« Tierces » recettes pour manger demain à sa faim

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En 2050, lorsque 9 milliards d’êtres humains se partageront la planète, comment mangera-t-on ? L’auteur et activiste Raj Patel, spécialiste de la crise alimentaire, sera de passage le 11 février à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), dans le « nid » de la Société Alma Mater (AMS), pour aborder cette question.

Loin du Forum de Davos, en Suisse, où la question ne figurait pas réellement au menu des discussions des puissants, et des réponses « gadgets » qui voudraient nous faire avaler toutes sortes d’« aliments du futur », celui qui est qualifié de « messie » (avec une dose d’humour) par certains, viendra muni d’exemples dénichés dans les coins les plus pauvres du globe. Sa recette ? Apporter sur la table des pistes de solution aussi simples que surprenantes.

Pour mettre les pieds dans le plat, le défi qui attend le monde agricole, l’industrie agroalimentaire et les gouvernements est intimidant : en 2050, il faudra nourrir 9 milliards d’humains, soit 2,5 milliards de « bouches » de plus qu’aujourd’hui. À cela il faudra ajouter, entre autres, les effets de l’urbanisation et des changements climatiques ainsi que l’appétit grandissant pour la viande dans les pays émergents.

Couverture du best-seller de Raj Patel.

Couverture du best-seller de Raj Patel.

Du côté de l’industrie agroalimentaire, on a déjà mis le couvert. Entre la tomate longue conservation (nom de code FW13) sortie des laboratoires du groupe agro-chimique Syngenta, le « cuir de fruits » ou la peau comestible faite de fruits et légumes recyclés, le steak végétal à base de protéines de pois, le hamburger « in vitro » et autres viandes de synthèse, la course aux aliments qui mettent l’eau (et les nanotechnologies) à la bouche est lancée. Mais les recettes pour nourrir notre monde se trouvent-elles vraiment en laboratoire ?

Pour Raj Patel, adepte de la philosophie du partage et auteur du best-seller Gavés et affamés : la lutte cachée pour le système alimentaire mondial (2008), il faudrait plutôt regarder aux marges du « système » alimentaire, du côté des communautés les plus pauvres de la planète. Des mouvements comme les sans-terre, au Brésil, ou Via Campesina, « ont compris les limites de la monoculture, des aliments transformés à l’excès et de l’architecture économique du système alimentaire ». Ces mouvements auraient beaucoup à nous apprendre, « car ils opèrent à tous les échelons, que ce soit pour la formation de personnes à l’agroécologie ou pour la sensibilisation des gouvernements à l’alimentation des plus jeunes », confiait-il récemment dans une entrevue accordée à Fairfood.

Raj Patel, auteur et spécialiste de la crise alimentaire.

Raj Patel, auteur et spécialiste de la crise alimentaire.

Dans le silo de Raj Patel, une critique radicale du capitalisme, donc, mais surtout des exemples concrets glanés à petite échelle. Les solutions à la crise alimentaire ne viendront pas des gouvernements, croit-il, mais des gens, organisés en groupes et communautés.

Pour obtenir un avant-goût de la conférence que donnera Raj Patel le 11 février, il est possible d’écouter sur le site www.rajpatel.org les balados de sa série The Secret Ingredient, dans laquelle l’auteur s’entretient avec des personnalités de tous horizons autour d’un aliment-clé. Il y est ainsi question de bananes avec le professeur Cynthia Enloe, de saumon avec la conseillère nutritionnelle Valerie Segrest, issue des Premières Nations, ou encore de lait avec le professeur Alissa Hamilton. Voilà pour la mise en bouche !

La conférence How Will the World Eat in the Future ? de Raj Patel se tiendra le 11 février de 12h à 14h au AMS Student Nest Great Hall de UBC. Les billets sont proposés à la vente au prix de 5 $ et une retransmission en direct sera proposée sur le site Sustain.ubc.ca.