Quand les gestes en disent plus que les mots

Tara Cheyenne interprétant Porno Death Cult. | Photo par Wendy D Photography

Tara Cheyenne interprétant Porno Death Cult. | Photo par Wendy D Photography

L’adage dit souvent que les images sont plus fortes que les mots. S’il fallait qualifier la pratique de la danse contemporaine vue par Tara Cheyenne, cette expression lui collerait à la peau tant sa manière de s’exprimer est unique et frappante. S’emparant de l’espace avec pour seuls outils son corps et sa manière de se mouvoir dans des mises en scène sophistiquées, elle fait passer un message poignant sur la société moderne. Elle sera de passage au Roundhouse pour deux représentations les 29 et 30 septembre prochains.

Histoire d’une artiste pluridisciplinaire

Tara est chorégraphe, interprète, éducatrice et directrice artistique. Basée à Vancouver, elle a créé sa propre compagnie Tara Cheyenne Performance et s’est fait connaître cette dernière décennie par son mélange de comédie, de danse physique et dynamique et ses choix de sujet pouvant parfois sembler controversés. Ses travaux ont été nominés plusieurs fois pour des prix prestigieux, parmi lesquels les Jessie. Elle a été notamment récipiendaire du Prix Chrystal Dance en 2014.

Son sujet de prédilection est l’expérience humaine, toujours approchée avec un angle étrange, voire merveilleux. Elle écrit et compose des personnages justes et bigarrés, pense les chorégraphies, interprète elle-même seule sur scène ses différents personnages en leur injectant une bonne dose de comédie, de tragédie et d’humour. Tara Cheyenne cherche avant tout le contact avec son public, et par ce biais, avec la société de consommation (qu’elle se plaît à interroger et à critiquer).

Comme l’explique Tara Cheyenne, elle « souhaite créer des œuvres qui parlent aux gens sur les niveaux d’expérience commune humaine, sur notre propre comportement tragi-comique, et sur nos vies en mouvement. » Elle perfectionne les moindres détails en maîtrisant ses effets de bout en bout. Ainsi, elle accorde une attention toute particulière à « la conception du geste, du texte, du mouvement et du son pour tracer des lignes entre les significations ». Modeste, elle se déclare toujours étonnée quand les retours positifs du public lui confirment qu’elle a atteint son objectif.

À propos de Porno Death Cult

À première vue, ce nom de spectacle est frappant. Passé le premier a priori, l’on s’aperçoit que les choix de noms eux-mêmes sont déjà un engagement de la part de Tara Cheyenne. Une volonté d’être subversive et de faire réfléchir avant même toute entrée en matière.

Avant Porno Death Cult, la chorégraphe avait déjà travaillé sur l’interprétation et la réalisation de pas moins de sept spectacles inédits dont les noms étaient pour la plupart tout aussi originaux : parmi eux How to be ou encore I can’t remember the word for I can’t remember.

« L’idée [de Porno Death Cult] m’est venue alors que j’étais en voyage vers l’Espagne. Je suis allée dans une église et je n’ai pas pu m’empêcher de constater la beauté du Christ sur la croix. » De ce constat lui est restée cette envie de parler « de la beauté de la recherche de l’engagement », que celui-ci soit entendu au sens religieux ou plus vaste.

« J’écris tous mes personnages et je les interprète. Ma pratique s’apparente également à du théâtre puisque j’écris le script et que je parle beaucoup entre les moments de danse », explique Tara Cheyenne pour décrire ce que l’on peut voir sur scène lorsqu’elle joue Porno Death Cult. « Les retours ont été extrêmement positifs pour ce spectacle », déclare-t-elle. « Les gens me disent souvent qu’ils se sont reconnus dans les personnages que j’ai interprétés. »

En plus de cette recherche d’authenticité, Tara Cheyenne admet être particulièrement fière de la musique, avec une bande-son spécialement créée pour ce spectacle : « Si vous aimez les arts visuels, le travail sur la danse et la scène sauront certainement vous charmer. Si vous êtes plutôt touché par la musique, notre sélection est très éclectique ».

Pour ce projet, Tara Cheyenne s’est entourée d’une équipe de spécialistes en décor et en musique et s’est fait assister par le directeur Marcus Youssef. Le spectacle, créé en 2014, revient fort de son succès pour deux représentations au Roundhouse Community Centre. Finalement, ce spectacle ayant plusieurs niveaux de lecture et d’appréciation, si vous êtes également un spectateur curieux et ouvert d’esprit, tentez votre chance !

 

Porno Death Cult :
un spectacle de Tara Cheyenne

Les 29 et 30 septembre au Roundhouse Community Centre (181 Roundhouse Mews)

Entrées de 20 $ à 25 $