Une invitation au partage

Que vas-tu faire à Vancouver ? C’est la question à laquelle j’ai dû répondre durant les mois qui ont précédé mon départ de France. J’ai initialement choisi de m’y installer pour les raisons suivantes : la langue parlée, un centre urbain dense cerné par la nature et des préoccupations environnementales affirmées. Vancouver a la réputation d’une ville offrant une grande qualité de vie, récemment classée par l’Economist Intelligence Unit parmi les dix plus agréables au monde.

Partage de la richesse culturelle.

Partage de la richesse culturelle.

Je sais maintenant que Vancouver est plus que cela. Ce qui caractérise avant tout une ville ce sont les personnes qui y vivent, y travaillent et y interagissent créant ainsi son tissu social. La ville accueille une population d’origines diverses mais avec moins de préjugés et de phobies qu’ailleurs. Elle est l’un des centres urbains les plus cosmopolites du Canada, 44 %1 de ses résidents ayant une autre langue maternelle que l’anglais. Très souvent, vous prenez conscience de cela dans les transports en commun.

La dernière fois que j’ai pris le bus, je lisais un livre en français à côté d’un homme qui téléphonait en espagnol. Deux femmes discutaient en mandarin quand trois jeunes Japonaises sont montées quelques arrêts plus loin. La métropole du Pacifique est à l’image de ce bus. Quotidiennement, vous entendez parler espagnol, français, mandarin, russe, coréen… Ici, mon accent ne surprend personne, au contraire, il suscite intérêt et dialogue. Il en va de votre nationalité et de vos origines comme de vos convictions religieuses, votre orientation sexuelle ou encore votre apparence. Ici, il semble qu’on cultive les différences, et l’intégration de nouveaux arrivants au corps social se fait spontanément.

Ce consentement au partage d’un même territoire et à la diversité culturelle, apanage des sociétés prospères, souvent fragile, est si intrinsèquement lié à l’histoire du Canada, et plus récemment à celle de la cité de l’ouest canadien, qu’il ne fait nul doute de son caractère pérenne. Et pour cause, c’est de cela qu’elle tire sa richesse et sa grandeur.

Cette diversité de populations et de langues combinée à la croissance économique qu’elle connaît ont pour conséquence directe une offre d’activités culturelles extrêmement diversifiée et de qualité. Agréable surprise car en Europe, Vancouver n’est pas particulièrement réputée pour sa vie culturelle à l’instar de New York. Les centres communautaires d’art et de loisirs comme les grandes institutions culturelles et les différents festivals de la ville, tous, sans exception, prêtent une attention particulière à la diversité des publics et adaptent leur programmation à ses habitants. La bibliothèque publique propose par exemple des ateliers en langue française ou chinoise. L’existence de lieux comme le centre culturel italien et d’évènements comme le Japanese Canadian Festival et le festival des Rendez-vous du cinéma québécois et francophone atteste de l’importance des différentes communautés qui vivent ici.

La ville offre ainsi un programme riche et extrêmement varié. De quoi démentir les propos d’un collègue qui, à tort, m’avait avisée que je m’y ennuierai certainement. Au contraire, il m’est physiquement impossible de voir tout ce qui m’intéresse tant le choix est grand.

Vancouver semble avoir trouvé un équilibre solide dans la diversité et le partage où l’art et la culture, ferments essentiels de l’identité et de la cohésion sociale, y jouent un rôle prépondérant.

Ainsi, en Colombie-Britannique, quand le soleil descend et que je suis assise à English Bay sur le bord de mer animé, observant au loin, la lumière rouge au-dessus de l’île de Vancouver et que je sens toute cette ville éclectique s’étendre jusqu’aux montagnes à l’est et toute cette nature vibrante qui s’y épanouit, tous ces gens qui y rêvent et partagent son immensité, alors je me dis que je suis simplement venue vivre à Vancouver.

1 Statistiques du gouvernement canadien, recensement 2011.