Deux peuples, une même réalité

Ellen Schwartz, auteure. | Photo par William Schwartz

Ellen Schwartz, auteure. | Photo par William Schwartz

7 décembre 1941. Des nuées d’avions japonais attaquent par surprise la flotte de guerre américaine à Pearl Harbor, dans l’archipel d’Hawaï. Sous peu, les premières mesures d’internement des Japonais en sol étranger seront entreprises. Pour le Japonais-canadien Kenny Sakamoto, qui souhaite devenir une vedette de l’équipe de baseball Asahi de Vancouver, cet événement indique le début d’un changement radical de son quotidien, et par conséquent, la fin de son rêve. À des milliers de kilomètres de là, les Juifs d’Allemagne vivent en plus grand la même tragédie : l’internement. Voici l’une des nombreuses réflexions qui émergent du tout nouveau roman jeunesse Heart of a Champion de l’auteure vancouvéroise Ellen Schwartz.

Véritable regard historique, Heart of a Champion expose, par la vie du jeune Kenny Sakamoto, la réalité des familles japonaises au Canada à la suite de l’attaque de Pearl Harbor. Ce livre met ainsi en vedette de jeunes Canadiens de descendance japonaise épris de baseball alors que le Gouvernement s’apprête à les déporter à l’intérieur du pays. En parcourant ce récit, nul ne peut s’empêcher de comparer les destinées des Japonais au Canada et des Juifs en Allemagne lors de cette époque difficile.

« On se rappelle qu’à ce moment, des Juifs étaient abattus dans des camps de concentration en Europe, et ce, bien que l’Ouest ne le sache pas encore. Évidemment, ce qui leur est arrivé est infiniment plus grave que ce qui est arrivé aux Japonais-canadiens, Allemands-canadiens ou encore Italiens-canadiens. Mais les deux situations reflètent des attitudes racistes qui permettaient aux Gouvernements de discriminer les minorités qui étaient alors considérées comme étant des ennemis dangereux devant être contrôlés », précise l’auteure Ellen Schwartz.

Mais pourquoi écrire un livre jeunesse sur cette triste époque de notre histoire ? Parce que l’auteure est d’origine juive et que cela a toujours fait partie de sa vie ? Parce que ce qui est en elle émerge lorsqu’elle pense à des personnages et à des histoires ? Peut-être et sûrement toutes ces réponses. Mais madame Schwartz
explique plutôt : « Je suis intéressée par la justice sociale et je veux apporter ces éléments aux jeunes d’une manière qui non seulement les amuse, mais les informe également ».

Naissance d’une idée

C’est la diffusion d’un documentaire portant sur la réputée équipe de Vancouver qui a donné le goût à Schwartz d’écrire sur le sujet, il y a maintenant environ 6 ans. Elle ne connaissait aucunement ce club malgré ses 35 années de vie au Canada. Immédiatement conquise par le sujet et considérant que tout Canadien devait être au fait de cette histoire, elle a décidé d’écrire quelques chapitres. L’idée de situer l’histoire en 1941 coïncide avec la dernière saison des Asahis et le début de l’internement.

« Je veux que les jeunes Canadiens connaissent les Asahis et soient fiers de cette partie de leur histoire – non pas juste du point de vue sportif mais aussi du point de vue civique – puisqu’ils ont été un élément important de la communauté canadienne japonaise. Je souhaite également que les jeunes en apprennent plus à propos de l’internement – ce que c’était pour les familles et pour les jeunes – et qu’ils comprennent que nous devons nous prémunir de ce type d’événements pour ne pas que cela se reproduise », explique l’écrivaine-professeure.

Auteure mais aussi enseignante

Auteure d’une quinzaine de livres jeunesse, d’un livre pour adulte et de plus de 12 articles de magazine, Ellen Schwartz n’est pas à son premier roman abordant les Japonais et le baseball. Elle précise : « J’aime le baseball, bien que je ne joue pas. Les sports en général, le baseball en particulier, se prêtent à des histoires. D’ailleurs, j’ai déjà écrit un roman Stealing Home, au sujet de Jackie Robinson, qui a été le premier joueur de baseball Afro-américain à jouer dans les ligues majeures ».

En plus d’écrire, madame Schwartz enseigne également l’écriture créative à l’Université Simon Fraser et au Collège Douglas. Déjà deux autres romans sont en préparation, dont la sortie de l’un, abordant indirectement l’internement, est prévue en 2017. Des histoires tout aussi intéressantes que celle de Kenny Sakamoto qui plonge le lecteur dans les années 40 ici à Vancouver seront à découvrir.