Pas de tapis rouge pour la langue de Molière  à l’aéroport international de Kelowna

« Le français se distingue bien à l’aéroport international de Kelowna. | Photo de Centre culturelle francophone de l’Okanagan

« Le français se distingue bien à l’aéroport international de Kelowna. | Photo de Centre culturel francophone de l’Okanagan

En janvier 2014, le commissaire aux langues officielles, M. Graham Fraser, lançait, sur internet, une campagne d’information d’une durée de 12 semaines, qui avait pour objectif d’informer les usagers des grands aéroports canadiens sur leurs droits d’être servis dans la langue officielle de leur choix. Deux ans après le lancement de cette campagne de sensibilisation sous l’égide du commissaire aux langues officielles, il semblerait que la réglementation peine à être exécutée dans certains lieux désignés au pays, notamment à l’aéroport international de Kelowna, où la traduction française de certaines informations est offensante, lorsqu’elle n’est tout simplement pas absente.

Cette campagne faisait suite au dernier rapport du commissaire, qui présentait des résultats mitigés, en 2012. « (…) il y a encore beaucoup de place à l’amélioration sur les plans de l’offre active en personne et, pour certaines institutions, de la disponibilité des services dans la langue de la minorité linguistique », était-il inscrit dans ce rapport.

L’aéroport international de Kelowna, corporation membre des aéroports canadiens, est soumis à cette réglementation, car depuis 2014, il aurait accueilli plus d’un million de passagers par an. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que plusieurs traductions françaises sont effectivement présentes dans son enceinte, même si bon nombre d’entre elle sont, hélas ! incompréhensibles.

Photo de Centre culturel francophone de l’Okanagan (CCFO)

Photo de Centre culturel francophone de l’Okanagan (CCFO)

La réglementation régissant les services offerts aux voyageurs dans les deux langues officielles dans les aéroports canadiens est assez spécifique. Cette dernière doit effectivement être appliquée dans tous « les aéroports fédéraux et les administrations aéroportuaires désignées où l’affluence est d’au moins 1 million de passagers par année ».

Tout récemment, le Journal La Source a été rejoint par courriel, à ce sujet, par un membre du personnel du Centre culturel francophone de l’Okanagan (CCFO). La teneur du message visait à sensibiliser la communauté francophone de la province à ces traductions plus que choquantes. Pour justifier son mécontentement, l’employée du CCFO nous a envoyé des photos des erreurs grotesques, dans son courriel. Preuve à l’appui, ainsi, à l’aéroport de Kelowna, « Dernier appel »
est devenu « Appeler Finale ». « Pré embarquement » est devenu « Embarquement Pré ». Pire encore, l’affiche indiquant l’endroit où les membres d’équipage et le personnel de l’aéroport doivent être contrôlés (« Aircrew and Airport staff screening »), est devenu « Le personnel navigant et le personnel de l’aéroport dépistage ». Google Translate aurait fait mieux. Quant à la plaque de la statue rendant hommage aux services rendus par les hommes et les femmes de la vallée de l’Okanagan ayant servi en Afghanistan, elle est tout simplement unilingue…anglophone.

De plus, le magazine officiel de l’aéroport, YLW Connection, est entièrement rédigé en anglais et ne contient de ce fait aucune information ou traduction en français. Il en est de même pour le site internet de l’aéroport. Si l’option « mode français » est bien mentionnée sur la page principale du site officiel de l’aéroport, elle ne fonctionne cependant pas. Le lien renvoie effectivement l’internaute vers une page d’erreur.

Suite à ces invraisemblables découvertes, le membre du personnel du CCFO a donc décidé de déposer plainte auprès du bureau du commissaire aux langues officielles, en automne dernier. Depuis, la situation n’a pas été rectifiée, mais il semblerait que la plainte ait été entendue.

Nous avons rejoint le bureau du commissaire aux langues officielles afin d’en savoir plus sur l’évolution de cette plainte, mais n’avons obtenu aucune réponse de leur part. Il en est de même pour l’aéroport international de Kelowna, qui a ignoré nos nombreuses demandes de clarification.

En janvier 2010, une affaire similaire s’est déroulée autour de l’aéroport d’Halifax, suite à une vérification effectuée par le commissariat aux langues officielles (CLO), entre septembre 2007 et mars 2008 dans cet aéroport. Cette vérification portait principalement sur la gestion du programme des langues officielles mis en place afin que les voyageurs puissent communiquer et recevoir des services dans les deux langues officielles, selon l’article 23 de la Loi sur les langues officielles. Par la suite, un rapport de vérification a été rédigé, mettant en exergue neuf mesures devant être rectifiées par l’aéroport.

En juillet 2013, le Commissariat a mené à terme le suivi des mesures qu’il avait recommandées trois ans auparavant. Sur ces neuf recommandations, seules trois d’entre elles ont fait l’objet d’une mise en œuvre satisfaisante. Cinq ont été partiellement mises en vigueur et l’une d’entre elles n’a simplement pas été activée.

A quand le tapis rouge pour les francophones en partance ou qui débarquent à l’aéroport international de Kelowna ? Si l’on se fie aujourd’hui aux traductions calquées sur celles du sieur Google Translate ce n’est sûrement pas encore à l’ordre du jour.

Pour consulter la liste complète des services réglementés dans les aéroports, veuillez vous rendre sur le site internet du commissariat aux langues officielles :

www.officiallanguages.gc.ca/aeroports/