À la plage, coup de balai contre les mégots

Depuis une dizaine d’années, l’antenne locale de l’organisation mondiale Surfrider Foundation, regroupant des amateurs d’activités récréatives en mer, agit pour réduire le nombre de déchets qui s’accumulent sur les plages de Vancouver. Les mégots de cigarettes abondent parmi ces débris, lesquels constituent une source de pollution du milieu marin et un danger pour les humains. Aperçu sur un combat qui commence par le nettoyage.

Indispensables pour garantir une propreté impeccable, le balai, la serpillière et l’aspirateur sont des outils improbables pour faire le ménage du littoral marin. Sur le sable mou et les rivages caillouteux, un simple seau et des gants hygiéniques s’avéreront les ustensiles les plus efficaces pour ramasser le nombre considérable de déchets qui trônent sur les plages d’une ville telle que Vancouver. Cela est bien connu par les bénévoles participant une fois par mois aux nettoyages de plages organisés par Surfrider Foundation Vancouver. En 2015, et après des interventions sur toutes les plages de la ville, cette organisation à but non lucratif a collecté et classé plus de 6 300 déchets. Les mégots de cigarette représentaient 60 % de ces ordures en bord de mer.

Surfrider Foundation Vancouver est une association entièrement formée par des bénévoles. Ici, photo de groupe après une séance de nettoyage. | Photo de Surfrider Foundation Vancouver

Surfrider Foundation Vancouver est une association entièrement formée par des bénévoles. Ici, photo de groupe après une séance de nettoyage. | Photo de Surfrider Foundation Vancouver

Des déchets non biodégradables

Si fumer à la plage est interdit depuis 2010, à la suite d’un règlement adopté par le Conseil de gestion des parcs de Vancouver, l’abondance de mégots laisse entendre que plage et tabac vont toujours de pair pour certains. « Il faut du temps pour changer les normes sociales autour de l’usage du tabac », estime Christina Tonella, directrice du programme de réduction du tabagisme du Vancouver Coastal Health. « Le problème, c’est que les gens n’associent toujours pas les mégots à un déchet », regrette Jack Boomer, le directeur de la Clean Air Coalition of BC, une alliance d’associations de santé.

Les ravages environnementaux provoqués par les cigarettes sont, en effet, un enjeu majeur chez Surfrider. Depuis des mois, l’organisation consacre des efforts à rappeler la non biodégradabilité des mégots, lesquels sont faits d’acétate de cellulose, un plastique dont la décomposition peut prendre 25 ans. Sous le mot d’ordre
« Tiens-toi à ton mégot » (Hold on to Your Butt), la campagne de Surfrider sensibilise aux dangers liés à l’entrée en contact de ces détritus avec l’océan et explique comment ceux-ci, après avoir répandu dans l’eau des substances chimiques ou avoir été ingérés par des animaux marins, risquent fort de s’intégrer à la chaîne alimentaire humaine.

Près de 795 mégots ont été collectés lors du dernier nettoyage à la plage Habitat Island. | Photo de Surfrider Foundation Vancouver

Près de 795 mégots ont été collectés lors du dernier nettoyage à la plage Habitat Island. | Photo de Surfrider Foundation Vancouver

Fidèle à sa vocation de « ne pas se limiter à dire non mais de proposer des alternatives », Surfrider Foundation Vancouver plaide en même temps pour que la législation de la Colombie-Britannique introduise une consigne sur les mégots de 0,05 $ par cigarette. « L’idée serait que si tu ramènes ton mégot afin qu’il soit recyclé, on te rembourse l’argent », indique son président Matthew Unger. Une mesure comme celle-ci rejoindrait le système de recyclage qui existe déjà à Vancouver, où depuis 2013, il est possible de déposer des mégots dans des réceptacles, mais sans contrepartie économique.

« Un impact énorme »

Les cigarettes sont le type de déchet le plus répandu sur les plages de Vancouver. Le nombre de mégots récupérés par Surfrider en 2015 est cependant de 40 % inférieur à celui de 2014, ce qui laisse supposer une sensibilisation croissante des citoyens. Pour Matthew Unger, les nettoyages de Surfrider ont un « impact énorme » sur la qualité environnementale des eaux car ils aident à comprendre « à quoi une belle plage propre devrait ressembler ». L’exemple de Wreck Beach, plage nudiste située à l’ouest de Vancouver, est révélateur. Avec plus de 4 000 mégots tous les 100 mètres, Wreck Beach était en 2014 une des plages les plus sales. Frappée par les résultats concluants du nettoyage de Surfrider, la communauté de Wreck Beach a décidé de s’y investir au point qu’en un an seulement, cette plage est devenue l’une des plus propres de Vancouver, avec moins de 400 mégots tous les 100 mètres.

Le prochain nettoyage organisé par Surfrider aura lieu le 16 juillet à la plage de Crab Park, dans le centre-ville de Vancouver. Ce nettoyage sera précédé, le samedi 9 juillet, par le Trash Mob Event, une flashmob dont l’emplacement est gardé secret par les organisateurs. Au cours des prochaines semaines, l’association dévoilera également en conférence de presse de nouvelles stratégies pour veiller sur la propreté du littoral vancouvérois.