«Minoritaires parmi les minorités» : être Noir et francophone au Canada

À l’occasion du Black History Month, célébré tous les mois de février au Canada depuis 1990, la Société culturelle africaine et caribéenne de Victoria (VACCS) organise une table ronde sur le thème de l’intégration des minorités noires francophones au Canada. La réunion se tiendra le 19 février 2016 à Victoria.

Commémoré annuellement au Canada depuis 1990, aux États-Unis depuis 1976, et au Royaume-Uni depuis 1987, le mois de l’histoire des Noirs est consacré à la mémoire des peuples d’origine africaine. Les évènements et les personnages-clés de l’histoire des Afro-Américains sont mis en avant et y sont célébrés. Pour ne citer que celui-là,rappelons le mouvement des droits civiques aux États-Unis initié dans les années 1955 à 1968 environ.

Les défis d’Intégration des francophones noirs dans un environnement anglophone

Ce sera le thème de la table ronde en question. À ce sujet, Pulchérie Mboussi, fondatrice de la Société culturelle africaine et caribéenne de Victoria, explique que s’ils ne maîtrisent pas l’anglais, la barrière de la langue est l’un des premiers défis pour les francophones noirs qui arrivent au Canada.

Ayant émigré du Cameroun au Canada il y a vingt-cinq ans, elle a vécu à Québec pendant vingt ans, et juge que, grâce à la langue commune, son intégration était « presque complète ».

Aujourd’hui, elle vit à Victoria, en Colombie-Britannique et si on lui pose la question : « Vous sentez-vous intégrée ? », elle répond un franc « non ».

À vrai dire, Pulchérie Mboussi se sent « intégrée dans le système canadien », car elle y vit depuis longtemps, mais elle ne se considère pas « intégrée dans [sa] nouvelle société d’accueil de Victoria » où habite depuis cinq ans. Parce que la ville de Victoria se trouve dans la province anglophone de Colombie-Britannique, la langue aurait un rôle évident à jouer dans l’intégration. Ainsi, maîtriser l’anglais « faciliterait les choses », car lorsque l’on « étudie la langue d’une région », « l’intégration se fait plus facilement ». Cela ferait « un poids en moins » à porter avec soi dans son pays d’accueil selon l’organisatrice de la table ronde.

Identifier les points communs dans sa culture d’accueil

Pulchérie Mboussi est d’accord sur le fait qu’il faille sacrifier une partie de sa propre culture afin de s’intégrer dans une nouvelle région. Cependant, elle pense que, pour une intégration plus « souple », il serait également bon de trouver des personnes ayant des valeurs et des coutumes communes dans le nouveau pays d’accueil. C’est pourquoi elle explique qu’elle a rapidement cherché à se « rapprocher des communautés francophones et africaines », des Camerounais, avec qui elle partageait des points communs et surtout, une langue commune.

Il s’agirait ainsi de s’adapter ensemble sans pour autant se sentir perdu dans un pays d’accueil dont on ne maîtrise pas la langue. « On flotte un peu » et « on se dit qu’on devrait parler la langue pour s’intégrer vraiment »,
insiste-t-elle.

Ouvrir le débat et trouver des solutions facilitant l’intégration

Les intervenants conviés à la table ronde seront d’origines diverses, certains seront des « citoyens normaux » tandis que d’autres intervenants-clé ont été invités.Parmi eux, les personnes faisant partie de la Société Francophone de Victoria ainsi que des membres du département de français de l’Université de Victoria.

Le but sera de soulever des questions et surtout des commentaires et des témoignages pour présenter le sujet crucial. Chacun devrait pouvoir « prendre note » de ce qui se dira afin de veiller à mieux intégrer les Noirs francophones.

Il ne s’agit pas pour Pulchérie Mboussi de dresser un portrait négatif de la situation au cours de la table ronde, mais bien plutôt de trouver ensemble les éléments qui auraient pu améliorer l’intégration des personnes déjà présentes au Canada et d’anticiper le processus pour celles qui arriveront par la suite. L’idée ne sera pas de « savoir ce qui n’a pas marché et qui n’a pas fait quoi », l’objectif de cette table ronde est de trouver une réponse adaptée aux défis soulevés par la « double minorité » des Noirs francophones au Canada, où le français n’est majoritairement parlé qu’au Québec.

Des places sont encore disponibles pour assister à la table ronde et y apporter sa contribution, contact à prendre avec la VACCS.