Attirance pour la différence

Photo par Guian Bolisay

Photo par Guian Bolisay

On pourrait penser que dans notre société de communication, les frontières se fissurent, s’effritent, s’abolissent. Qu’en est-il dans les relations de couple ? La plupart des couples, lorsqu’ils se forment, passent outre aux entraves culturelles, mais certaines disparités peuvent se renforcer au fil du temps, en se côtoyant ou face aux attentes de l’entourage.

Dans Les Aristochats, le classique d’animation de Disney, c’est bien la transgression qui est abordée sur le ton de l’humour. Transgression tant des frontières sociales que des frontières culturelles, dans le couple formé par Duchesse, aristocrate parisienne, rencontrant O’Malley, chat de gouttière sans le sou. Les héros de cette aventure vont affronter les préjugés liés à leur couple.

Couples multiculturels

Dans une ville telle que Vancouver, creuset des cultures, la vie quotidienne se décline dans un multiculturalisme omniprésent. Dans la sphère publique, les cultures se mêlent au sein des commerces, des transports publics, des lieux culturels ou sportifs. Et dans la sphère privée, cela se ressent aussi.

Selon les chiffres de Statistique Canada, les unions multiculturelles représentent 9,6 % des couples recensés à Vancouver. Cette donnée place la métropole en tête des villes canadiennes, bien au-delà de la moyenne nationale de 4,6 %. Et ce chiffre est en constante progression.

D’après le docteur Faizal Sahukhan, conseiller et thérapeute des couples interculturels, « le couple multiculturel le plus courant serait formé d’un homme d’origine caucasienne et d’une femme d’origine chinoise ». La réciproque semble, au contraire, la situation la moins courante. Mais la situation la plus complexe serait, toujours d’après Faizal Sahukhan, une femme d’origine caucasienne en couple avec un homme d’origine pakistanaise et de confession musulmane. Il est souvent attendu, par la famille, qu’une personne issue d’une minorité fonde un foyer avec une personne partageant les mêmes traditions, la même culture et la même langue. Cette pression familiale est telle qu’elle peut mener à la rupture des couples multiculturels.

Étant lui-même d’origine fidjienne, bien qu’ayant grandi au Canada, marié à une personne d’origine pakistanaise, Faizal Sahukhan a un peu « la situation de l’emploi ». Outre ses activités de conseiller et thérapeute, il est d’ailleurs chroniqueur au Canadian Immigrant Magazine, invité régulier de la radio CBC et professeur à l’Université Capilano et au Langara College. Il est également l’auteur de l’ouvrage Dating the Ethnic Man : Strategies for
Success.

Les couples multiculturels doivent faire face à des questionnements et à des problèmes qui leur sont propres, soutient-il. C’est à ce moment-là que Faizal Sahukhan est présent pour répondre à leurs questions et leur apporter toute l’aide nécessaire. Il soutient que, avant même l’acceptation de l’orientation sexuelle du couple, gai, lesbien ou hétérosexuel, les différences culturelles sont les premières différences à faire accepter au sein de la famille.

La Saint-Valentin, fête ancestrale à tendance commerciale

À l’approche de la Saint-Valentin, il est bon de rappeler que cette fête est célébrée depuis le troisième siècle de notre ère et qu’il s’agit à l’origine d’une fête de la fécondité ! Le temps en a métamorphosé l’interprétation… En bon conseiller, Faizal Sahukhan met cependant en garde : les attentes liées à la Saint-Valentin peuvent être parfois telles qu’une déception trop grande pourrait mener à la séparation du couple.

Le docteur Faizal Sahukhan. | Photo par Élise L’Hôte

Le docteur Faizal Sahukhan. | Photo par Élise L’Hôte

Alors, comment répondre aux attentes de la personne de sa vie ? En lui témoignant son amour, il va de soi, mais de la façon la plus personnelle possible. D’après le docteur, si un bouquet de jolies fleurs, une boîte de chocolats ou des bonbons en forme de cœur peuvent faire plaisir, ce qui touche davantage, c’est une attention pour laquelle on a passé du temps, dans laquelle on a mis de la créativité. Il s’agirait d’assembler des mots, des notes de musique, des ingrédients ou des couleurs afin d’exprimer les sentiments les plus forts. Et surtout, d’éviter la facilité d’un achat superficiel. S’emparer d’un stylo, empoigner un saxophone, saisir une cuillère en bois ou des pinceaux d’aquarelle et laisser s’exprimer sa créativité valent bien plus.

Et pour en savoir plus, justement, Faizal Sahukhan donnera une conférence intitulée Lovers without borders, le jeudi 7 février de 19h à 21h au Langara College. Il est aussi présent sur la toile au www.multiculturalromance.com.