverez toutes les informations complémentaires sur le site internet
www.dineoutvancouver.com.