La liberté d’être soi-même

Photo par Mikey G., Flickr

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On dit souvent que Vancouver est une ville plurielle et que les Canadiens sont polis et aimables. Tout cela est vrai mais, encore plus, originaire d’Allemagne j’ai toujours senti que les Vancouvérois, quelle que soit leur origine, étaient des gens accueillants, ouverts et sans préjugés. Ayant vécu ici un temps, j’ai noté à quel point cela était exceptionnel. Une fois reparti on se rend compte que ces caractéristiques sont vraiment particulières.

En novembre dernier, je sortais avec des amis. Comme de coutume c’était un de ces samedis soir animés à Yaletown. Nous nous promenions le long de la rue Hamilton lorsqu’un touriste, un Américain comme il s’est avéré, nous a demandé le chemin. Je l’ai renseigné, il m’a remerciée en ajoutant qu’il avait remarqué mon accent étranger et il m’a demandé d’où je venais (au fait, je suis Allemande). Cela peut sembler bien peu. Il était poli et je suis convaincue qu’il n’avait pas de mauvaises intentions et pourtant je demeurais perplexe. Je n’avais pas l’habitude d’être étiquetée comme étant une étrangère. Je ne pouvais m’empêcher de penser : « Si tu vas demander la même chose à chacun dans cette ville qui a un accent étranger, alors tu seras bien occupé, mon ami. »

Lorsque quelqu’un attire l’attention sur une des caractéristiques qui vous distingue de la norme (apparente) ou de la majorité, il est probable que vous vous sentiez exclus. Ayant vécu à Vancouver pendant presque un an, je savais que ce « standard » n’existait pas chez tous. Je ne veux pas dire que c’est typique d’un Américain – j’ai rencontré plusieurs exemples de ce type en Allemagne – et ce n’est certainement pas une qualité intrinsèque. Mais quand même, c’était là une toute autre manière de penser, contraire à celle dont j’avais eu l’habitude, ici à Vancouver, tout au long de ces mois.

Dès le départ il m’a paru évident qu’à Vancouver on ne traitait pas les gens différemment à cause de leur apparence, de leur façon de parler ou d’agir. Lorsque je me rappelle cet incident, je me souviens de ce que j’ai lu pendant mes études anglaises: la société américaine serait un creuset culturel alors que la communauté canadienne est plutôt vue comme une mosaïque. C’est une bonne chose; en effet les gens sont différents et c’est très bien. Aucun besoin de se confondre; restez tels que vous êtes.

J’ai toujours senti que la communauté plurielle de Vancouver tient à cœur l’individualisme, que nous parlions de race, de sexualité, d’identité de genre ou de croyances. Quant aux accents, à Vancouver vous allez entendre des accents étrangers partout à travers la ville et c’est normal.

L’anglais parlé ici, qu’il soit maternel ou non, avec tous ces accents que l’on entend autour de soi, me semble la norme. C’est ce qui fait la particularité de Vancouver et c’est ce qui m’a le plus frappée, lors d’une visite à New York l’automne passé (ville que j’adore, je souligne) :
le manque de diversité dans leur façon de parler.

Je n’oublierai jamais un soir où je sortais avec des amis, et mon propriétaire m’a encouragée à rencontrer « des gars gentils », ajoutant, « ou filles »
comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Ce qui l’est, à Vancouver. Originaire d’un petit village en Allemagne, j’ai été abasourdie par ce commentaire. L’Allemagne est un pays où le parti au pouvoir approuve officiellement la famille traditionnelle – père, mère, enfant – et ou certains membres du parti dénoncent l’inclusion de la diversité sexuelle au programme scolaire, rejetant ainsi les couples de même sexe. L’Allemagne, où les couples de même sexe ne peuvent toujours pas se marier. Et mon propriétaire religieux de Vancouver s’en fiche.

Après un séjour d’un an à Vancouver, je me rends compte que la ville offre un des plus grands dons : Vancouver vous donne la liberté d’être vous-mêmes.