Ne pas trop se fier aux apparences

Photo par Dilan Damith Prasanga, Flickr

Photo par Dilan Damith Prasanga, Flickr

Vivre au Canada m’a appris que la notion de « l’acceptation pour tous » n’est pas un concept reconnu et mis en pratique partout dans le monde. Ce n’est pas quelque chose qui me préoccupait quand je vivais au Sri Lanka. Cependant, je n’avais pas non plus imaginé être, un jour, jugée différemment à cause de la couleur de ma peau avant mon installation au Canada.

Je comprends malgré tout la différence avec l’Amérique du Nord. Je n’étais qu’un bébé lors des attentats du 11 septembre 2001. Et pourtant, j’en ressens aujourd’hui les contrecoups lorsque je me présente devant un comité de sélection. Je les subis lorsque je me rends dans le Nord pour visiter ma soeur; je croise aussi des regards sévères dans les banlieues. Je ressens encore ces contrecoups à chaque fois que je me rends à l’aéroport ou en me promenant le long de la rue. Il me faut simplement continuer à garder le sourire.

Pour paraphraser le dicton qui dit qu’on ne sait pas ce qu’on a avant de l’avoir perdu, en effet l’indéniable acceptation de toutes les cultures est louable tant qu’elle ne s’accompagne pas de certaines idées reçues ou préconçues. Cela peut être irritant quand on présume que je suis Indienne ou que l’on me classe parmi les populations dites « brunes » du Sud-Est asiatique parce que, par raccourci « c’est pratiquement la même chose de toute façon ». Et non, ce n’est pas la même chose, parce que je suis une fière Canadienne de descendance sri lankaise. Le pire cas que j’ai connu a été lors d’une visite à Saskatoon avec ma famille l’été dernier. Permettez-moi de vous planter le décor.

Il faisait 31ºC à la mi-août en 2015 et nous revenions d’une visite familiale à Winnipeg. Le voyage était long et, finalement, nous nous sommes arrêtées dans un restaurant. Il y avait l’internet et après avoir roulé des heures durant à côté de champs qui n’en finissaient plus, nous étions enchantées de trouver cet endroit au milieu de nulle part. La serveuse du restaurant nous a présenté des menus avec des choix tels que samosas, biryani et autres mets indiens. J’étais confuse car ce que je désirais c’était ce que l’homme (blanc) à la table voisine avait dans son assiette, un hamburger avec des frites. J’ai attendu dix minutes et j’ai demandé à la serveuse si je pouvais avoir ce qu’il avait. Elle me répond : « Oh, vous vouliez le menu canadien ? ».

En y réfléchissant maintenant, je dois dire que j’en avais un peu fait un drame. La raison principale, en est que je vis dans une ville cosmopolite comme Vancouver. Je ne prétends pas que la diversité n’existe pas à Saskatoon, je suis certaine que si, mais je n’avais jamais vécu une telle situation auparavant.

Disons simplement que, d’un ton assez calme, ma sœur et moi nous sommes expliquées avec la serveuse et le gérant (qui était Punjabi, ce qui m’a laissée encore plus surprise). Puis nous sommes parties manger au Kentucky Fried Chicken Ce qui ne m’a pas remonté le moral.

Ce n’était pas une question de racisme. La morale de l’histoire est simple : la couleur de ma peau ne devrait pas déterminer la façon de me faire servir.

Cette expérience m’a rendue encore plus reconnaissante envers ma vie ici à Vancouver. Nous tenons notre diversité pour acquise mais l’on doit aussi reconnaître que la diversité varie selon l’endroit. Malheureusement, tous ne peuvent pas habiter une ville si riche en cultures telle que Vancouver. La diversité culturelle et l’acceptation sont deux choses dont on ne reconnaît pas pleinement la valeur avant de se retrouver dans une situation où elles ne sont pas si manifestes.

Je peux honnêtement dire que j’ai passé la moitié de ma vie au Sri Lanka et l’autre moitié ici à Vancouver. Et que, décidément, je suis plus qu’heureuse que mes parents aient choisi Vancouver plutôt qu’ailleurs.