Médias sociaux : une addiction communicative ?

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Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp, Skype, LinkedIn et autres médias sociaux, tous ont le pouvoir de connecter les gens entre eux, dépassant les fantasmes technologiques suscités par les années 2000. Depuis une quinzaine d’années, l’influence des réseaux sociaux ne cesse de croître. Allant bien au-delà du quart d’heure de gloire pour chacun, cher à Andy Warhol, ils organisent nos communications, bousculent le rapport à l’autre, à soi-même et à l’information.

Une enquête sur l’état des lieux du numérique au Canada en 2016 réalisée par l’organisme We Are Social, annonce 33 millions d’utilisateurs d’Internet et 21 millions d’actifs sur les réseaux sociaux pour une population de 36 millions. Le Canada est le second consommateur mondial après les États-Unis. Lorraine Bennington, psychologue à Vancouver et Anne-Diandra Louarn journaliste à Radio-Canada, en décryptent quelques éléments de compréhension.

Une influence dans les relations sociales

« Les réseaux sociaux, c’est un univers merveilleux, les contacts sont instantanés », affirme Lorraine, tout en avertissant que ça peut être à double tranchant. Pour les gens en manque de confiance ou ceux qui veulent être en contact avec des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt, la connexion est plus aisée. Pour Anne-Diandra, « c’est le meilleur moyen pour moi de rassembler ma communauté française et canadienne et de voir ce qui se passe dans mes deux pays ». Le flot d’informations est constant, donnant un sentiment d’hyper-connectivité. Pour autant, Lorraine alerte sur le risque d’illusion de connexion. Rien ne remplace la communication réelle : « elle mobilise différents sens tels que l’écoute, la vue, nécessaires pour éviter les malentendus, souvent source de conflits majeurs ».

Lorraine Bennington, psychologue à Vancouver. | Photo de Lorraine Bennington

Lorraine Bennington, psychologue à Vancouver. | Photo de Lorraine Bennington

Facebook et Twitter, formidables moyens de partage en tête, permettent d’échanger instantanément. Pour les moins de 20 ans, le monde n’existe pas sans ces médias sociaux. Ils sont à l’aise et ont peu de filtres dans leur communication. La dérive de ses habitudes est qu’ils deviennent impatients dans leurs relations aux autres, que la frontière entre vie privée et vie interactive s’amenuise. Lorraine remarque que « celui qui ne partage pas peut être vu comme antisocial ». Trois heures 55 par jour sur Internet pour un canadien, une moyenne qui révèle un mode de consommation des rapports de communication et de l’information particulier, pouvant parfois devenir distant vis-à-vis d’un trop-plein d’information quand l’équilibre réalité/interactivité n’est pas trouvé.

Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp, Skype, LinkedIn et autres médias sociaux, tous ont le pouvoir de connecter les gens entre eux, dépassant les fantasmes technologiques suscités par les années 2000. | Photo de idigitaltimes

Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp, Skype, LinkedIn et autres médias sociaux, tous ont le pouvoir de connecter les gens entre eux, dépassant les fantasmes technologiques suscités par les années 2000. | Photo de idigitaltimes

Construction de cet autre soi

La singularité des réseaux sociaux réside dans le développement d’une identité interactive. Poster devient synonyme d’exister. Si pour certains c’est totalement naturel, pour d’autres, c’est une manière de se créer un profil socialement attrayant. Et puisque les réseaux sociaux sont définitivement implantés dans nos vies, il faut apprendre à les utiliser à bon escient. Anne-Diandra emploie Facebook, Twitter, mais avec des rôles définis. Elle concède que « journaliste c’est un peu être une marque ». Twitter est le premier média indispensable chez les journalistes : instantanéité de l’information, possibilité d’appel à témoin, messages concis. C’est un outil professionnel qui lui permet de faire vivre son réseau professionnel à travers son travail. Facebook est davantage personnel, mais avec une portée journalistique pour elle.

La popularité s’exprime par le nombre d’abonnés aux publications. Ainsi, à son arrivée à Vancouver, Anne-Diandra a dû adapter ses publications pour toucher un public canadien sans perdre son auditoire français. En postant des articles sur le Canada avec une portée internationale, ou faisant écho à des problématiques communes aux deux pays, sa « marque journaliste » s’est développée. Le but étant de provoquer la curiosité des gens parmi le flot d’informations. Elle admet que « quand tu dis que tu es journaliste, les gens ont tendance à te suivre aveuglément ». Les médias sociaux représentent un pont entre les journalistes et la société. Chacun peut commenter, interagir. Mais c’est aussi aux gens d’être curieux et de ne pas perdre leur sens critique.

Si des normes en matière de relations sociales, d’accès et de consommation de l’actualité évoluent grâce aux réseaux sociaux et avec eux, cela ne dicte en rien les comportements à adopter. Tout est question d’adaptation et de communication, ce à quoi SFU répond par l’organisation d’un Philosophers’ Café sur le sujet le 7 juillet prochain.

 

SFU Philosophers’ Café
Jeudi 7 juillet à 19 h, False Creek Community Centre

Lorraine Bennington :
www.creativetransformations.ca