Quand la pollution atmosphérique étouffe le tourisme

La pollution atmosphérique à Beijing. | Photo par Static6, Flickr

La pollution atmosphérique à Beijing. | Photo par Static6, Flickr

Suite aux Jeux olympiques d’été de 2008 de Pékin, les autorités chinoises ont élaboré des mesures visant à faire de la capitale un haut lieu du tourisme international. À partir du 1er janvier 2013, un voyageur aérien qui transite par Pékin peut séjourner 72 heures dans cette ville sans devoir être détenteur d’un visa obtenu au préalable.La ville s’attendait à une forte hausse d’arrivées de touristes. Mais en fait, le nombre des arrivées a baissé de 10% pour l’ensemble de 2013. La raison est simple, les images télévisées de cette ville enveloppée d’un brouillard toxique font fuir les touristes.

Il ne s’agit pas d’une exagération médiatique. En 2013, la concentration de microparticules de type PM 2,5 (les plus nocives) a atteint 40 fois le taux maximum recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Depuis, les lieux touristiques dans la région de la capitale chinoise démontrent, chiffres à l’appui, le désamour des visiteurs étrangers. Les compagnies multinationales affirment également qu’elles ont de plus en plus de mal à faire venir des cadres dans les grandes villes de Chine car ces expatriés, en dépit des hauts salaires, hésitent à installer leur famille dans un smog mortifère. Le problème n’est pas unique à Pékin. Lors de mon dernier passage à Hong Kong, je suis retourné au sommet de la grande colline d’où je m’attendaisà admirer, à nouveau, le port et l’immense paysage urbain. Déception ! Ondistinguait à peine Kowloon dans un épais nuage brunâtre qui, me dit-on, recouvre de façon quasi-permanente l’ensemble des immenses villes de l’embouchure de la rivière des perles.

Le gouvernement chinois a annoncé des mesures de grande ampleur pour améliorer la situation. L’exemple de Mexico indique que cela est faisable. Cette ville était perçue comme étant la capitale mondiale de la pollution atmosphérique dans les années 80. Le gouvernement mexicain a fait fermer les usines les plus polluantes, remplacé les vieux bus au diesel par des véhicules électriques et au gaz naturel, fait la chasse aux vieilles bagnoles, planté des arbres et ouvert des pistes cyclables. La capitale mexicaine n’est pas devenue un paradis écologique, mais les choses se sont nettement améliorées. La même chose est possible en Chine, mais, vu l’échelle du problème, ce ne sera pas facile. En février 2015, seules 8 des 75 grandes villes du pays étaient en dessous du taux maximum de pollution atmosphérique fixé par le gouvernement central.

Les touristes qui craignent pour leurs poumons lors d’un voyage en Chine ne devraient même pas songer à un voyage en Inde. En effet, New-Delhi est bien pire que Pékin en ce qui concerne la qualité de l’air, et Calcutta n’est guère mieux. Selon l’OMS, 13 des 20 villes les plus polluées au monde se trouvent en Inde. Le problème provient non seulement des véhicules, souvent vieux et très polluants, mais aussi des millions de feux utilisés pour faire la cuisine. Ceux qui manquent de bois ou de bouse de vache séchée n’hésitent pas à brûler toutes sortes de déchets, plastique inclus. Si l’on ajoute à cela l’utilisation massive de charbon à travers le pays, on comprend pourquoi l’air est irrespirable. Certes, si des millions de gens arrivent à survivre dans cet enfer environnemental, année après année, un touriste peut bien y passer quelques jours. S’il ne souffre pas de problème respiratoire, c’est sans doute vrai.

Mais ça ne résout pas la question de l’image de ces villes. Quand Paris a connu un bref épisode de smog extrême, l’industrie touristique s’est tout de suite inquiétée de l’impact de ces images sur la réputation de la ville, même si ça n’a rien de comparable à la gravité de la pollution de l’air dans les grandes villes d’ Asie. Même ceux qui n’ont jamais été en Asie ont du mal à imaginer Pékin ou Delhi autrement qu’enveloppées dans un brouillard brun et toxique.