Le flamenco 2.0 débarque sur la côte ouest « ¡olé ! »

Spectacle táctil. | Photo par David Cooper

Spectacle táctil. | Photo par David Cooper

 

Les 17 et 24 avril prochains, le spectacle táctil nous invitera à la découverte d’un flamenco expérimental, innovant, et pluridisciplinaire. La voix du flamenco contemporain ira chercher ses racines dans l’intégrité du passé tout en incarnant un lien dynamique, voire progressiste, avec notre société moderne et multiculturelle.
Entretien exclusif en français avec Andrea Williams, danseuse, chorégraphe, conceptrice du projet táctil et créatrice de la compagnie Raices y Alas Flamenco.

La Source : Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes, et nous expliquer votre lien avec le flamenco ?

Andrea Williams : Question difficile ! Reste à dire que le flamenco est un art sans frontières, qui ne pose aucune limite d’âge ou de conception, mais qui exprime toutes les émotions humaines à partir du jeu entre les musiciens et les danseurs. Dans ma vie, c’est le médium qui me permet de m’exprimer de façon la plus honnête, je me mets à poil émotionnellement devant le public. C’est un art qui demande beaucoup ; il faut être artiste, intellectuel, et athlète en même temps.

Terre-Neuvienne d’origine, j’ai commencé mes études de flamenco ici au Canada (St. John’s, Vancouver), et je suis devenue membre de la compagnie de danse « Mozaico Flamenco Dance Theatre » à Vancouver en 2004. En 2009, j’ai reçu une bourse du Conseil des arts du Canada pour poursuivre mes études en Espagne. Lors de mon retour, j’ai fondé la compagnie « Raíces y Alas Flamenco ». À Vancouver, je suis professeur de flamenco à Al Mozaico Flamenco Dance et Debbie Lee Dance Company.

 

L. S. : Décrivez-nous le spectacle táctil ?

A. W. : táctil est à la recherche du son – comment le crée-t-on ?
Comment les matériaux différents comme le sable, l’eau, le bois ou le métal, sous les pieds d’une danseuse de flamenco changent le son produit et, comment peut-on jouer avec ça ? Nous part0ns du désir de créer de la musique avec notre matériel. Et pour ajouter de la couleur, chaque danseuse travaille avec un musicien différent.

Quatre danseuses, quatre musiciens, quatre matériaux. Soixante minutes de flamenco expérimental et émotionnel.

Les danseuses de flamenco [sont] Andrea Williams, Dayna Szyndrowski, Maria Avila, Michelle Harding.

Et les musiciens ! Oh la la ! Nous avons la chance d’accueillir sur scène Meaghan Williams (contrebasse, musique classique), Liam McDonald (percussion), Jill Russell (flûte), et Krystle Dos Santos (chanteuse).

 

L. S. : Est-il essentiel d’avoir de bonnes bases en espagnol pour comprendre le spectacle ?

A. W. : Non. Le flamenco est une langue universelle. Il faut simplement garder un esprit ouvert, car ce n’est pas simplement une compagnie de danseuses vêtues de robes longues à volants, des fleurs sur la tête avec des castagnettes à la main ! Ces quatre danseuses ont beaucoup étudié la technique et l’art du flamenco traditionnel, mais ont aussi diversifié leurs études en danse classique, contemporaine, claquettes, jazz, arabe, ballet, etc. Elles apportent leur saveur personnelle à leur danse flamenco. Et les musiciens ne sont pas des musiciens de flamenco. On joue avec les préconceptions et les stéréotypes.

 

L. S. : Qui est Raices y Alas ?

A. W. : J’ai fondé en 2010
« Raíces y Alas Flamenco », la seule compagnie de danse flamenco en Colombie-Britannique qui explore une vision contemporaine du flamenco, sans oublier les origines et les traditions de l’art.

 

L. S. : Le flamenco est traditionnellement en relation avec les émotions, la passion. Pensez-vous que cette danse a la même signification au Canada ?

A. W. : Honnêtement, non, je crois que le flamenco au Canada est le résultat du mélange et du travail des artistes qu’on a ici. L’exemple qui résonne le plus pour moi c’est le Japon ; il y a plus d’écoles de danse flamenco à Tokyo qu’il y en a en Espagne. Le flamenco parle de l’esprit humain, ce qui explique sa popularité et sa présence étendue dans le monde !

Pour le public, il est important de comprendre deux choses au sujet du flamenco :

1 : Ce n’est pas la danse classique espagnole « clasicoespañol » avec les volants et les castagnettes. Ses origines sont dans la persécution et la pauvreté des Roma d’Andalousie, tout en regroupant des traditions musicales arabes, africaines (nord) et européennes. En réalité, le flamenco n’est pas beau, même si on retrouve de la beauté là-dedans.

2 : Le flamenco est un peu comme le jazz – la communication est aussi importante que la technique. Entre les membres du groupe, il y a une communication constante, et chaque membre de l’ensemble soutient les autres. Tout comme le jazz, il est parfois difficile de recréer un numéro exactement de la même façon à chaque fois ! Et pour cette raison, il y a une évolution continuelle. Il faut que l’art évolue, sinon il meurt.

 

L. S. : Actuellement, un engouement pour la pratique du flamenco est certain à Vancouver.

A. W. : En Espagne on parle du flamenco comme son meilleur export, malgré le fait que les Espagnols ne l’aiment pas tous !

 

Propos recueillis par Valérie Saltel

táctil

17 avril 2016, 14h au centre culturel Roundhouse à Vancouver
24 avril, 14h au centre culturel Evergreen de Coquitlam.

Le spectacle sera suivi d’un échange avec le public.

Billets www.newworks.ca ou www.raicesyalasflamenco.com

 

Les Canadiens aiment danser !

 

La danse flamenco fait partie des danses dites récréatives en expansion au Canada selon les analyses de l’Institut de recherche canadien du fitness et des styles de vie. Les danses récréatives figurent parmi les 10 activités préférées des Canadiens tous profils confondus. Que ce soient les enfants pour la version ballet, les adultes pour l’entrain des danses de salon,ou les familles pour le retour des danses dites traditionnelles,tous prêtent à la danse un rôle d’interaction sociale, d’éducation et de bien-être.

Cet engouement pour la danse récréative se traduit pour le flamenco par une offre de plus de 20 studios et cafés spécialisés en danse flamenco pour les spectacles et la pratique en Colombie-Britannique ;
par une bourse de 18 000$ attribuée en 2015 par le Conseil des arts de la Colombie-Britannique à la société des arts du flamenco Rosario Ancer ; et par le succès grandissant du festival international de flamenco à Vancouver qui a fêté en 2015 ses 25 ans d’existence.