Peter Langer, la prise de vue et le patrimoine en péril en Syrie et en Irak

Ceux qui s’intéressent à ce qui se passe en Syrie et en Irak et à la destruction d’importants sites historiques et archéologiques pourront assister le 23 janvier à une conférence audio-visuelle intitulée Vanishing Cultural Heritage of Iraq and Syria. Donnée par le photographe Peter Langer, celle-ci se tiendra de 13h30 à 15h au SFU Harbour Centre. L’entrée est gratuite, mais l’inscription est requise.

Né à La Paz, en Bolivie, Peter Langer a quitté ce pays pour le Chili, où il a enseigné la géographie humaine au niveau universitaire. Il est arrivé au Canada en 1982 et a, depuis, visité et photographié plus de 150 pays.

« La photographie, tu l’as ou tu l’as pas, c’est comme chanter »

La photographie est entrée dans la vie de Peter Langer à l’âge de huit ans, mais il n’a jamais fait d’études spécialisées en photographie. « La photographie, tu l’as ou tu l’as pas. C’est comme chanter », estime-t-il. Ce qui l’intéresse avant tout c’est la façon dont les gens, partout dans le monde, s’adaptent continuellement à leur environnement. Il est aussi fortement attiré par les monuments historiques et leur histoire. Au cours des trois dernières années, il a travaillé entre autres pour le British Museum et les gouvernements de l’Indonésie et de l’Équateur.

Peter Langer n’a pas la prétention de se dire grand photographe, avec des caméras dispendieuses pendues au cou et des lentilles de toutes longueurs. Ce qui l’attire, c’est le beau et le bon moment plus que l’esthétique ou la finalité photographique. Pour lui, la prise d’une photo n’est même pas une question de décision ou d’inspiration. « Je capture ce que je vois sans trop penser à la photographie comme telle ».

« Je ne suis pas là pour montrer la pauvreté, la violence, la guerre. D’autres le font. »

Confiant dans l’être humain, sa philosophie est humaniste. Il dit d’ailleurs : « Je ne suis pas là pour montrer la pauvreté, la violence, la guerre. D’autres le font. » L’aspect social et politique est ainsi évacué de sa pratique photographique : il ne cherche pas, mais vise le monde au quotidien sans parure. Il sait toutefois qu’il doit se lever à une certaine heure pour « attraper » la bonne et belle lumière, qu’il doit utiliser une certaine lentille pour approcher des sujets sans être vu. Il est donc bien photographe, mais rempli d’humilité.

Les ruines de Palmyra. | Photo par Pierre Grenier

Les ruines de Palmyra. | Photo par Pierre Grenier

Son humanisme se manifeste également dans le respect des us et coutumes : « On ne peut imposer nos vues et manières d’être à d’autres cultures ». Il sait par exemple que dans certains pays ou régions les gens n’aiment que les touristes/photographes « prennent en photo » les femmes, alors il ne le fait pas. « De quel droit le ferais-je ? », lance-t-il.

Utilise-t-il tout le potentiel social et politique de la photographie ? Dans son optique, l’activisme consiste plutôt à essayer de contribuer à partager le monde tel qu’il le voit et de combler, à son échelle, le manque de connaissances que les gens ont sur la vie quotidienne d’autres peuples, de leur histoire et de leur environnement. Il croit en théorie « qu’il y aurait moins de guerres dans le monde si les gens avaient une meilleure connaissance du quotidien de peuples différents et des lieux qui les entourent. »

Visée éducative

Pour ce grand voyageur, les commentaires sur une prise de vue et son histoire sont toujours très bien documentés. Le désir d’éduquer vient avant tout. Aussi, sa présentation du 23 janvier sera composée de deux courts montages audio-visuels – un sur la Syrie et l’autre sur l’Irak. Les images seront accompagnées de courts sous-titres informatifs. Ensuite Peter Langer examinera plus profondément sous forme de conférence audio-visuelle les antécédents de la destruction du patrimoine culturel de ces deux pays et de la situation actuelle.

Les Norias de Hama. | Photo par Pierre Grenier

Les Norias de Hama. | Photo par Pierre Grenier

En effet, ce n’est pas seulement le patrimoine du Moyen-Orient qui est en jeu, mais un pan de l’histoire du monde elle-même. Certes, la roue de l’histoire broie beaucoup de choses et la disparition et destruction de l’héritage humain laissé sous forme d’architecture, écrits ou objets d’art revient de façon continuelle. La destruction de sites historiques ne date pas d’aujourd’hui est s’est manifestée sur tous les continents depuis la nuit des temps. Mais dans les cas récents de l’Irak et de la Syrie, le danger vient de la destruction volontaire inspirée par une idéologie absolutiste.