Plus il baisse, plus ils montent

La faiblesse du dollar canadien sera bientôt identifiée comme une des nouvelles causes de la flambée des prix de l’immobilier à Vancouver. En fait, c’est déjà le cas à Whistler et dans les provinces maritimes où elle contribue à la relance des transactions.

Qui peut résister à un rabais de près de 35% sur le prix d’une propriété en bord de mer ou à flanc de montagne ? Certains Américains fortunés y succombent. Pensez-y bien ! Là où ils auraient dû débourser 1 350 000 dollars il y a un an à peine alors que le dollar canadien était à peu près à parité avec le dollar américain, la même propriété ne coûtera aujourd’hui que 1 000 000 de dollars soit une aubaine irrésistible !

Il faut aussi continuer de compter avec les investisseurs chinois qui, face à la crise boursière dans leur pays, seront encore plus enclins à investir une partie de leur fortune dans l’immobilier vancouvérois à l’abri des aléas de leur économie nationale. Il faut se rappeler que la République populaire de Chine est un pays communiste, dont à peu près tous les rouages économiques sont dictés, manipulés et appliqués par le gouvernement central. Quand il s’y exerce une correction majeure du marché comme on a vu il y a quelques semaines, c’est que le gouvernement a décidé de revoir la valeur du yuan à la baisse et qu’il a déclenché une vente en catastrophe des titres sur son marché boursier, où il détient une grande partie des titres des compagnies qui y sont inscrites. On expliquait il y a quelques mois dans la presse internationale que l’engouement des Chinois pour leur marché boursier n’est pas vraiment motivé par leur confiance dans leur économie florissante, mais aussi et parfois surtout parce que les jeux de hasard y sont interdits et que de jouer à la bourse, sans vraiment en comprendre les rouages et les risques, est un succédané irrésistible.

Une belle propriété vancouvéroise. | Photo par Thomas Milne

Une belle propriété vancouvéroise. | Photo par Thomas Milne

Examinons aussi comment et pourquoi les « Snowbirds », ces retraités migrateurs canadiens qui vendent à profit leurs résidences secondaires aux États-Unis profiteront, eux, de la faiblesse du dollar canadien. Pour bien comprendre il faut retourner en 2008 quand la crise économique américaine a été causée par l’éclatement de la bulle immobilière déclenchée, elle, par l’effondrement du marché des prêts hypothécaires à risque. Des centaines de milliers d’Américains ont alors perdu leurs maisons, reprises par les institutions financières qui s’empressaient alors de les remettre sur le marché à des prix de vente de feu pour tenter de récupérer le plus de capital possible. En même temps, le dollar canadien se maintenait à peu près à parité avec le dollar américain, le surpassant même pendant quelques mois. Il n’en fallait pas plus pour que ces retraités migrateurs canadiens futés à la recherche de bonnes affaires se ruent sur ces aubaines irrésistibles. Ils ont été des milliers à acheter des résidences secondaires.

La faiblesse du dollar canadien, une des causes de la flambée des prix de l’immobilier à Vancouver. | Photo par Jamie McCaffrey

La faiblesse du dollar canadien, une des causes de la flambée des prix de l’immobilier à Vancouver. | Photo par Jamie McCaffrey

Par exemple à Phoenix en Arizona, où les prix sont plus abordables qu’en Californie, le prix moyen d ‘une résidence en 2008 y était de 240 000 $ US prix qui chute à 81 000$US en 2009. Les Canadiens s’y ruent. En 2016, le prix moyen est remonté à 190 000$ US. Le calcul est donc facile à faire et l’effet de la faiblesse du dollar canadien est double : le coût de la vie pour un Canadien dont les revenus sont en dollars canadiens vient d’augmenter de 35% et le potentiel de profit sur la vente de sa propriété vient lui aussi d’augmenter de 35%. C’est le moment de vendre ! Ce Canadien migrateur peut donc rentrer chez lui avec 190 000 $ US en poche, soit plus de 255 000 $ CAD. (S’il était propriétaire à Palm Springs en Californie, il rentrerait avec 425 000 $ US en poche). Voici donc un autre groupe d’acheteurs potentiels qui a, lui, des centaines de milliers de dollars à investir…sans doute dans l’immobilier. Alors il ne restera qu’à vendre sa résidence principale au Canada, de combiner ses avoirs et de venir s’installer à Vancouver. Mais, au moins, là il y a de fortes chances qu’il sera un résident permanent.

Pendant ce temps, le maire de Vancouver, Gregor Robertson, vient d’offrir au gouvernement fédéral 20 terrains, dont la ville est propriétaire, d’une valeur de 250 millions de dollars pour l’encourager à investir 500 millions sur
5 ans dans le but de construire 3 500 unités de logement abordables pour alléger la crise du logement, une idée que Jean-Yves Duclos, le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social trouve intéressante.

À suivre : la prochaine flambée des prix sur le marché des condos et des maisons de ville !