Quand le cinéma sauve des vies

La côte sauvage de l’Afrique du Sud. | Photo de The Shore Break

La côte sauvage de l’Afrique du Sud. | Photo de The Shore Break

Du 8 au 10 avril se tiendra la 6e édition du VSAFF, le Vancouver South African Film Festival. Premier festival de cette envergure en soutien à l’Afrique du Sud à Vancouver, il est entièrement bénévole et l’intégralité de ses recettes sont reversées à l’association Education without Borders. La Source est partie à la découverte des créateurs de ce projet original dont le succès est grandissant.

Naissance d’une idée

David Chudnovsky et sa conjointe Ruth Herman sont des amoureux de l’Afrique. Ils y voyagent régulièrement depuis 1994. En 2010, ils partagent à Vancouver un dîner avec Ruth et Cecil Hershler, les créateurs de l’association Education without Borders, pour l’éducation des enfants défavorisés du sud de l’Afrique. Une conversation anodine sur le cinéma mènera à l’idée exaltante que des films pourraient lever des fonds en faveur d’œuvres de charité.

L’idée du festival est ainsi née avant la fin du repas, sous l’impulsion de ces quatre cofondateurs. « Dès le début, nous voulions ce projet 100 % bénévoles avec une réversion intégrale des recettes à Education without Borders », explique David Chudnovsky. Par ailleurs, le festival souhaite aussi promouvoir la culture sud-africaine en montrant au public vancouvérois les multiples facettes de ce pays. « Cette société sud-africaine est en même temps inspirante, compliquée, belle et parfois même horrifiante, et c’est ce que nous voulons montrer ».

Un succès croissant

David Chudnovsky nous l’assure. « Deux choses merveilleuses sont arrivées. Tout d’abord, nous avons construit un public. Ensuite, nous recevons sans cesse des soumissions, au moins une fois par semaine nous sommes sollicités, alors qu’au début c’était un gros travail de trouver des films pour la programmation. »

L’assistance est composée de personnes originaires de l’Afrique du Sud qui souhaitent se rattacher à leur culture de naissance. D’autres sont des cinéphiles, « qui veulent savoir ce qui se passe dans le monde du cinéma et à l’étranger ».

L’un des autres indicateurs de cette croissance s’établit clairement au niveau financier. Les fonds levés sont en hausse. Près de 100 000 $ recueillis lors de l’édition de 2015 contre moins du quart lors de la première édition en 2011. Les recettes sont la somme des entrées et des dons. Les chiffres ne sont pas précis, mais près de 15 000 visiteurs ont fait le déplacement en 2015, et au moins autant sont attendus pour cette année.

Choix de la programmation

« Nous avons des films vraiment géniaux cette année », s’extasie David Chudnovsky. Treize œuvres sont présentées. Le festival ne disposant que d’un seul écran, le nombre de films entrant dans la sélection se fait en connaissance de ces limites techniques. Il faut que tous les visionnages puissent être diffusés en trois jours, du vendredi soir au dimanche soir.

Le processus de sélection est donc draconien, et répond à plusieurs mots d’ordre : les films doivent être « bons, divertissants et informatifs ». « Ils doivent dépasser le stéréotype sud-africain. À quoi ressemble la vie là-bas ? Quelle est la culture ? Comment vivent les gens ? Nous voulons établir une vision réaliste d’un endroit complexe plutôt que de nous cantonner à une vision simpliste », explique le cofondateur.

L’un des mandats du festival est également de démentir les idées reçues. « On entend beaucoup d’histoires à propos de l’Afrique du Sud », reprend David Chudnovsky. « Ce sont des stéréotypes. Et notre mission est d’informer et de divertir les personnes pour les amener à comprendre un peu mieux cette société. »

Gros plan sur la sélection de cette année

Deux films attirent particulièrement la lumière des projecteurs. Le festival a pour tradition de proposer un film d’un pays africain autre que l’Afrique du Sud. L’Éthiopie remporte cette année la palme avec Difret, coproduit par Angelina Jolie. Le long-métrage s’inspire d’une histoire vraie, celle de la réalité des jeunes femmes éthiopiennes qui se font enlever, violer et marier de force. L’histoire commence après le refus d’une jeune femme de cette tradition et montre le point de rupture entre coutumes et modernité, le difficile fonctionnement de ces deux réalités et le choc de leur affrontement.

Le second, The Shore Break, est un documentaire projeté lors de la soirée d’ouverture du vendredi 8 avril. À l’heure actuelle, dans la côte sauvage de l’Afrique du Sud, la communauté Amadiba lutte activement contre un projet d’exploitation minière sur leur terre ancestrale. Les images de ce film sont magnifiques, mais au-delà de cela, il parle d’un sujet qui fait écho à certaines situations rencontrées par les Premières nations, ce qui pourrait d’autant plus émouvoir le public canadien. Pour information, le dirigeant du mouvement de contestation a été assassiné fin mars 2016, ce qui n’est pas un hasard et qui met en valeur l’actualité de ce documentaire et des problèmes urgents qu’il soulève.

La soirée d’ouverture sera suivie d’un gala, à ne pas manquer si vous souhaitez vous divertir, tout en approfondissant votre culture et en soutenant les bénévoles du festival et leur projet caritatif.

 

Vancouver South African Film Festival

Du 8 au 10 avril

Au Goldcorp Centre for the Arts, SFU Woodward’s, 149 rue Hastings Est

Entrées à partir de 15 $, tarif préférentiel pour le visionnage de plusieurs films