La politique et le surf

Le 11 février dernier, la présidente du NPD, Rebecca Blaikie, a largué une bombe sur la scène politique fédérale. En entrevue, Madame Blaikie a déclaré que le chef de son parti, Thomas Mulcair, devra obtenir l’appui d’au moins 70% des militants s’il souhaite diriger le parti pour l’avenir. Selon elle, c’est le seuil minimal qui lui conférerait l’autorité morale de demeurer en poste.

Depuis, M. Mulcair garde le silence sur cette question. Il s’est contenté de déclarer que « le seuil minimal est le meilleur résultat que je serai en mesure d’obtenir » (The right number is going to be the best number I could possibly get).

Thomas Mulcair, chef fédéral du NPD. | Photo de United Steelworkers

Thomas Mulcair, chef fédéral du NPD. | Photo de United Steelworkers

Il faut cependant savoir que M. Mulcair souhaite rester à la tête du parti. Il a signalé son désir dans les semaines suivant la cuisante défaite électorale de son parti, et le rappelle depuis.

Rebecca Blaikie, présidente du NPD. | Photo par Joel Duff

Rebecca Blaikie, présidente du NPD. | Photo par Joel Duff

Un vote de confiance est prévu pour le prochain congrès du parti qui se tiendra à Edmonton en avril prochain. D’ici là, le chef néo-démocrate devra user de tout son charme pour convaincre les membres de son parti des mérites de son leadership.

Nous aurons assurément l’occasion de revenir sur l’avenir de M. Mulcair à l’approche du congrès.

De manière précise, les six derniers mois en politique canadienne sont un rappel éloquent de comment un chef politique doit non seulement savoir surfer sur la vague, mais aussi faire sa vague.

On se rappellera qu’une vague orange avait déferlé sur le Québec lors de l’élection fédérale de 2011. Les analyses réalisées depuis montrent que cette vague avait été largement créée par Jack Layton, l’ancien chef néo-démocrate. C’est dire que M. Layton avait d’abord fait sa vague, et l’avait ensuite surfée jusqu’au scrutin.

M. Mulcair fut élu à la tête du NPD en 2012, suite au malheureux décès prématuré de M. Layton. Au départ, le nouveau chef a été très bon surfeur. M. Mulcair a su surfer sur la vague orange initiée par son prédécesseur avec succès.

Il n’est pas anodin de rappeler que le NPD avait la cote dans les sondages lors du coup de départ de la dernière élection fédérale en août 2015. Le parti a d’ailleurs trôné en tête des intentions de votes durant les cinq ou six premières semaines de la campagne. M. Mulcair et son parti semblaient surfer vers une victoire historique.

Or, la vague orange s’est épuisée… ou plutôt, M. Trudeau a su faire sa propre vague « plus droite et parfaite », pour reprendre la terminologie du monde du surf. Et on connaît la suite : M. Trudeau et son parti ont été portés au pouvoir par cette nouvelle vague rouge.

Quelle leçon en tirer ? Que M. Mulcair peut lui aussi faire sa vague. S’il n’a pas réussi à surfer la vague orange jusqu’à la victoire en octobre dernier, le chef néo-démocrate peut néanmoins viser à faire une nouvelle vague, en vue du prochain congrès du NPD. Une nouvelle vague orange lui permettra peut-être de rencontrer le seuil minimal établi par Madame Blaikie et de demeurer à la tête du parti.

 

Rémi Léger est professeur en sciences politiques à SFU.