Rokia Traoré :  belle voix d’Afrique à Vancouver

Rokia Traoré crée un espace musical contemporain qui exprime avec clarté  la réalité de son pays d’origine. | Photo par Danny Williams

Rokia Traoré crée un espace musical contemporain qui exprime avec clarté 
la réalité de son pays d’origine. | Photo par Danny Williams

Compositrice et interprète originaire du Mali, Rokia Traoré est une artiste francophone reconnue sur la scène internationale pour sa musique éminemment appréciée tant par la critique que par le public du monde entier. En plus de son talent musical, Rokia est une musicienne doublement engagée pour le respect des droits humains auprès des réfugiés avec l’ONU et pour son soutien à la musique comme vecteur de développement du continent africain. 

Chanteuse aux multiples accents et aux expériences de voyage depuis son enfance, elle sera en concert sur la scène du Kay Meek Centre le vendredi 4 novembre prochain à West Vancouver dans le cadre d’une tournée nord-américaine. Rencontre avec une artiste accomplie, femme de ce monde, audacieuse… influente.

La musique pour apaiser les tensions

La création musicale malienne est en pleine effervescence. Comme ses compatriotes, Amadou et Mariam ou encore Fatoumata Diawara, Rokia Traoré crée un espace musical contemporain qui exprime avec clarté la réalité de son pays d’origine.

Dans la pièce Beautiful Africa, elle livre une musique très actuelle aux influences très rock mais toujours personnelles. Être soi-même et l’assumer est une des grandes forces de la chanteuse. Elle affirme : « Le fait d’être un personnage relativement public augmente la portée de mon engagement, de mon amour et de mon respect pour la vie et pour les autres autour de moi ».

Partageant son temps entre l’Europe et le Mali, elle vit toutefois à Bamako. Son sixième album s’intitule Né So, en langue bambara, qui se traduit par chez moi. Elle y parle d’un pays en conflit, du peuple malien que l’on déplace mais n’oublie jamais d’y ajouter beaucoup d’amour et de compassion. Elle déclare : « Le Mali, l’Afrique sont ma base, mais le monde et l’actualité m’intéressent. L’Afrique et le Mali sont aussi actuels, sans même devoir le montrer. Je pense que c’est cette image actuelle et dynamique que je représente à l’instar de toute une génération ».

La musique malienne évolue très vite et fait évoluer les traditions pour qu’elles demeurent culturellement pertinentes. Elle colle à la peau de Rokia et celle-ci le fait savoir.

À cœur ouvert !

Photo par Danny Williams

Photo par Danny Williams

« Tout ce que j’ai appris m’a également fait comprendre tout ce que je ne sais toujours pas. Quarante ans, ce n’est pas suffisant pour passer des messages aux jeunes. J’ai encore beaucoup à apprendre de ce monde… La vie, tout ce qui en fait partie m’inspire. Du coup, je n’arrête pas. Je vois des possibilités, des projets en tout et partout. La vie est extraordinaire ».

Sa musique extériorise les tensions émotionnelles. Elle n’hésite pas à nous confier sans détour les problèmes que rencontrent les artistes africains en tournée internationale et dénonce les barrières logistiques qu’elle affronte sur son chemin professionnel. Dans l’entrevue, elle avoue que la préparation de son concert est difficile : « …je ne sais pas ce que nous serons capables d’amener jusqu’au Canada dans un contexte où il devient de plus en plus compliqué pour des artistes africains de venir simplement donner des concerts, montrer leur travail et rentrer chez eux ».

Ce cri du cœur ne lui fait pas oublier que le métier d’artiste est sa vocation. « La vie est faite de mouvements et de rythmes. La manière de percevoir ces mouvements et ces rythmes et d’en faire partie est le destin, la vocation… le métier des artistes. Il est vrai que j’aime percevoir la vie dans ces mouvements et ces rythmes, entendre et voir ce qui échappe à d’autres et enfin, le ressortir, le montrer ».

Comme la braise sur le feu, elle continue les revendications et interpelle sur les faits de la dure réalité du métier. « Je ne sais pas jusqu’à quand il sera encore possible de tenir dans ces conditions financières et administratives extrêmement difficiles, mais cette fois-ci encore nous aurons réussi à mener le spectacle de mon dernier album Né So jusqu’à vous et avec le plaisir de monter sur scène… exercer nos métiers. Nous interpréterons toutes les chansons du dernier album et quelques-unes d’autres albums ».

 

Rokia Traoré

Vendredi 4 novembre

Kay Meek Centre

www.kaymeekcentre.com
www.rokiatraore.net

Billets en vente : www.capilanou.ca ou 604-981-6335